Eglises d'Asie

Une lettre pastorale attribuée à la conférence épiscopale « clandestine » est distribuée aux Etats-Unis

Publié le 18/03/2010




Une lettre pastorale de la conférence épiscopale « clandestine » (4), datée de décembre 1994, a été diffusée par la Fondation cardinal Kung (Mgr Gong Pinmei, cardinal-archevêque de Shanghai retiré aux Etats-Unis) (5). A l’occasion du sept-centième anniversaire de l’arrivée de Jean de Montcorvin, premier évêque de Pékin, les évêques chinois rappellent que la fidélité au pape va au-delà de la simple reconnaissance de son rôle de chef spirituel. Ils s’en prennent aussi avec vigueur à la structure de l’Eglise « officielle » qui rend les évêques chinois responsables devant une Assemblée nationale de représentants catholiques.

La lettre pastorale des évêques clandestins soulève la question de fond de l’intégration politique de l’Eglise en Chine, telle qu’elle s’est encore manifestée au 5ème Congrès des représentants catholiques en septembre 1992 (6). L’autorité suprême de l’Eglise en Chine n’est ni le pape ni un concile oecuménique, mais une Assemblée générale de représentants catholiques. La dernière Assemblée était composée des 68 évêques officiels (dont une cinquantaine présents), de 101 prêtres, de 13 religieuses et de 90 laïcs. Cette Assemblée, qui se réunit tous les cinq ans, entend les rapports de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique et élit les nouveaux dirigeants de ces deux organismes. Elle a pouvoir de modifier leurs constitutions et même de dissoudre la Conférence épiscopale. Parmi les représentants élus à cette assemblée, on compte évidemment une majorité de délégués « patriotiques » acquis à la ligne du Parti communiste chinois (7).

Dans une lettre accompagnant le document épiscopal et datée du 31 janvier 1995, M. Joseph M. C. Kung, président de la Fondation cardinal Kung, et ses collaborateurs américains retiennent du message du pape à Manille le 14 janvier 1995 son allusion aux difficultés que rencontrent les chrétiens de Chine dans leur témoignage de foi. N’usant pas de la même discrétion que le Saint-Siège (8), ils insistent sur le caractère toujours actuel de la persécution et reprochent au gouvernement chinois d’avoir « établi sa propre Eglise, appelée l’Association patriotique des catholiques de Chine »Il est vrai que l’Association patriotique s’ingère souvent de façon abusive dans les affaires religieuses, commente un observateur attentif de la scène chinoise, interrogé par Eglises d’Asie, le 2 février 1995, « mais c’est lui faire beaucoup d’honneur que de la transformer en « Eglise

La lettre d’accompagnement ajoute que cette « soi-disant Eglise, ne reconnaissant pas l’autorité suprême de l’Eglise catholique qui est le souverain pontife, est par conséquent une Eglise schismatiqueIci encore, c’est aller au-delà du jugement de Rome qui s’est abstenu de parler de schisme du fait que la séparation actuelle de l’Eglise en Chine est d’abord due à des pressions politiques et que les évêques de Chine demeurent en union de foi.

Selon notre observateur commentant les fonctions de cette Assemblée des représentants catholiques, « en d’autres circonstances, la participation de religieuses et de laïcs pourrait constituer un progrès dans la gestion de l’Eglise. Il pourrait s’agir d’un synode national de caractère relativement démocratique. Mais pour qu’un tel synode s’inscrive bien dans la vie de l’Eglise, il faudrait qu’il soit convoqué par des évêques ouvertement en communion avec Rome, faute de quoi l’Eglise perdrait son caractère hiérarchique. Dans l’Eglise, en effet, contrairement aux sociétés politiques, l’autorité ne vient pas du peuple, mais d’en haut. Confiée par Jésus à ses apôtres, l’autorité est transmise aux évêques qui demeurent unis au successeur de saint Pierre chef des apôtres. Ceci n’exclut nullement une large participation du peuple chrétien à la vie de l’Eglise, comme en témoignent de nombreux synodes pastoraux. Malgré cela, la dernière Assemblée des catholiques de Chine marquait en fait un progrès relatif par rapport aux précédentes en tentant de donner plus de poids au collège des évêques et en réservant officiellement un rôle d' »assistance » à l’Association patriotique

« Plutôt que d’enfermer l’Eglise de Chine dans un schisme, ajoute-t-il, il serait peut-être plus utile d’oeuvrer à sa réconciliation avec l’Eglise universelle en multipliant les échanges et les gestes de communion. Est-ce là un rêve d’occidentaux facilement trompés par la propagande communiste de ‘liberté religieuse’? Je remarque que nombre d’évêques et prêtres chinois, en Chine, à Taiwan et ailleurs, partagent cette volonté de réconciliation. Par ailleurs, nous ne savons pas qui a rédigé la lettre pastorale en question et combien d’évêques clandestins l’ont approuvée ».