Eglises d'Asie – Chine
Tibet : les autorités communistes écartent l’idée de référendum proposée par le Dalaï-lama
Publié le 18/03/2010
Au sujet de la situation démographique, Norbu a qualifié de pure invention de Tibétains de l’extérieur l’affirmation selon laquelle Pékin chercherait à renforcer son pouvoir en favorisant une immigration massive de Chinois han (4). A la fin de 1994, a-t-il précisé, la population atteignait le total de 2 320 000 habitants, comprenant 96,4 pour cent de Tibétains, 2,8 pour cent de Han et 0,8 pour cent d’autres ethnies. Il est également faux de prétendre que des Han venus des provinces voisines ne seraient pas déclarés. « En vérité il n’y a pas de problème d’immigration. Le Tibet est une région extrêmement froide, où l’oxygène est rare. Les Han ont beaucoup de mal à s’y acclimaterLeur nombre a d’ailleurs diminué de 71 000 en 1985 à 66 000. Mais Norbu se dit néanmoins favorable à de nouvelles implantations dans l’avenir : « Si c’est une bonne chose pour le développement du Tibet et pour sa population, pourquoi pas davantage de Han ? Nous leur ferons bon accueil et je ne vois rien à critiquer là dedans
Le nombre des cadres et fonctionnaires d’origine han peut paraître disproportonné : ils sont vingt-huit pour cent pour l’ensemble, pas loin de quarante pour cent au-dessus de l’échelon du district. Cela se justifie selon le président du gouvernement populaire du fait que le Tibet était un pays en retard, où le niveau d’instruction était fort bas. M. Raidi ajoute que 67 pour cent des enfants tibétains d’âge scolaire sont scolarisés – selon lui une réussite remarquable – et dix mille Tibétains ont été envoyés suivre des cours en d’autres régions de Chine.
Sur le plan économique, Pékin affirme avoir dépensé 35 milliards de yuan au Tibet depuis 42 ans, mais le vice-secrétaire du parti pour la région autonome admet que la pauvreté y reste un problème. Plus du quart de la population rurale est incapable de se procurer nourriture et vêtements. Le gouvernement central compte que la région atteindra d’ici cinq ans un taux de croissance annuel de dix pour cent, Pékin ayant réservé en 1994 2,38 milliards de yuan pour 62 projets spéciaux de construction au Tibet.
Quant aux discussions avec le gouvernement du Dalaï-lama en exil, commencées en 1980 et interrompues en août 1992, Pékin, déclare M. Raidi, ne les reprendra pas. Il rejette sur le chef religieux la responsabilité de la rupture, faute d’avoir mis fin à ses « menées séparatistes ». « Dès que le Dalaï-lama aura renoncé à son objectif d’un Tibet indépendant et à toute entreprise contre l’unité de la Chine, le gouvernement central sera heureux de le voir mettre fin à l’exil auquel il s’est condamné
M. Raidi trouve incongrue l’idée d’organiser un référendum au Tibet pour savoir si les Tibétains sont satisfaits sous le gouvernement de Pékin. « Le Tibet est une région autonome sous souveraineté de la Chine. La question d’y organiser un référendum ne se pose tout simplement pas. Ce n’est qu’un artifice pitoyable de la clique du Dalai-lama et de certaines forces occidentales antichinoises pour porter atteinte à l’unité de la Chine. Il est vrai qu’il y a eu au Tibet, depuis septembre 1987, nombre d’actes d’insubordination à divers niveaux, mais dans sa grande majorité la population tibétaine, y compris les moines et les lamas, est fermement opposée aux menées séparatistes. Quarante ans après sa libération, le peuple tibétain vit heureux. »
Les observateurs extérieurs ont noté que tout en maintenant leur position rigide à l’égard du Dalai-lama, les dirigeants du Tibet ont baissé le ton de leurs diatribes contre « les forces occidentales hostilesLa Chine qui voudrait attirer des aides étrangères et des investisseurs au Tibet pour compléter son propre effort a peine à trouver des concours. Selon l’agence de presse officielle Xinhua, des investissements étrangers au Tibet ont été approuvés en 1994 pour un montant de 20 millions de dollars américains. Depuis deux mois les échos de mouvements de révolte et d’arrestations de religieuses et de moines ont mis les défenseurs des droits de l’homme en alerte. Ils ont incité la Communauté européenne à annuler un projet d’aide alimentaire de neuf millions de dollars américains, et d’autres projets d’assistance internationale sont devenus l’occasion d’une contre-publicité.