Eglises d'Asie – Chine
Selon l’étude récente d’un expert, l’Eglise protestante de Chine compterait environ trente millions de fidèles
Publié le 18/03/2010
Sur la base des données sûres disponibles, Lambert conclut qu’il y a environ 19 millions de protestants en Chine, et que ce nombre peut être porté à trente millions pour tenir compte du fait que le mouvement des trois autonomies minore systématiquement ses statistiques et de la croissance rapide des Eglises domestiques non déclarées. Le premier chiffre résulte de calculs sérieux, à base statistique. Le second chiffre est une estimation prudente.
Population en 1990 : 1 088 350 000
Mouvement des trois autonomies : 9 231 000
Enquête de News Network International : 18 695 000
Maximum possible : 29 470 000
Rendant compte de ces résultats, le bulletin de l’Eglise évangélique de Hongkong, China News and Church report (3), observe qu’une des premières difficultés d’une telle étude est la définition du “chrétien”. Doit-il inclure les paysans qui invoquent Jésus pour une guérison sans avoir jamais mis les pieds dans une église ? Une question connexe est celle de l’orthodoxie : ceux qui appartiennent à des sectes protestantes marginales, regardées par beaucoup comme hérétiques, doivent-ils être inclus ? En général les sources officielles ne comptent que les chrétiens orthodoxes, tandis que les chiffres non officiels en incorporent peut-être d’autres. Il ne faut pas oublier non plus la difficulté d’obtenir des informations sur les régions rurales, ni les incertitudes sur l’effectif des églises domestiques chinoises. L’étude de Lambert s’efforce de compter tous les chrétiens, qu’ils fréquentent l’Eglise officielle (les trois autonomies) ou les lieux de culte non déclarés, qu’ils aient été baptisés ou non. Mais il laisse de côté beaucoup de croyants “secrets” : cadres du parti, intellectuels et autres, qui sont peut-être plusieurs millions.
Un autre facteur important qui empêche une prise en compte rigoureuse de la taille de l’Eglise protestante de Chine est la pratique commune au mouvement des trois autonomies et au gouvernement chinois de publier des chiffres très inférieurs à ceux qu’ils savent être les bons. Cette déflation des chiffres réels est une politique officielle. Elle vise à empêcher le Parti communiste de perdre la face et à éviter que l’Eglise ne gagne du prestige et de la confiance en soi. Aujourd’hui encore le mouvement des trois autonomies soutient publiquement qu’il n’y a que sept millions de protestants en Chine, alors que ses propres statistiques par province donnent un total de plus de neuf millions. En outre, beaucoup de chiffres du mouvement patriotique au niveau local n’incluent que les membres inscrits, alors que le nombre de ceux qui fréquentent les assemblées du culte sans être déclarés est important.
La limite supérieure marquée par Lambert est vraisemblablement trop basse pour une autre raison : il table souvent sur des statistiques vieilles de plusieurs années. Le pourcentage de chrétiens mesuré une année dans une région va, cinq ans plus tard, fausser la base de calcul de l’effectif des croyants de la province. Ce n’est pas très grave dans des régions où l’Eglise augmente lentement, mais biaise sérieusement les résultats là où elle s’accroît vite comme dans les provinces de Anhui et de Henan. Un réseau d’églises domestiques a fait savoir qu’il avait besoin à lui seul de plus de vingt mille bibles par mois pour les nouveaux convertis.
Quel que soit le chiffre de chrétiens protestants en Chine, trente ou soixante millions, le travail de Lambert n’en reste pas moins de grande valeur parce qu’il fournit un cadre statistique de référence pour la compréhension du protestantisme en Chine. Il confirme que le nombre réel des chrétiens en Chine est de beaucoup supérieur à ce qu’indiquent les statistiques officielles, avec au moins autant de croyants non déclarés que de membres du mouvement des trois autonomies. Il vérifie aussi que les chrétiens sont plus nombreux dans les provinces côtières de Zhejiang, Jiangsu, Shandong et Fujian, où les missionnaires ont été les plus actifs au cours du siècle passé, et dans les provinces de l’intérieur de Henan, Anhui et Yunnan. Et bien évidemment, cette étude donne un aperçu de la remarquable croissance du protestantisme en Chine, qui n’avait, en 1949, qu’un million d’adhérents.