Eglises d'Asie

Le chef de l’Eglise anglicane rend visite à l’Eglise protestante officielle de Chine

Publié le 18/03/2010




A l’issue du voyage en Chine du Dr Carey, chef de l’Eglise anglicane, les protestants évangéliques de Hongkong en ont publié un compte-rendu assorti d’un commentaire critique (3), dont voici en traduction des extraits.

Archevêque de Canterbury et chef de l’Eglise anglicane qui est forte de 80 millions de fidèles, le Dr George Carey vient de faire une visite de onze jours en Chine afin de rencontrer les dirigeants de l’Eglise protestante officielle du pays, communément appelée Mouvement patriotique des trois autonomies. C’était son premier voyage en Chine. Il s’est rendu dans quatre villes différentes : Nanjing, Shanghai, Chengdu et Pékin, où il a rencontré en priorité des dirigeants du Mouvement, mais aussi des officiels du régime. Le but affiché de sa visite était “d’encourager et de soutenir les chrétiens chinois” et d’être pour eux “comme un bâtisseur de pont” (4). Peut-être a-t-il-atteint ce but à l’égard de l’Eglise officielle, mais il a omis de remplir pareil programme vis-à-vis de la vaste communauté protestante chinoise non déclarée, au grand dam de l’Eglise chinoise.

L’archevêque s’est entretenu avec franchise des problèmes que connaissent les églises du Mouvement des trois autonomies de Chine. Il révèle par exemple que des dirigeants d’églises l’ont informé que le Conseil des Eglises de Chine a reçu, durant la seule année 1993, plus de cinq cents plaintes d’églises locales qui avaient souffert des interventions de l’autorité civile. Il confie aussi que beaucoup de ceux qui travaillent pour l’Eglise se disent préoccupés de la façon dont les fonctionnaires locaux vont appliquer les nouveaux réglements religieux édictés au début de cette année (5). Cependant, le Dr Carey s’est donné beaucoup de mal pour souligner le côté positif de la politique religieuse courante de la Chine et a évité toute référence publique aux Eglises domestiques qui sont persécutées dans le pays. Les atteintes à la liberté religieuse sont d’après lui surtout le fait de cadres locaux malveillants et, insiste-t-il, “ces violations sont à voir sur un fond général de grand encouragement pour l’Eglise chrétienne.” “En gros la tolérance religieuse est réelle. L’Eglise grandit et sa croissance n’est pas en général entravée6).

Si la visite de l’archevêque Carey en Chine a sans nul doute réalisé beaucoup de bien, il semble d’après ses déclarations qu’il s’est fait trop étroitement chaperonner par le Mouvement des trois autonomies. Essentiellement, ses commentaires ont contribué à perpétuer l’idée fausse que les Trois autonomies et le Conseil chrétien de Chine sont les seuls représentants légitimes de la religion protestante chinoise, et que les églises officielles sont en principe libres de pratiquer leur foi à leur gré, à l’exception de l’ingérence d’un petit nombre de fonctionnaires locaux. En vérité, d’après ce qu’a dit le Dr Carey, on soupçonnerait à peine qu’il existe aujourd’hui en Chine des groupes chrétiens qui n’ont aucune affiliation au Mouvement des trois autonomies, et encore moins que ces groupes constituent la majorité des protestants du pays. Pourquoi cet étrange silence ? Apparemment, l’archevêque a eu peur d’aborder ouvertement le sujet par crainte d’offenser ses hôtes. Pourtant, tout en admettant que sa liberté d’action était limitée, il semble que des voies diplomatiques auraient pu être trouvées pour exprimer un soutien aux Eglises non déclarées.

S’ajoutant à son silence sur les Eglises domestiques de Chine persécutées, certaines déclarations du chef anglican leur ont en réalité porté tort et il eût mieux valu ne pas les faire. Par exemple, quand l’archevêque a dit qu’“un chrétien ne saurait contrevenir à la loiil critiquait implicitement les Eglises domestiques et approuvait le point de vue du Mouvement des trois autonomies, puisque les chrétiens des Eglises domestiques en Chine refusent de se déclarer au gouvernement, comme la loi l’exige, et font d’autres actes illégaux comme d’annoncer l’Evangile en dehors des locaux de culte. Le commentaire du Dr Carey n’a pas seulement oublié de reconnaître que la désobéissance civile par soumission à l’Ecriture et à sa conscience est une tradition aussi vieille que l’Eglise elle-même, mais il ne laisse apparemment aucune place à des circonstances atténuantes qui pourraient justifier une telle désobéissance. Louer l'”unité” de l’Eglise chinoise a été une autre déclaration malheureuse, puisque cette unité n’a pas été un choix volontaire, elle a été imposée de force à l’Eglise par le parti communiste dans les années 50 et a eu pour effet de détruire aussi bien les dénominations que les groupes sans dénomination.