Eglises d'Asie

Un porte-parole officiel justifie la sévérité du planning familial

Publié le 18/03/2010




Devant la commission de la population des Nations Unies qui vient de commencer sa vingt-septième session, madame Peng Yu, adjointe du directeur du comité national chinois du planning familial, a pris la défense de la politique draconienne appliquée en Chine pour limiter les naissances.

“Cette politique suscite des inquiétudes et nous attire beaucoup de critiques. En Occident les mouvements féministes et les groupes de défense des droits de l’homme accusent notre planning familial d’être entre les mains de bureaucrates. Nous tolérerions les avortements et les stérilisations forcées, qui seraient pratiqués au nom de l’eugénisme ou du progrès de la qualité de la population”.

“Il ne faut jamais perdre de vue, répond madame Peng Yu, le déséquilibre dont souffre la Chine, la pression formidable de son énorme population, en expansion continue, la rareté de ses ressources naturelles. C’est cela qui impose un contrôle démographique sévère. La Chine se bat pour nourrir vingt-deux pour cent de la population mondiale – plus de 1,18 milliard à la fin de 1993 – alors qu’elle ne dispose que de sept pour cent des terres cultivables dans le monde. Une augmentation rapide de la population aurait pour conséquences une réduction sensible des terres arables, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution de l’environnement”.

Selon Mme Peng Yu, la Chine a maintenant 324 millions de femmes en âge de fécondité, qui représentent plus de vingt-sept pour cent de la population. Au taux actuel de croissance de 1,3 pour cent, la population de la Chine atteindra 1,37 milliard en l’an 2004. Sans régulation des naissances, la population chinoise, dans l’hypothèse d’un taux de croissance de 2,4 à 2,6 pour cent depuis 1979 (le taux moyen des Philippines dans la période 1980-1991), dépasserait aujourd’hui 1,4 milliard et arriverait à 1,8 milliard en 2004. Dans l’hypothèse d’un taux de croissance de 2,9 à 3,1 pour cent (le taux moyen du Pakistan en 1980-1991), elle serait aujourd’hui de 1,52 milliard et atteindrait 2,04 milliards en 2004.

“A la différence de l’Europe de la révolution industrielle, ajoute Mme Peng Yu, la Chine ne peut pas compter sur l’émigration vers d’autres continents pour diminuer la pression démographique. Sa population doit vivre à l’intérieur de ses frontières”. La politique chinoise de planning familial, explique-t-elle, vise essentiellement à hâter le développement socio-économique en favorisant des mariages plus tardifs suivis de naissances moins nombreuses, selon la règle générale : “un couple, un enfant”. Cette règle est imposée de façon stricte dans les villes. Elle a été un peu assouplie pour les couples de paysans, reconnaît Mme Peng. On les “persuade” de respecter un délai “convenable” avant une deuxième naissance. Le deuxième enfant est en effet pour les paysans un investissement. Il apporte un surplus de main d’oeuvre dans les champs et, si c’est un fils, une assurance pour la vieillesse ainsi qu’un gage de continuation de la lignée ancestrale.

Qu’en est-il dans les minorités ethniques ? Mme Peng rappelle que les cinquante minorités ethniques de Chine comptent pour moins de dix pour cent de sa population et se situent dans des régions périphériques à population clairsemée. Ces minorités peuvent fixer leurs propres règles de planning familial, “selon les conditions locales”. En pratique toutefois – Mme Peng ne l’a pas précisé – un contrôle relativement strict des naissances est de règle chez les minorités dont le Parti communiste chinois contrôle les chefs.