Eglises d'Asie

Des catholiques ressentent le récent décret sur les lieux de culte comme une menace supplémentaire pour leur liberté

Publié le 18/03/2010




Selon une source catholique du Hebei, au nord de la Chine, la nouvelle réglementation publiée le 31 janvier 1994 par le Conseil d’Etat pour l’administration des lieux de culte (3) relance les mesures prises contre les prêtres et les laïcs qui refusent de rejoindre l’Eglise “ouverte” approuvée par le gouvernement. Car au lieu d’aller dans une église administrée par l’Eglise “ouverte”, ces prêtres et ces fidèles “clandestins” se réunissent en privé, chez eux, surtout ceux qui habitent la ville. Que ce soit durant une messe, un cours de catéchisme ou une récollection spirituelle, ils risquent des descentes de la police et des arrestations si l’endroit n’est pas conforme à la réglementation officielle. C’est ce qui vient de se passer à Shanghai, selon la même source, le jour de Pâques. Un prêtre clandestin célébrait la messe chez des catholiques. La police est arrivée et a confisqué tout ce qu’il y avait sur l’autel, sauf l’eucharistie.

Les catholiques clandestins craignent aussi que de plus grandes restrictions affectent les pèlerinages. Chaque année, au mois de mai, ils se rendent par milliers au sanctuaire marial de Donglu, dans la région de Baoding au Hebei. Une église approuvée par le gouvernement y a été construite, mais ils préfèrent assister à une messe dite en public près du sanctuaire par des prêtres clandestins. Le 24 mai 1993, des milliers de catholiques qui fêtaient Marie secours des chrétiens, ont été entourés d’un cordon d’agents de la sécurité publique, qui ne sont pas intervenus, et la messe s’est déroulée paisiblement. Cette année, indique notre source, les pèlerinages au sanctuaire de Donglu vont reprendre au mois de mai. Comme l’an passé, la police sera régulièrement prévenue. Mais si elle se sert du nouveau décret pour empêcher les cérémonies, des affrontements et des heurts risquent de se produire.

A la différence de ceux qui habitent dans les villes, beaucoup de catholiques clandestins des campagnes ont pu construire des églises avec l’approbation des cadres de leur village. Mais, remarque la source, dans le cas où le décret n°145 serait rigoureusement appliqué, ces catholiques se demandent s’ils seraient obligés de déclarer leurs églises et dans quelles conditions. Car l’article 2 du décret prévoit que la procédure d’inscription sera fixée par le Bureau des affaires religieuses dépendant du Conseil d’Etat. Si ce Bureau décide de n’enregistrer que les lieux de culte de l’Eglise ouverte, les catholiques clandestins des campagnes ne voudront pas déclarer leurs églises et risqueront de les voir traitées comme “illégales”.