Eglises d'Asie

Le pouvoir encourage la reprise d’une fête ancienne au mausolée de l’Empereur jaune

Publié le 18/03/2010




Sous l’égide d’un des souverains les plus anciens du peuple chinois selon la légende, la plus grande cérémonie depuis 1949 s’est déroulée cette année avec l’autorisation officielle, au début du mois d’avril, au mausolée de l’Empereur jaune près de Xi’an, capitale de la province de Shaanxi. Selon un article de Express du 30 mars, la célébration a duré une semaine et a été en partie retransmise par le réseau national de télévision. Un corps de ballet de six cents danseurs s’est produit la veille du Qingming, fête du nettoyage des tombes et journée du souvenir des ancêtres. La cérémonie principale a eu lieu le jour même du Qingming (5 avril), sixième jour du troisième mois lunaire, telle qu’elle se faisait avant la prise de pouvoir par les communistes en 1949. Ceux-ci l’ont interdite comme manifestation superstitieuse. Elle a été remise en honneur en 1994, en présence d’un membre du comité permanent du Politburo, Li Ruihuan, président d’honneur de la fondation du mausolée de l’Empereur jaune. On a ajouté cette année un rite spécial pour rendre grâce de l’achèvement presque complet de la rénovation du mausolée, grâce à la collecte d’une somme équivalant à 1,12 million de dollars américains.

Le journal pro-communiste Wen Wei Po du 29 mars écrit que la fête de cette année surpasse tout ce qui a été fait dans le passé. Le vice-gouverneur du Shaanxi, Jiang Xizhen, cité par l’agence Xinhua News, a expliqué dans quel but : “promouvoir la culture de la nation chinoise et à inspirer l’esprit national”. Selon Express, cela fait partie de la campagne lancée cette année par le Parti communiste pour instiller le patriotisme dans la population. Le parti chercherait aussi à se donner une légitimité aux yeux de la population. C’est ce qui ressort de ses récentes initiatives pour promouvoir le confucianisme comme son nouveau pilier idéologique (1).

Le soutien gouvernemental à cette fête traditionnelle au mausolée de l’Empereur jaune ne doit pas s’entendre comme un aval des communistes chinois à un culte ethnique des ancêtres. Mais la restauration d’un tel rite a au moins un double intérêt. Il pourrait devenir une attraction touristique annuelle, au profit de Xi’an, et gagner le soutien des paysans de la Chine centrale au gouvernement. Ce sont des avantages pratiques et politiques. Il est cependant possible que le gouvernement ait encouragé sans le vouloir un culte des ancêtres ordinairement lié au renouveau du confucianisme.