Eglises d'Asie

En plusieurs régions, le pouvoir intensifie la chasse aux églises protestantes non déclarées

Publié le 18/03/2010




Les millions de Chinois protestants qui se réunissent dans des lieux de culte non déclarés sont devenus la cible d’opérations policières en de nombreuses régions du pays.

Un chrétien qui a rendu visite en juin 1994 à des chefs d’églises domestiques du Fujian raconte qu’un prédicateur y a été arrêté le 2 février – tout de suite après la publication des nouveaux décrets du gouvernement central sur la religion (3) – parce qu’il prêchait l’Evangile dans la campagne autour de Fuzhou. Lui et deux autres responsables bénévoles de lieux de culte arrêtés peu après ont été condamnés à des peines de six à dix-huit mois de travaux forcés. Au sud de la même province, au témoignage d’un autre voyageur, une centaine de fidèles réunis en privé ont été dispersés au milieu du mois de juillet par les forces de la sécurité publique. Chaque personne présente a été frappée d’une amende équivalant à six dollars américains. Le président de la réunion a été arrêté et ne serait pas encore relâché. Une autre église domestique de la même région a été l’objet d’une enquête de la sécurité publique et a dû se scinder en plusieurs petits groupes qui se réunissent dans des endroits différents pour ne pas être repérés.

On rapporte aussi que des mesures de répression identiques ont été prises dans la grande ville touristique de Guilin, au sud de la province du Guangxi. Selon l’agence News Network International, deux prédicateurs itinérants, un homme et une femme d’environ vingt-cinq ans, ainsi qu’un chef de l’église domestique de la ville, ont été arrêtés le 1er juillet 1994 par la sécurité publique. Ils sont encore en détention. La police a continué de surveiller le lieu de réunion et arrêté deux chrétiens qui y sont venus. Des sources affirment que quatre autres églises domestiques de la ville ont reçu en juillet la visite de la police qui les a fermées et placées sous surveillance. Des chrétiens affirment que ces actions policières ont été inspirées par les vieux dirigeants de l’Eglise protestante officielle de Guilin, parce que certains de leurs jeunes pasteurs auraient exprimé sympathie et soutien aux églises domestiques.

Les autorités gouvernementales harcèlent également les communautés protestantes non déclarées de Shenzhen, la zone économique spéciale proche de Hongkong. Selon une source chinoise la police a interrompu deux réunions au mois d’août. Elle a noté les noms de toutes les personnes présentes à celle qui se tenait à Huangmugang et emmené les deux dirigeants, relâchés par la suite. L’autre réunion se tenait à Honggang Huayuan.

Enfin, dans la province du Henan qui est un des principaux centres d’activité des églises protestantes non déclarées, une réunion de plus de quatre-vingt fidèles a été dispersée par la police au début de juillet, rapporte à son retour un voyageur. La présidente s’est elle-même présentée comme la responsable et les autres ont pu partir. Mais la police a ensuite fait savoir aux chrétiens qu’ils devaient revenir avec l’équivalent de six cents dollars américains pour obtenir la libération de leur présidente. A ce jour elle serait toujours détenue. Selon l’agence News Network International, sept importants dirigeants d’églises domestiques du district de Fangcheng, au centre de la province de Henan, se sont enfuis de chez eux au début de juillet et ne sont pas encore revenus de crainte d’être arrêtés. Ces églises du Henan sont connues pour envoyer des prédicateurs dans toute la Chine. Peut-être est-ce une des raisons qui incitent les autorités locales à tenter d’arrêter leur développement.