Eglises d'Asie – Chine
Une lettre d’un évêque chinois « clandestin » indique un possible changement d’orientation dans certains milieux de l’Eglise fidèle à Rome
Publié le 18/03/2010
« Votre journal qualifie mon cousin d' »évêque clandestin ». Il en est très mécontent! Il n’est pas contre l’Eglise ouverte et il n’est pas pour l’Eglise souterraine. Il est pour la réconciliation et la réunification de l’Eglise en Chine. Pourquoi devrions-nous, nous catholiques, être dressés les uns contre les autres? Si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut tenir debout (Mc 3,25). Le pape Jean-Paul II dit « ce n’est pas le moment de discuter qui a raison et qui a tort. C’est le temps de la réconciliation ». A l’intérieur du « petit troupeau » que nous sommes, s’il y a une division si profonde, comment pouvons-nous faire face à la tempête? Je vous en prie, priez et oeuvrez avec plus de ferveur pour l’unification et la réconciliation de tous les catholiques chinois. Regina Sinorum, ora pro nobis (3). »
Cette lettre indique un assouplissement certain de la position de quelques-uns au moins des dirigeants de l’Eglise catholique dite « clandestine » par rapport à l’Eglise « officielle ». Il est possible que, si ce mouvement prend de l’ampleur, on parvienne rapidement à une réunification de l’Eglise et à la reconnaissance par Rome de ses organes de direction comme la conférence épiscopale. Pour le moment, aucune des deux conférences épiscopales de Chine n’est reconnue par le Vatican.
A la fin des années 70 et au début des années 80, l’Eglise « clandestine » et l’Eglise « officielle » se distinguaient surtout par l’analyse différente qu’elles faisaient de l’environnement socio-politique et du rôle de l’Association patriotique des catholiques chinois. Peut-être certains estiment-ils aujourd’hui que les conditions ont changé et que, les termes du débat n’étant plus les mêmes, le temps est venu de travailler à la réconciliation.
Mais tous les signaux qui parviennent à l’extérieur en provenance de l’Eglise dite « clandestine » ne vont pas dans le même sens : il y a quelques mois encore, certains de ses dirigeants demandaient au Vatican de maintenir un minimum de positions intangibles dans ses négociations avec Pékin, en particulier en ce qui concerne la nomination des évêques (4). Aujourdhui, la Conférence épiscopale « clandestine » demande à être invitée à l’assemblée générale de la FABC en janvier 1995 sous la présidence du pape : une telle invitation impliquerait la reconnaissance de facto par l’Eglise universelle de la Conférence épiscopale « clandestine » (5) et serait donc perçue comme un acte hostile par les évêques « officiels ».