Eglises d'Asie – Birmanie
La conférence épiscopale a fait des propositions sur la liberté religieuse pour la nouvelle constitution de l’Etat
Publié le 18/03/2010
Les évêques prennent acte de la bonne volonté apparente manifestée par le gouvernement militaire birman quand il demande la coopération de l’ensemble des citoyens à la rédaction de la nouvelle constitution, mais ils n’en notent pas moins les limites du projet élaboré par la convention nationale réunie à cet effet depuis les premiers mois de l’année 1994.
C’est sans doute avec quelque soulagement que les évêques ont constaté que le bouddhisme ne devenait pas religion d’Etat, comme on avait pu le craindre auparavant dans certains milieux. Il est seulement reconnu comme “la religion de la majorité du peuplemême si lui est accordée, de ce fait, “une position particulière
Cependant, la liberté religieuse que les évêques réclament va bien au-delà de la liberté de culte reconnue par la convention nationale. Là où celle-ci propose “la liberté de conscience et le droit de professer et de pratiquer une religionles évêques préfèreraient que l’on parle de “liberté d’opinion, de conscience et de religion… (liberté) de manifester sa religion ou sa croyance par le culte, l’observance, la pratique et l’enseignementIl est clair que les évêques ne veulent pas se contenter de la liberté de culte mais aimeraient aussi jouir de la liberté d’enseigner et de propager le christianisme.
Cette exigence se retrouve en d’autres termes quand ils demandent que l’on reconnaisse le droit de chaque enfant à l’éducation religieuse selon les désirs de ses parents. La convention nationale, dans l’article 22 de ses propositions consacré à l’éducation de la jeunesse, se contente de dire que “l’Etat s’efforcera d’insuffler à la jeunesse un esprit patriotique, fort et dynamique, et la manière correcte de penser
Là où la convention nationale dit que le droit de professer et pratiquer une religion “n’inclut pas des activités économiques, financières, politiques ou séculières qui pourraient être associées à la pratique religieuseles évêques revendiquent clairement le droit de “travailler librement à développer leurs activités sociales, charitables et éducatives afin de mettre en oeuvre leurs préceptes religieux d’amour du prochainIl faut noter à ce sujet que, depuis 1966, l’Eglise catholique de Birmanie ne possède plus ni écoles ni hôpitaux ni institutions autres que celles directement liées au culte, c’est-à-dire les églises et les presbytères.
Enfin, les évêques demandent que l’Etat ne fasse pas de discrimination “fondée sur la religion ou sur l’appartenance à une minorité religieuseCet appel prend tout son sens dans un pays où les rébellions ethniques sont endémiques depuis un demi-siècle et concernent souvent des minorités religieuses.
Le projet de constitution pour l’Etat du Myanmar est toujours en discussion et n’a pas été rendu effectif pour le moment. Le 8 janvier 1995, le ministre birman des affaires religieuses, le lieutenant-général Myo Nyunt, a rencontré les évêques catholiques à Rangoun au siège même de la conférence épiscopale. Le ministre était accompagné du directeur général des affaires religieuses, U Arnt Maung, et d’autres hauts fonctionnaires. Les propositions des évêques ont certainement été discutées.
(2) Voir le document annexe avec le texte complet de la proposition des évêques et le résumé fait par le journal de Rangoun, “The New Light of Myanmar”, du projet de constitution.