Eglises d'Asie

Liaoning : un sérieux conflit oppose les chrétiens de l’Eglise protestante « officielle » au bureau local des affaires religieuses

Publié le 18/03/2010




Deux pasteurs de l’Eglise protestante « officielle » Dongguan de Shenyang (4) dans la province de Liaoning ont de sérieux problèmes avec le gouvernement provincial depuis cinq mois (5). L’un, Gao Liangyi, est en prison sans que lui aient été notifiées les raisons de sa détention. L’autre, Gao Peiman, a été relâché mais est surveillé par la police vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les deux hommes avaient entrepris de dénoncer la corruption et les détournements de fonds opérés par plusieurs membres influents de la communauté liés au Bureau des affaires religieuses.

A la suite de ces arrestations et du harcèlement subi par de nombreux chrétiens qui fréquentaient l’église des deux pasteurs, plusieurs centaines de fidèles ont rejoint les assemblées organisées par les Eglises « domestiques ». Jusqu’au début de cette année, on ne comptait, à Shenyang, que quatre assemblées « domestiques ». On estime aujourd’hui leur nombre à plusieurs dizaines selon des voyageurs qui sont passés récemment dans la ville. Quelques-unes de ces assemblées réunissent jusqu’à cent personnes chacune.

Inquiètes de ce développement, les forces de sécurité ont organisé plusieurs descentes de police sur des lieux présumés de réunion. La plupart des dirigeants chrétiens non officiels qu’ils ont arrêtés ont été rapidement libérés après avoir signé des confessions. Selon les observateurs, ces actions policières n’ont eu aucun effet dissuasif, et on estime aujourd’hui à quelques dizaines de milliers le nombre de chrétiens dissidents de Shenyang. Le dimanche, des policiers patrouillent les rues voisines des églises protestantes pour éviter tout « désordre ».

Mgr Ding Guangxun, président du Mouvement des trois autonomies et du Conseil chrétien de Chine, a envoyé deux pasteurs enquêter sur les événements de Shenyang, mais les deux hommes auraient été interceptés par la police locale et priés de ne pas se mêler de l’affaire.

Le conflit a débuté en novembre 1993 quand des chrétiens de Shenyang ont demandé au Bureau des affaires religieuses la permission d’agrandir leurs églises en récupérant les propriétés confisquées pendant la révolution culturelle. Trois mois après le refus du Bureau d’accéder à cette demande, en février 1994, 7 688 membres de la paroisse Dongguan votèrent pour élire un comité qui serait responsable de la gestion des biens de la communauté. Un audit fut demandé par le nouveau comité, et l’on découvrit un trou très important dans les finances de l’église. Quelques jours plus tard, le 7 avril, 400 policiers envahirent les locaux de la paroisse, s’emparèrent de tous les documents qu’ils trouvèrent et emportèrent un coffre-fort.

Après l’échec des enquêteurs envoyés par Mgr Ding Guangxun, des responsables nationaux de l’Eglise protestante « officielle » ont déclaré au South China Morning Post de Hongkong, le 6 septembre, qu’ils étaient « informés du problème et qu’ils essayaient de le résoudre par la négociation entre les différentes parties