Eglises d'Asie – Chine
Pékin : les dirigeants du mouvement des trois autonomies demandent l’appui des pouvoirs publics pour faire plier le comité de gestion de l’église protestante de Gangwashi
Publié le 18/03/2010
En 1993, ces dirigeants avaient signifié au pasteur Yang l’ordre de se démettre et de partir. Le comité de gestion de l’église s’était saisi de l’affaire et avait répondu à la direction des trois autonomies qu’elle n’avait pas d’autorité sur la congrégation de Gangwashi. “La souveraineté sur une église, affirmait sa lettre, appartient à tous les croyants de cette église. La souveraineté sur l’église de Gangwashi de Pékin appartient à tous les croyants de l’église de Gangwashi, dont l’organe représentatif est son comité permanent de gestion”. Le comité rejetait purement et simplement la décision de l’état-major des trois autonomies. C’était un des premiers cas connus d’une Eglise locale en opposition ouverte au mouvement patriotique.
Par la suite, la direction du mouvement a revendiqué des droits sur une maison de l’église de Gangwashi et tenté d’y placer l’un de ses membres. Le mouvement a requis l’intervention des agents de la sécurité publique qui ont envahi l’église le 9 et le 11 septembre 1994 au cours de services religieux et emmené le chef du comité de gestion, Li Dequan. Quand il a été relâché trois jours plus tard, il était si mal en point qu’il fallut l’emmener à l’hôpital pour un traitement d’urgence.
L’évêque Ding Guangxun, président du mouvement des trois autonomies, serait, dit-on, en sympathie avec le pasteur Yang dans sa lutte pour maintenir le droit de Gangwashi à l’autonomie de gestion. Mais il évite de le rencontrer et ne lui apporte aucun soutien public, de peur d’offenser les dirigeants très influents de l’aile conservatrice du mouvement des trois autonomies qui contrôlent la section de Pékin.
En septembre, la presse de Hongkong a rapporté que des militants chrétiens de Pékin, en se réclamant de la campagne anti-corruption du gouvernement, venaient de lancer une enquête sur une douzaine d’affaires de corruption, de népotisme et de clientélisme qui impliqueraient des dirigeants des trois autonomies de la capitale. Il ne serait pas surprenant que parmi ces militants figurent des membres de l’église de Gangwashi.
De son côté le pasteur Yang a été accusé d’avoir donné asile à des étudiants protestataires après la répression de Tienanmen de 1989 et d’avoir propagé depuis des idées libérales. Trois annonces publiques du renvoi du pasteur Yang ont été faites par le mouvement des trois autonomies et par le Bureau des affaires religieuses, qui ont déclaré que les cachets utilisés par le comité de gestion de l’église ne sont plus valables. Ce comité de gestion a demandé à un avocat de faire reconnaître ses droits par l’organe du Parti communiste de la ville de Pékin. Sa démarche n’a pas abouti.
Le 30 octobre, un incident a éclaté de nouveau à l’église de Gangwashi pendant une cérémonie, quand des policiers en civil sont venus filmer et photographier l’assemblée. Le 6 novembre, la police a occupé l’église et ses bureaux, emmené pour interrogatoire des membres de la congrégation accusés d'”activités politiques”, tandis que des “croyants” d’autres églises transportés là en autocar venaient discuter avec les membres de la congrégation. On peut présumer que la discussion a porté sur le sens de l’autonomie de gestion d’une église.