Eglises d'Asie

Les principaux religieux bouddhistes ont décidé de boycotter la visite du pape

Publié le 18/03/2010




Les principaux religieux bouddhistes du Sri Lanka ont décidé de boycotter les cérémonies de bienvenue au pape Jean-Paul II organisées pour le mois de janvier 1995 (12). Ils estiment en effet que les remarques faites sur le bouddhisme par le pape dans son dernier livre sont insultantes. Jean-Paul II semble prêter au bouddhisme une attitude incomplète et négative à l’égard de la vie.

Les dirigeants des quatre principales organisations bouddhistes ont envoyé un communiqué commun à Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo, déclarant : “En aucun cas nous ne pouvons accepter les idées exprimées par le pape sur le bouddhisme et nous avons donc décidé de ne participer à aucune des célébrations organisées en son honneurLe communiqué ajoute : “Ce serait une preuve de bonne volonté de la part du pape d’exprimer ses regrets par le canal de l’Eglise catholique du Sri Lanka, car ses affirmations causent de la peine et des souffrances aux frères bouddhistes

Dans son livre,”Entrez dans l’espérance”, sous le chapitre “bouddhisme”, le pape écrit : “La tradition bouddhiste et les méthodes qui en dérivent offrent une sotériologie presque exclusivement négative. L’illumination expérimentée par le Bouddha peut en effet se résumer dans la conviction que ce monde est mauvais, qu’il est une source de malheurs et de souffrances pour l’homme” (p.142). Il poursuit : “Le bouddhisme est en grande partie un système ‘athée’. Nous ne nous délivrons pas du mal à travers le bien qui vient de Dieu; nous nous en libérons seulement en nous éloignant d’un monde qui est mauvais. La plénitude de ce détachement n’est pas l’union avec Dieu, mais ce qu’on appelle le Nirvana, c’est-à-dire une indifférence totale envers le monde” (p.142).

De son côté, le théologien jésuite srilankais Aloys Pieris a estimé que des excuses sont nécessaires et il a déclaré le 20 décembre 1994: “Ce n’est pas par malice que le pape a défiguré le bouddhisme, c’est plutôt à cause de sa connaissance inadéquate de la question. Je suis certain que l’homme qui a eu suffisamment de courage pour revenir sur l’affaire Galilée n’aura aucune difficulté à reconnaître son erreurLe P. Pieris estime cependant qu’au-delà des excuses, un problème plus grave est présenté par “le schéma théologique faible à l’intérieur duquel le pape situe le bouddhisme par rapport au christianisme. Dans ce domaine, une correction sera plus difficile jusqu’à ce que, à Rome, on traite avec plus de sérieux la nouvelle théologie asiatique des religions. C’est à ce moment-là que nous, chrétiens d’Asie, entrerons dans l’espérance”.

La conférence épiscopale n’a pas tardé à réagir et à présenter par écrit ses excuses aux bouddhistes du Sri Lanka. Après avoir rappelé que le pape, au cours de tout son pontificat, s’était toujours montré soucieux de dialogue interreligieux et respectueux des religions, Mgr Marcus Fernando, au nom de tous les évêques du Sri Lanka, écrit qu’il est bien conscient que les sentiments des frères et soeurs bouddhistes ont été blessés. Il exprime “ses profonds regrets à tous et à chacun en espérant que la bonne volonté et la compréhension qui ont présidé aux relations interreligieuses dans le pays n’en souffriront pas