Eglises d'Asie

Les élèves en grève du séminaire de Chengdu lancent un appel au secours

Publié le 18/03/2010




Les élèves du séminaire régional de Chengdu, province du Sichuan, qui ont choisi au mois d’avril de rentrer chez eux viennent d’envoyer une lettre à leurs frères prêtres et séminaristes de Chine. Ce message, nous a dit l’un d’eux, “est le seul moyen que nous avons de dire notre détresse et de chercher un soutien”.

Le séminaire de Chengdu a été ouvert en 1984 par les Eglises officiellement approuvées du Guizhou, du Sichuan et du Yunnan. Les rédacteurs de la lettre citent Mgr Xu, “recteur”. En fait, le recteur en titre est l’évêque de Yibin, qui demeure dans son diocèse. Mgr Joseph Xu Zhixuan, évêque officiel de Wanxian, était chargé de la gestion de l’établissement comme vice-recteur quand il a été remplacé au mois d’avril par un fonctionnaire non catholique. C’est cette nomination qui a provoqué le départ de quarante des cinquante-quatre élèves du séminaire (4).

Le texte ci-après, établi à partir d’une version anglaise de l’original chinois, omet seulement quelques noms de personnes.

Séminaire de philosophie

et de théologie du Sichuan 19 avril 1994

Chers frères,

Voici les raisons pour lesquelles plus de quarante élèves du séminaire catholique de philosophie et de théologie du Sichuan viennent de partir. Nous vous lançons un appel à manifester votre soutien à notre mouvement de grève.

Officiellement, le séminaire a été ouvert conjointement par les trois provinces du sud-ouest de la Chine. Mais en réalité le pouvoir administratif est entre les mains du Bureau des affaires religieuses du Sichuan et de l’Association patriotique des catholiques du Sichuan. Le recteur du séminaire, Mgr Xu, n’a qu’une fonction nominale, sans aucun pouvoir de gestion directe du séminaire (nommer les professeurs, fixer le programme des cours). Le plus détestable, c’est qu’un cadre du gouvernement a été nommé directeur du séminaire et dispose de son cachet officiel.

Sous leur influence (5), les deux nouveaux prêtres (5) ont perdu l’amour du Christ et ont eu recours à des méthodes de coercition pour faire taire les élèves, dont les demandes les plus raisonnables étaient taxées de provocations au désordre. Plus grave : profitant de ce que le recteur était retenu au loin par quelque affaire, les deux nouveaux prêtres ont invité le Bureau des affaires religieuses et l’Association patriotique du Sichuan à tenir une réunion au séminaire. Au cours de la réunion un élève a été expulsé, quatre ont reçu un blâme sévère, deux ont subi une séance de critiques parce qu’ils ne voulaient plus assister chaque après-midi au cours-monologue du professeur. Ce sont des camarades qui n’ont jamais été absents ou en retard à un cours.

Il ne nous était plus possible de vivre dans cette maison où il n’y a pas d’amour du Christ. C’est pourquoi nous nous sommes mis en grève et avons quitté le séminaire. Nous demandons qu’il soit réformé pour être de nouveau dans l’esprit du Christ.

Mais ni le Bureau des affaires religieuses ni l’Association patriotique des catholiques du Sichuan ne songent à faire leur examen de conscience. Ils usent de leur pouvoir pour tenter de forcer les séminaristes à réintégrer le séminaire.

Comme élèves de séminaire de philosophie et de théologie du Sichuan, nous avons vécu tous ces derniers temps dans un sombre désespoir. Qui va pouvoir nous comprendre ?

Nous vous lançons donc cet appel. Apportez-nous votre aide, tendez-nous la main, aidez-nous à nous délivrer de cette puissance des ténèbres et à ramener le séminaire dans les bras du Christ.

Au nom de tous les séminaristes