Eglises d'Asie

Le directeur du Bureau des affaires religieuses explique la signification de la nouvelle réglementation religieuse

Publié le 18/03/2010




Le Renmin Ribao, quotidien officiel du Parti communiste, a publié le 3 avril 1994 une interview du directeur du Bureau des affaires religieuses à propos de la nouvelle réglementation religieuse de janvier 1994 (2). Il commence par expliquer que le propos de cette nouvelle loi est de “systématiser” la politique gouvernementale en matière religieuse et de renforcer “la démocratie socialiste et le système juridique” du pays. Parlant ensuite des mesures qui concernent l’activité religieuse des étrangers en Chine, il leur voit trois objectifs.

Il s’agit d’abord de “protéger” l’activité religieuse des étrangers. Il note à ce propos que cette protection est d’autant plus nécessaire que la Chine est devenue plus ouverte au monde extérieur et que les croyants chinois entretiennent des contacts de plus en plus étroits avec des croyants de l’étranger qui viennent en nombre de plus en plus grand dans le pays pour diverses raisons. Il faut donc, dit-il, que “les croyances religieuses et les activités religieuses normales” de ces étrangers soient respectées et protégées.

Le deuxième objectif est de “protéger” les échanges religieux amicaux avec l’étranger, dans les domaines culturel, intellectuel et artistique. L’amitié exige bien entendu que ces échanges passent par les canaux officiels. Le troisième objectif, enfin, est de protéger “l’intérêt général de la société chinoise” en interdisant toute forme d’échanges qui mettrait en danger “la souveraineté” de la Chine. En d’autres termes, il s’agit d’empêcher les contacts avec des groupes qui passent par des canaux non officiels comme l’Eglise catholique “clandestine” ou le mouvement protestant des Eglises “domestiques”.

Les raisons données par le directeur du Bureau des affaires religieuses pour les mesures concernant les lieux d’activité religieuse insistent elles aussi sur l’idée de “protection”. Il s’agit, dit-il, de protéger les droits des lieux de culte et de promouvoir une gestion qui leur soit “favorable”, ce qui signifie sans doute que ces lieux doivent être protégés contre l’hostilité de certains fonctionnaires locaux et contre les abus qu’ils sont tentés de perpétrer.

Dans la dernière partie de l’interview, le directeur du Bureau répète encore une fois que le gouvernement chinois ne s’ingérera pas dans “les activités religieuses normales” des étrangers, à condition qu’elles n’impliquent pas de citoyens chinois.

Parlant ensuite de la pratique consistant à envoyer des étudiants chinois faire des études religieuses à l’étranger, il indique que la Chine fait une distinction entre religion et éducation : il y a donc, dit-il, une différence entre les organisations religieuses étrangères qui recrutent des étudiants pour les envoyer étudier à l’étranger et les universités étrangères qui font la même chose. Le recrutement d’étudiants pour des études religieuses “est un engagement dans les affaires intérieures du pays” et viole le principe de la constitution selon lequel “les groupes religieux et les affaires religieuses ne doivent pas être contrôlés par les forces étrangères”. Tout recrutement de ce genre doit donc passer par les organisations religieuses nationales et être approuvé par le Bureau des affaires religieuses.