Eglises d'Asie

De plus en plus nombreux, écoliers et étudiants s’adonnent au spiritisme

Publié le 18/03/2010




Une enquête menée récemment par deux étudiants de l’université de Hongkong et publiée par le quotidien Hongkong Standard, constate que de plus en plus d’écoliers et d’étudiants s’adonnent au spiritisme ou à quelqu’autre forme d’occultisme. Selon So Mei-chi et Cecily Yam, cette tendance – traditionnelle en certains milieux chinois – irait en s’aggravant. Une raison en serait que les jeunes ont de moins en moins confiance en eux-mêmes et en leur destinée. Ils se tournent vers l’occulte pour découvrir la clé de l’avenir.

Les auteurs de l’enquête citent, à l’appui de leur thèse, M. Siu Chi-kung, du magazine “Breakthrough”: “C’est pour se donner une sécurité qu’ils se tournent vers l’occulte et lui demandent de leur prédire l’avenir”. Par ailleurs un rapport de la Fédération des associations de jeunes à Hongkong fait la même constatation et ajoute que “les histoires de fantômes et de pratiques occultes se répandent très rapidement parmi les jeunes”. De nouveau, on constate que ces derniers sont anxieux de découvrir l’avenir. Selon le même rapport, “72% des élèves des écoles secondaires croient que leur vie est en partie fixée par le destin”. Les adolescents “croient en la prédestination et sont persuadés qu’ils n’ont pas le contrôle de leur propre vie. Et les frustrations peuvent les conduire au bord de l’abîme”. On retrouve les mêmes remarques dans un autre rapport, établi celui-là par le “Hongkong Youth Club”: “Les jeunes croient volontiers qu’ils sont dominés par des forces extérieures et cela peut grandement influencer le respect qu’ils ont d’eux-mêmes, leur conduite, leurs relations avec les autres”.

Une mère de famille catholique parle du temps où elle était elle-même étudiante: elle a connu des condisciples qui se livraient au spiritisme. Elle parle de curiosité: on veut voir si les prédictions se réaliseront. Et une militante chrétienne raconte: “Je me souviens d’un jeune étudiant qui commençait ses études secondaires. Il était allé tellement loin dans sa recherche de rapports avec l’occulte que cela influençait jusqu’à sa vie quotidienne. Un jour, après avoir ainsi joué, il dessina sur une feuille de papier un personnage humain. Pour lutter contre son propre ennui, il s’était mis à parler à cette personne. Il s’est peu à peu laissé accaparer par son dessin qu’il transportait partout avec lui. Il est allé jusqu’à dire que la personne prenait vie et sortait de l’image, lui parlait, répondait à ses questions”. La même militante raconte: “Je connais une adolescente, qui, avec un couteau, se fait des entailles dans les bras. A la suite d’une petite enquête, j’ai cpmpris qu’elle avait joué avec l’occulte. Et ce genre de jeu était fréquent chez ses amies”.

Un étudiant de 17 ans raconte qu’en général on utilise une pièce de monnaie, ou un stylo, ou une soucoupe, qu’on place sur une planche de oui-ja sur laquelle on a inscrit les lettres de l’alphabet et les chiffres. L’objet se dirige vers des lettres et des chiffres qui ensemble constitueront la réponse aux questions posées. L’étudiant, Michael Mui, explique: “Il paraît qu’on peut ainsi appeler des esprits et leur poser des questions. Ils nous répondront”. Mais il ajoute que certains de ses compagnons, après avoir ainsi joué avec l’invisible, “souffrent d’être hantés, de vivre en permanence sous la surveillance d’yeux inconnus”. Un jeune de 15 ans fait la même constatation. Il a vu certains de ses compagnons se comporter comme s’ils étaient hantés: “C’est effarant”, dit-il. “Et pourtant nous y pensons rarement lorsque nous jouons avec la planche de oui-ja”.

Chez les parents, certains croient à la réalité des rencontres de leurs enfants avec l’invisible. D’autres pensent que ces histoires ont été inventées: “Ce sont des mensonges et ils sont malsains”, dit Mme Angela Chan, 45 ans. Elle accuse les médias de les répandre. Par contre, une autre maman, Mme Chan Leung Chuk-ying, 37 ans, promet: “Si jamais je m’aperçois que mes enfants donnent dans l’occultisme, je les arrêterai immédiatemment, c’est sûr. Tout cela est trop dangereux”.

Un enseignant chrétien, M. Yu Han-chun, commente: “Comme chrétien, je crois en l’existence du Mauvais. Et il est sans doute vrai que des jeunes sont tentés par l’occultisme. Ils en sortent tout changés. Cela mène certains jusqu’au suicide. Il arrive que des étudiants demandent aux esprits mauvais de leur dire à l’avance les questions d’examens: ce faisant, ils expriment leur confiance en ces esprits mauvais”. Selon M. Yu, en beaucoup d’écoles, on essaie de cacher aux étudiants la réalité de l’occultisme en leur disant que les phénomènes étranges dont ils peuvent être les témoins sont le fruit de leur imagination. “C’est la pire des choses à faire. Nous devrions au contraire nous efforcer de regarder en face le problème, au lieu d’essayer de lui échapper. La façon la plus constructive de traiter les esprits mauvais est encore de consulter des exorcistes”.