Eglises d'Asie

Dans son message de Manille, le pape demande aux catholiques chinois de se réconcilier entre eux et d’être en communion avec lui

Publié le 18/03/2010




Le pape Jean-Paul II a profité de la célébration du vingt-cinquième anniversaire de Radio Veritas-Asie le 14 janvier 1995, au cours de son séjour aux Philippines, pour adresser un message très attendu aux catholiques de Chine. Il met l’accent sur la nécessité d’une réconciliation en Chine même entre l’Eglise dite « clandestine », explicitement fidèle au pape, et l’Eglise officiellement reconnue par le gouvernement. Il rappelle ensuite l’exigence de la communion avec le successeur de Pierre et l’Eglise universelle.

Conscient des appels à l’unité qui lui parviennent des catholiques de Chine et en particulier des dirigeants « officiels », le pape situe clairement le fondement de l’unité chrétienne dans la personne du Christ et l’appartenance à son corps mystique. Il transcende ainsi tout calcul politique : L’unité, dit-il, n’est pas le fruit de politiques humaines ou d’intentions cachées et mystérieuses. Au contraire, l’unité jaillit de la conversion du coeur et de l’acceptation sincère des principes intangibles établis par le Christ pour son Eglise » (5).

Le pape souhaite ainsi que le gouvernement chinois reconnaisse l’originalité de la communauté chrétienne selon laquelle les fidèles sont soumis à leur gouvernement et observent les lois du pays en tant que citoyens, mais doivent aussi respecter les orientations de l’Eglise universelle en matière de foi et de morale en tant que croyants. Ceci suppose que les évêques de Chine puissent communiquer ouvertement avec le pape, gardien de la foi et de l’unité de l’Eglise, ainsi qu’avec leurs frères évêques dans le monde, en particulier ceux des conférences épiscopales d’Asie. Jean-Paul II confirme d’ailleurs que beaucoup d’évêques « officiels » lui ont envoyé discrètement des témoignages de fidélité.

Les avantages politiques que Pékin pourrait retirer d’une reconnaissance par Rome ne sont sans doute pas négligeables : confirmation de l’existence d’une seule Chine; soutien moral en un temps où la Chine est souvent critiquée pour ses violations des droits de l’homme; invitation à tous les catholiques « clandestins » à se rallier aux structures approuvées par le gouvernement. Mais, rappelle le pape, cette unité « politique » ne peut se faire que si les chrétiens ont la possibilité d’exprimer et de vivre leur foi religieuse avec une marge suffisante de liberté.

Jusqu’à présent, les seules réactions du gouvernement chinois au message papal ont été celles d’un porte-parole du ministère des affaires étrangères qui a rappelé les conditions d’un rétablissement des relations diplomatiques : que le Vatican cesse de reconnaître Taiwan et qu’il ne s’immisce pas dans les affaires intérieures de la Chine, y compris dans le domaine religieux.