Eglises d'Asie

Trente organisations demandent d’abolir le système électoral imposé aux minorités religieuses

Publié le 18/03/2010




Réunis à Lahore le 23 décembre par la commission pakistanaise des droits de l’homme, les représentants de divers mouvements et de minorités religieuses ont demandé dans une résolution commune que le système électoral ne tienne plus compte de la religion et que soient abrogés les codes islamiques dans la législation de l’Etat.

On a abusé de l’islam au Pakistan et les citoyens ont été opprimés au nom de la religion, affirme la résolution, qui formule trois demandes principales : l’abolition des électorats séparés, la suppression des tribunaux de la Shariah et l’abrogation du code pénal islamique (Hudood).

Des militantes parmi lesquelles Alice Faiz, épouse du poète Faiz, Tahira Mazar Ali et Asma Jehangir, ont fait le bilan de dix années d’application du code Hudood qui a aggravé les peines infligées aux femmes.

Joseph Francis, du parti chrétien national pakistanais, a exposé le sort des victimes de la loi du blasphème, citant un cas où l’accusation de blasphème contre trois personnes a forcé vingt familles d’un village à abandonner leurs maisons et à se reloger ailleurs pour leur sécurité.

Le Père Lawrence Saldanha, de la commission catholique de la communication, a montré comment, depuis neuf ans, la communauté chrétienne a été gravement lésée par le système des électorats séparés, qui fait des membres des minorités des citoyens de second rang, écartés de la vie nationale. “Ce système, a renchéri Samuel Azariah, évêque de l’Eglise du Pakistan, a été notre mort politique, à nous chrétiens“. La loi électorale en vigueur impose aux membres des minorités : chrétiens, hindous,etc., de ne voter que pour des candidats qui appartiennent à leur religion et seulement pour pourvoir les quelques sièges réservés aux minorités (9). S’adressant aux musulmans au cours du colloque, le journaliste Nisar Osmani leur a dit : “Vous réclamez en faveur des droits de la minorité musulmane en Inde. Mais vous devez donner leurs droits aux minorités de votre propre pays. Une majorité de 95 pour cent qui a peur d’une minorité de cinq pour cent fait montre de couardise. Ce sont les faibles qui recourent aux armes et à la force. Pourquoi ne pas laisser un processus démocratique décider de la question ?

L’avocat des droits de l’homme Tahira Mazar Ali a appelé de ses voeux un Etat laïque, qui considérerait les religions comme personnelles et leur donnerait un statut d’égalité.

Le président de la commission des droits de l’homme du Pakistan, Asma Jehangir, rappelant que le Parti populaire pakistanais avait promis de mettre fin aux ordonnances discriminatoires, l’a invité à tenir ses engagements. “Les fondamentalistes, a-t-il ajouté, devraient savoir qu’ils ont perdu les élections. Notre société sera-t-elle fondamentaliste ou progressiste ? C’est pour notre pays la question de fond. Chaque citoyen doit y répondre “.