Eglises d'Asie

Des musulmans et des chrétiens étudient ensemble le cadre légal de l’exercice des droits des minorités religieuses

Publié le 18/03/2010




A l’initiative de la commission oecuménique Justice et Paix, une centaine de musulmans et de non musulmans ont participé le 7 janvier, à Karachi, à une journée d’étude consacrée aux dispositions qui régissent la représentation des minorités religieuses dans les assemblées provinciales et à l’assemblée nationale.

Quelques semaines après les élections qui ont de nouveau montré comment le système électoral en vigueur empêche les minorités de participer véritablement à la vie politique nationale (6), la réunion a été présidée par M. Asma Jehangir, président de la commission des droits de l’homme du Pakistan. Deux évêques catholiques et un évêque protestant ont pris part aux travaux.

Mgr Pereira, coadjuteur de l’archevêque de Karachi, a rappelé comment le système des électorats séparés, imposé naguère par voie d’amendements à la constitution, empêche les minorités de faire entendre leur opinion par les voies constitutionnelles. “Nous sommes Pakistanais, a dit l’évêque, nous voulons apporter notre participation et contribuer de manière positive au bien-être de notre pays”.

Le P. Arnold Heredia, secrétaire de la commission “Justice et paix”, a recommandé une méthode. Protester contre “la domination constitutionnelle” que subissent les minorités ne suffit pas ; il faut faire des propositions positives. “Nous devons présenter des formules concrètes et pratiques, capables de permettre aux minorités d’être correctement représentées à tous les niveaux de décision et de jouer leur rôle dans le pays”.

Toutefois M. Makhdoom Ali Khan, juriste spécialiste des questions constitutionnelles, a rappelé aux participants que le système des électorats séparés n’est pas seulement une arme politique, c’est un produit de la constitution, qui est par sa nature théocratique : “Nous avons créé un Etat fondé sur l’islam. Nous nous sommes donc exposés au risque d’être exploités au nom de l’islam”. M.Khan préconise, pour que l’action soit positive, un double vote, les minorités votant à la fois pour des sièges généraux et pour des sièges qui leur soient réservés.

Le président du colloque, M. Jehangir, qui accorde qu’une action positive requiert des sièges spéciaux pour les femmes et pour les minorités, estime nécessaires des changements substantiels : “Si nous voulons, a-t-il dit, que le Pakistan devienne un Etat démocratique, moderne, nous devons en faire un Etat laïc, où l’on ne méprise ni les droits des femmes ni ceux des minorités”.