Eglises d'Asie

L’envoi d’une délégation à Manille pour la visite du pape manifeste la volonté des dirigeants catholiques « officiels » de se rapprocher de Rome

Publié le 18/03/2010




Vingt-quatre jeunes, prêtres, laïcs, religieuses et séminaristes, appartenant à l’Eglise catholique « officielle » de Chine, participeront aux journées mondiales de la jeunesse organisées à Manille à partir du 10 janvier 1995. Le pape Jean-Paul II y sera présent les 14 et 15 janvier. Les jeunes délégués chinois seront rejoints à Manille par quinze de leurs compatriotes qui se trouvent déjà aux Philippines pour leurs études.

Selon le P. Ismaël Zuloaga, responsable de la conférence jésuite pour l’Asie de l’est, le cardinal Jaime Sin, archevêque de Manille, avait envoyé une invitation à l’Eglise « officielle » de Chine qui y avait répondu favorablement. Dans une lettre au P. Zuloaga, les responsables chinois écrivent que « cette visite sera très importante dans la mesure où c’est la première fois que notre Eglise participe à un tel événementL’ambassade de Chine à Manille se montre elle aussi très coopérative pour organiser la venue de la délégation des jeunes catholiques chinois.

De son côté, Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois et porte-parole habituel de la ligne officielle du Parti communiste, a déclaré que « la visite de la délégation catholique chinoise à Manille à l’occasion de la venue du pape doit être considérée comme une affaire religieuse et non politiqueLiu Bainian a eu lui-même l’occasion de serrer la main au pape à Rome au début du mois de novembre 1995 et s’est dit « très émuIl y a peu, le geste aurait été considéré comme « contre-révolutionnaire ». La délégation chinoise espère pouvoir rencontrer le pape en privé à Manille, mais rien n’a encore été fixé à ce sujet, selon Liu Bainian.

Depuis quelques mois, l’Eglise catholique chinoise « officielle » multiplie les gestes publics de reconnaissance de la primauté spirituelle du pape (3). On peut y voir, d’une part, la volonté des dirigeants catholiques « officiels » de couper l’herbe sous le pied des catholiques « clandestins » et, d’autre part, une manifestation de la volonté gouvernementale de rapprochement avec Rome (4).

Il est certain que la question de l’Eglise de Chine sera abordée lors de la sixième assemblée générale de la fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC) qui aura lieu à Manille pendant la visite du pape. 250 évêques y représenteront 18 conférences épiscopales.