LE MESSAGE DU PAPE A L’EGLISE DE CHINE A l’occasion de son voyage en Asie

Chers frères et soeurs de l’Eglise en Chine, je suis bien conscient des difficultés au milieu desquelles vous êtes appelés à rendre témoignage de votre foi en Christ. Le concile Vatican II parle de l’Eglise tout entière d’une manière que l’on peut très bien appliquer à votre expérience : « L’Eglise avance dans son pèlerinage (1) à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu, annonçant la croix et la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (cf 1 Cor. 11, 26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière » (concile Vatican II, constitution dogmatique de l’Eglise, « Lumen Gentium », 8).

A vous, chers catholiques de Chine, la divine providence a confié la tâche de vivre la foi au milieu d’un peuple aux traditions culturelles anciennes. Vous êtes appelés à être « le sel de la terre » et « la lumière du monde »pour que tous voyant vos bonnes actions rendent gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matt. 5, 16). Gardez donc les yeux fixés sur « le Christ, lumière des nations ». N’ayez pas peur : il a vaincu le monde (cf Jn 16,33), il est avec vous pour toujours (Matt. 28,20).

Votre témoignage sera d’autant plus éloquent qu’il sera exprimé en paroles et en actes d’amour. Jésus l’a dit : « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples, à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35). Tout d’abord amour entre vous, mais amour aussi pour tous vos frères et soeurs chinois : un amour qui est fait de compréhension, de respect, de patience, de pardon et de réconciliation dans la communauté chrétienne, un amour qui implique le service, le sacrifice de soi, la fidélité, le travail, l’honnêteté et la justice dans la société dans son ensemble.

Cependant, l’amour authentique ne peut pas être séparé de la vérité. St Paul recommande aux Ephésiens de « vivre dans la vérité et dans l’amour » (Ephésiens, 4,15). Chers frères et soeurs, l’unité profonde qui marque toutes les communautés chrétiennes à travers le monde doit se fonder sur la vérité qui brille dans l’Evangile et sur la charité qui sort du coeur du Christ. Ce doit être aussi votre cas. Chaque jour, je prie pour vous, demandant au Seigneur de vous aider à rester unis comme les membres vivants du corps mystique uni du Christ.

L’unité n’est pas le fruit de politiques humaines ou d’intentions mystérieuses et cachées. Au contraire, l’unité jaillit de la conversion du coeur et de l’acceptation sincère des principes intangibles établis par le Christ pour son Eglise. Particulièrement importante parmi ces principes est la communion effective de toutes les parties de l’Eglise avec sa fondation visible : Pierre, le roc. En conséquence, un catholique qui désire le rester et être reconnu comme tel ne peut pas rejeter le principe de communion avec le successeur de Pierre.

Combien de témoignages de foi, combien de messages de fidélité, j’ai reçu de la part des communautés à travers la Chine ! Des évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs ont voulu réaffirmer leur pleine et indéfectible communion avec Pierre et le reste de l’Eglise. Comme pasteur de l’Eglise universelle, mon coeur se réjouit beaucoup de cela. Je vous invite tous vivement à chercher les chemins de la communion et de la réconciliation, des chemins qui s’inspirent et s’illuminent de la Vérité elle-même : Jésus-Christ.

Je vous confie tous à la protection maternelle de Marie, reine de Chine. La grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit soient toujours avec vous. Amen.