Eglises d'Asie – Chine
RECOMMANDATIONS DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DE CHINE (1) A l’intention du Saint-Siège
Publié le 18/03/2010
le vent remplit la maison”
La nouvelle d’une normalisation éventuelle des relations entre le Saint-Siège et la Chine s’est largement répandue parmi les catholiques de Chine, provoquant de vives discussions au sein du clergé et chez les fidèles. Les évêques catholiques du continent se préoccupent de ces développements car il s’agit d’une affaire d’importance capitale pour les destinées de l’Eglise catholique en Chine. Dans ces circonstances, l’ensemble des évêques du continent (2) soumettent les points suivants à la considération des autorités vaticanes :
1. Nous gardons en mémoire la leçon des effets du concordat français au temps de Napoléon: “le légal devint illégal et l’illégal fut légalisé”.
2. La volte face politique et religieuse de l’ancienne Union soviétique et de l’Europe de l’est a surpris beaucoup de monde. “Quand l’arbre est abattu, les singes se dispersent” : lorsque le pouvoir du Parti communiste s’est effondré, l’Eglise officielle qui s’appuyait sur lui s’est dispersée.
Il n’en va pas de même en Chine. L’établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Chine, c’est en réalité l’établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Parti communiste chinois. Le Parti communiste est toujours au pouvoir en Chine, alors qu’il s’est effondré en Union soviétique et dans l’Europe de l’est. Dans ces pays “le vainqueur jouit de la dignité royale, le vaincu est un brigand” et le Parti communiste n’a plus voix au chapitre. Rien de tel en Chine.
3. En vue d’établir des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Chine, chaque côté doit faire des concessions. Jusqu’où iront les concessions ? Nous ne pouvons le savoir. Mais il faut bien garder en tête que les pirouettes du Parti communiste chinois sont incessantes – “face, c’est du beau temps ; pile, c’est de la pluie”. Il y a trop de cas de parjure, c’est incalculable et incroyable. Au reste le Parti ne veut rien perdre.
4. Séparer religion et politique. Le Parti ne doit pas s’ingérer dans les affaires catholiques, y compris les nominations d’évêques.
5. Dissoudre l’Association patriotique des catholiques et la Conférence épiscopale qu’elle soutient, mais ne pas dissoudre la Conférence épiscopale fidèle.
6. S’il y a des évêques patriotiques qui veulent s’amender et rejoindre la Conférence épiscopale fidèle, il faut leur demander de faire pénitence publique, de reconnaître leurs erreurs puis opérer un discernement parmi eux : éliminer ceux qui se sont mariés, ceux qui ont préconisé activement la politique d’indépendance totale de l’Eglise et les adeptes du double jeu.
7. Redéfinir les limites des diocèses et mettre des évêques fidèles en charge des principaux diocèses.
8. Rajeunir l’âge de la charge épiscopale, les évêques ayant atteint l’âge de la retraite devant démissionner.
9. Le gouvernement doit restituer immédiatement et sans condition les propriétés d’Eglise. Il ne doit pas temporiser. Le Parti communiste a déjà souvent produit des documents de restitution des biens d’Eglise mais sans mise en oeuvre effective. Ces documents sont restés lettre morte. En haut, on parlait clair; en bas rien ne se faisait. C’est ainsi que le travail s’enlisait.
10. L’Eglise catholique doit jouir d’une entière liberté de culte, ce qui comprend les libertés d’évangélisation, d’assemblée de prière et d’instruction religieuse, de formation de futurs prêtres et d’apôtres laïcs, de visites ad limina des évêques, d’échanges avec l’Eglise à l’étranger, des entreprises éducatives, scientifiques, caritatives, médicales, et des publications.
11. Le gouvernement ne doit pas forcer les catholiques à pratiquer l’avortement, car le cinquième commandement de Dieu interdit de tuer (3).
12. Nous traiterons avec la charité du Christ les frères et soeurs qui reviendront de leurs égarements et nous coopéreront avec eux à l’oeuvre du Christ.
30 juillet 1993