Eglises d'Asie

Journée de la femme : chrétiennes et musulmanes unies pour revendiquer leurs droits

Publié le 18/03/2010




Le 8 mars 1994, à l’occasion de la journée internationale de la femme, environ deux cent chrétiennes et musulmanes ont défilé ensemble dans les rues de Multan, en demandant que leurs droits soient enfin vraiment reconnus au Pakistan. Parmi les organisations représentées, on comptait le « groupe de Multan pour un dialogue islamo-chrétien », la Conférence diocésaine de la jeunesse catholique de Multan, la commission « Justice et paix » du même diocèse, la commission pour les droits de l’homme du Pakistan, le centre pastoral de Multan.

Au cours de la réunion, une catholique, Mme Nabila Feroz Bhatti, a expliqué : « Ce que nous réclamons aujourd’hui, ce sont les droits des femmes non seulement au Pakistan, mais dans le monde entier ». Elle reproche à la shariah de réduire la femme au rang de citoyenne de seconde zone. Elle cite le code islamique selon lequel le témoignage d’un seul homme musulman équivaut à celui de deux femmes musulmanes ou de deux hommes chrétiens. Quant aux femmes chrétiennes, on les ignore purement et simplement. Selon Mme Bhatti, 85% des femmes détenues dans les prisons pakistanaises le sont en vertu de cette loi.

De son côté, une musulmane, Mme Sadia Malik, se demande pourquoi on oblige les femmes à rester à la maison alors qu’elles sont partie intégrante de la société : « Ensemble, luttons pour nos droits », dit-elle à ses compagnes. Une autre muslmane, Mme Razia Kaneez, parle des femmes au travail : elles n’ont pas le droit de s’organiser en syndicats; leurs salaires sont inférieurs à ceux des hommes et elles doivent subir toutes sortes de violences, sexuelles ou autres, de la part de leurs patrons. Quant à Mme Sheik Gulaz Fatima, elle demande aux hommes de faire confiance aux femmes, y compris au sein de la famille.

La manifestation a connu un véritable succès par rapport à celle de l’année précédente qui n’avait compté qu’une trentaine de participantes.

A Islamabad, un rassemblement organisé par plusieurs organisations non gouvernementales a réuni aussi quelque 200 participantes les 18 et 19 mars 1994. Elles ont réclamé que des sièges soient réservés aux femmes, au parlement ainsi qu’au sénat.

A Faisalabad, une enseignante catholique, Mme Martha Riaz, faisant allusion au prochain recensement, a lancé un appel à toutes les femmes: « Ne laissons pas passer cette occasion de nous faire enregistrer. Nous les femmes, particulièrement, il ne faut pas manquer de nous faire inscrire ».