Eglises d'Asie – Chine
La Fédération des conférences épiscopales d’Asie se préoccupe des deux groupes d’évêques de Chine avec qui elle n’a pas de relations formelles
Publié le 18/03/2010
L’Eglise de Chine a deux organisations épiscopales. Les évêques “officiels” ont fondé à Pékin en 1980 un “collège des évêques chinois”, qui compte à présent environ 80 membres, la plupart élus et ordonnés avec l’approbation du gouvernement, sans l’accord du Vatican. Les évêques clandestins ont créé en 1989 à Sanyuan (Shaanxi), la “conférence épiscopale de Chine”, qui a demandé au début de 1994 à faire partie de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie, mais n’a pas reçu de réponse (2). Pour le moment la Fédération n’a donc pas de relation formelle avec les évêques catholiques de Chine.
Elle a eu des contacts avec des évêques “officiels” en 1984, quand sa commission du développement humain a parrainé la visite à Shanghai, Nanjing et Canton de cinq évêques d’Asie, dont un archevêque indien, Mgr Henry D’Souza, alors secrétaire général de la Fédération, et Mgr Antoine Soter Fernandes, de Malaisie, qui dirigeait la commission du développement humain. A l’issue de leur voyage, Mgr D’Souza a dit : les chefs de l’Eglise chinoise “semblent vouloir atteindre, par notre médiation, la vraie source de l’unité” et “désirent que nous revenions les voir“. Etant donné “le grand désir de l’Eglise de Chine d’être en communion avec l’Eglise universellea conclu Mgr D’Souza, “la Fédération des conférences épiscopales d’Asie a le devoir d’aplanir les difficultés qu’ont fait surgir certains faits de l’histoire
Le directeur du Centre du Saint-Esprit constate que, depuis lors, la Fédération des conférences épiscopales d’Asie n’apparaît pas avoir agi ni pour réconcilier l’Eglise de Chine avec l’Eglise universelle ni rapprocher, à l’intérieur de l’Eglise de Chine, les deux fractions entre lesquelles elle est déchirée. Cependant, il rappelle quelques initiatives des dernières années à inscrire au crédit de la Fédération. Celle-ci a, par exemple, inspiré au collège des évêques “officiels” la mise en oeuvre du renouveau liturgique selon le concile de Vatican II, en adoptant en 1992 la liturgie en langue chinoise. Pendant plusieurs années, le secrétariat de la Fédération à Hongkong a envoyé des documents imprimés à ces évêques sans jamais recevoir de réponse. Peut-être s’est-il posé un problème de langue : les documents transmis étaient en anglais. Depuis, les dépêches en chinois de l’agence UCAN parviennent à l’Eglise de Chine et font connaître l’action de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie.
Anthony Lam Sui-ki constate une convergence des préoccupations. L’Eglise catholique de Chine a un sens aigu de l’Eglise locale, proche du souci de la Fédération de situer l’Eglise dans son contexte asiatique. Quand les missionnaires ont été expulsés de Chine dans les années 50, la mission de l’Eglise a été confiée aux catholiques du pays, qui l’ont assumée à travers les terribles épreuves des années 60 et 70. Ils ont mûri. Leur ancienne influence sur la société chinoise s’est effondrée avec les ressources venues de l’étranger et la perte des privilèges sociaux qu’elles procuraient. La vie de l’Eglise a dû alors se fonder sur la foi. Elle a connu un authentique renouveau après le renoncement volontaire des chrétiens à un certain statut social et à leurs privilèges. Ils sont devenus une Eglise véritablement locale et ils continuent de croître.
Le dialogue interreligieux, si vital pour toute Eglise locale en Asie, a été expérimenté par l’Eglise de Chine à sa façon sans avoir besoin des incitations de la Fédération des conférences épiscopales. Quarante années d’épreuves partagées ont créé une solidarité certaine entre fidèles de religions et de confessions différentes.
Une priorité de l’Eglise, apparente ou cachée, est de promouvoir de nouveaux prêtres et d’apprendre auprès des Eglises proches comment les former. Les catholiques de Chine continentale n’étaient pas représentés à la deuxième session organisée par la Fédération des conférences épiscopales pour les recteurs et les directeurs spirituels de séminaires, mais ils ont manifesté leur intérêt pour ses conclusions. Le centre du Saint-Esprit de Hongkong a traduit celles-ci en chinois en 1993 et les a diffusées dans son bulletin “Tripod“.
La Fédération des conférences épiscopales d’Asie, conclut Anthony Lam Sui-ki, peut rendre service à l’Eglise de Chine. Elle peut elle-même s’enrichir à son contact.