Eglises d'Asie

Tibet : les projets de développement définis par Pékin donnent la priorité aux infrastructures des liaisons avec les autres provinces

Publié le 18/03/2010




Les membres du gouvernement tibétain en exil à Dharmasala en Inde suivent avec attention le projet de développement annoncé au mois de juillet 1994 à la troisième conférence nationale sur le Tibet : la construction d’une voie ferrée, d’une route et d’un nouvel aéroport. Selon Pékin, ces réalisations ont pour but de resserrer les liens du Tibet avec les autres provinces du pays. Pour les observateurs de Dharmasala, ce sera l’accomplissement de l’appel lancé par Mao Zedong en 1952, qui prévoyait d’établir au Tibet “une position invulnérable”. Selon eux, la priorité donnée à la route, au chemin de fer et au nouvel aéroport vise à garantir les moyens d’approvisionnement de la population han qui sera massivement amenée au Tibet depuis les provinces de l’intérieur. En outre, ajoutent-ils, ces nouvelles infrastructures renforceront la puissance militaire de la Chine dans l’Asie du sud et lui permettront de s’approprier plus facilement les richesses naturelles du Tibet.

Le chemin de fer qui reliera la capitale Lhassa à Golmud, dans la province du Qinghai, a été inscrit comme infrastructure essentielle dans le neuvième plan quinquennal chinois qui démarrera en 1996. De Golmud, la voie ferrée continuera vers le nord et vers l’est en direction des provinces du centre de la Chine. Le Tibet sera alors la dernière région de Chine dotée de liaisons ferroviaires, dont la construction a été longtemps retardée par le coût élevé et les problèmes techniques des travaux dans un sol gelé. Le programme coûtera l’équivalent de douze milliards de francs. Il pèsera lourd sur l’économie d’une région où la production de biens et services n’a guère dépassé en 1993 l’équivalent de deux milliards de francs.

Le nouvel aéroport de Bangda construit à la place d’une ancienne base militaire près de Changdu, dans le Tibet oriental, est le plus élevé du monde (à 4 739 mètres d’altitude). Il a été récemment testé avec succès par un Boeing 757 de China Southwest Airways. De Changdu à Chengdu, la capitale du Sichuan, à l’est du Tibet, des vols réguliers diminueront la durée du voyage de trois, quatre ou cinq jours à une heure.

La route empierrée qui relie Lhassa et Zetang est actuellement élargie et revêtue de pavés. La pénétration à l’intérieur du Tibet se fait normalement soit par la route de Lhassa qui vient du Sichuan à l’est, soit par celle qui part de Golmud au nord. Selon un récent article du Quotidien de la libération, cette route du nord qui a aujourd’hui quarante ans est doublée d’un pipeline enterré et d’une ligne de communication téléphonique de 1300 kilomètres. Elle donne à Pékin l’accès à tout le district militaire du Tibet. Selon le même journal, deux millions d’hommes de troupe ont été amenés par cette route depuis son ouverture.

Les Tibétains en exil ajoutent une autre observation. La population han de Golmud comptait quelques milliers de personnes en 1953. En 1990, elle atteignait le chiffre de 237 000 grâce à la construction, dans les années 80, d’une voie ferrée reliant la ville à Xining, capitale de la province. Un récent article du Quotidien du Tibet a d’ailleurs admis que l’un des objectifs du chemin de fer Golmud-Lhassa est de voir “beaucoup de camarades han venir au Tibet” (7).