Eglises d'Asie – Chine
Négociations Chine-Vatican : un document récemment parvenu à l’étranger reflète l’inquiétude de l’Eglise catholique “clandestine”
Publié le 18/03/2010
Le document en douze points a été distribué par le secrétariat de l’épiscopat “clandestin” à l’issue d’une réunion qui a eu lieu les 9 et 10 juillet quelque part dans le nord-ouest de la Chine. Les participants étaient, selon des sources de Taiwan, trois évêques, neuf prêtres et plusieurs délégués laïcs venant de neuf diocèses de cinq provinces du pays.
Mettant l’accent sur leur fidélité au pape, les auteurs commencent par déclarer que la nouvelle d’une éventuelle normalisation des relations entre Pékin et le Vatican a provoqué des discussions “véhémentes” parmi eux concernant la conduite à tenir. Ils expriment aussi une certaine inquiétude quant aux résultats éventuels de cette normalisation sur l’avenir de l’Eglise catholique en Chine.
Tout en reconnaissant que les deux parties auront à faire des concessions, les catholiques “clandestins” demandent que le Vatican s’assure de la non-intervention du Parti dans les affaires internes de l’Eglise comme la nomination des évêques. Les propriétés et les bâtiments d’Eglise confisqués par l’Etat doivent être rendus immédiatement et sans condition. La liberté religieuse doit être pleinement appliquée.
On peut aussi noter que l’Eglise “clandestine” exige la dissolution de l’Association patriotique des catholiques et de la conférence épiscopale “officielle” reconnue par le gouvernement. Les évêques qui en sont membres pourraient rejoindre la conférence épiscopale “clandestine”, seule légitime, s’ils remplissent certaines conditions: ils ne devront pas être mariés ou avoir été de trop zélés promoteurs de l’Association patriotique.
Selon Anthony Lam Sui-ki, du centre du Saint-Esprit à Hongkong, spécialiste des affaires religieuses en Chine, le document témoigne de l’inquiétude qui règne dans la communauté catholique “clandestine”. Elle craint que ses intérêts soient sacrifiés par le Vatican dans les négociations avec Pékin. Anthony Lam note que la conférence épiscopale “clandestine” qui s’est constituée en 1989 (5) n’a pas été approuvée formellement par Rome, pas plus que la conférence épiscopale “officielle”. Les évêques “clandestins” ont donc peur que leur statut ne soit plus reconnu à l’avenir.
Anthony Lam estime que le Vatican ne pourra pas ignorer les propositions contenues dans le document pour définir sa politique vis-à-vis de la Chine.