Eglises d'Asie

Le vicaire général tamoul de Jaffna invite l’Eglise srilankaise à jouer un rôle prophétique

Publié le 18/03/2010




Dans un rapport présenté à l’évêque de Jaffna le 3 octobre 1994, le P. S.J. Emmanuel, vicaire général en même temps que supérieur du grand séminaire saint François-Xavier, invite l’Eglise srilankaise à oublier sa prudence et à parler avec courage au nom de la vérité et de la justice (11). Il demande non seulement aux leaders politiques, mais aux “frères et soeurs, responsables chrétiens du sud, de faire preuve d’humanité et de noblesse en essayant de comprendre le problème ethnique sans prendre en considération la politique de puissance, ni se renfermer dans une diplomatie frileuse”. Il ajoute: “Il est vraiment attristant de voir que beaucoup de nos leaders chrétiens du sud semblent, par leur silence prudent, accepter ce que disent des politiciens en mal de publicité”.

Selon le P. Emmanuel, l’Eglise srilankaise ne joue pas avec efficacité “son rôle prophètique de médiatrice pour chercher une solution au problème et ramener la paix dans le pays. Même en cette onzième heure, armons-nous d’un courage prophétique et osons dire la vérité afin de sauver ce pays du chaos et de la destruction”.

Ce rapport a été remis quelque trois semaines avant l’attentat à la bombe qui a coûté la vie à près de 60 personnes, dont le candidat de l’opposition aux élections présidentielles (12). D’aucuns mettent la tuerie sur le compte des rebelles tamouls. La guerre qui sévit depuis treize ans dans le nord et l’est de Sri Lanka a fait trente mille morts et causé le déplacement d’un million de personnes.

Des pourparlers de paix avaient été entamés par le nouveau gouvernement de Colombo, mais ont été suspendus, au moins temporairement, à la suite de l’attentat du 23 octobre. Ils pourraient reprendre maintenant que la victoire de Mme Chandrika Kumaratunga à l’élection présidentielle est assurée. De ces échanges, le P. Emmanuel disait dans son rapport: “Le nouveau gouvernement semble aller dans la bonne direction”. Il ajoutait cependant: La situation ne s’est pas encore améliorée”. De son côté, l’archevêque de Colombo, Mgr Nicholas Marcus Fernando, déclarait le 11 octobre 1994: “Nous sommes avec (le gouvernement) dans ses efforts pour régler les problèmes et mettre fin à la guerre. Notre peuple souffre depuis trop longtemps”.