Eglises d'Asie

Mgr Ding Guangxun invite les protestants de Chine à être partie prenante dans la vie intellectuelle du pays

Publié le 18/03/2010




Importance de la formation théologique

« Dans notre Eglise, il y a en fait des gens qui sousestiment la théologie. Il suffirait, pensentils, que le théologat soit une simple école de prédicateurs. D’autres affichent le même mépris de la théologie en voulant que le théologat ne serve qu’à la formation politique des pasteurs. Le théologat doit sans doute cultiver chez ses membres la capacité de prêcher, et ses diplômés doivent exceller en politique, mais lorsqu’il s’agit de bien administrer l’Eglise, on ne peut se dispenser d’une base de pensée théologique. La pensée théologique trouve sa source dans l’étude de la Bible et dans un examen pénétrant de l’expérience historique de la vie ecclésiale et des débats théologiques; elle puise au vaste horizon de l’intérieur du pays aussi bien que des échanges avec l’Eglise universelle, parvenant ainsi à commander la pratique de l’Eglise. L’Eglise en Chine a un besoin extrême de théologie, comment le dénier? La Bible chrétienne est en ellemême une oeuvre théologique magistrale. Comment prendre pour excuse que le mot « théologie » ne se trouve pas dans la Bible pour nier la théologie? A travers son langage, son mode d’expression particulier et les sentiments élevés qu’elle éveille en l’homme, la Bible nous fournit un riche matériau de pensée théologique.

Ces dernières années, notre Collège Jinling s’est appliqué à élargir les échanges théologiques pour avancer notre développement théologique en Chine en envoyant des étudiants à l’étranger. Cet effort a reçu le soutien chaleureux des Eglises d’Amérique, du Canada, du Royaume Uni, etc. »

La gestion démocratique des communautés

« Notre pays est un Etat indépendant, notre Eglise est une Eglise indépendante, il faut le rappeler autant qu’il sera nécessaire… Quant aux communautés chrétiennes de base, il y a bien des endroits où une minorité, voire une ou deux personnes exercent une influence malheureuse: les finances ne sont pas publiques, la communauté n’est pas gérée comme une Eglise du Christ, les fidèles en souffrent. Il nous faut inviter les croyants à participer et superviser, à faire de la communauté de base une école de gestion démocratique. C’est là un trait particulier essentiel de l’Eglise protestante. Que ce soit dans le régime des « anciens » ou d’un « conseil », ou d’un « évêque », les fidèles détiennent toujours un pouvoir certain.

L’enregistrement légal des églises

« Les lettres arrivées récemment sont particulièrement nombreuses à soulever la question de l’enregistrement légal des lieux de culte. En ce qui concerne l’enregistrement , il faut d’abord souligner un point. Il s’agit de faire passer les lieux d’assemblée « souterrains » au statut de lieux d’assemblée publics. Dans n’importe quel pays, ce n’est pas un bon signe que les fidèles n’aient d’autre alternative que de croire en secret et de s’assembler secrètement. On ne peut pas dire alors qu’il y ait liberté religieuse. Si les fidèles peuvent s’assembler au grand jour, la population environnante et le gouvernement peuvent être rassurés et les croyants vivre en paix. Il n’y a qu’à pratiquer des activités religieuses normales, ne rien faire de honteux, bienvenue à ceux qui veulent venir voir, écouter, superviser! Suivant les directives du Bureau des affaires religieuses du Conseil d’Etat, toute assemblée chrétienne peut se faire enregistrer pourvu qu’elle remplisse six conditions très simples et faciles. C’est dire que le gouvernement ne cherche pas à opprimer les églises ou à profiter de cette occasion pour les maltraiter. En vérité, cette opposition entre le permis et l’interdit, l’officiel et le clandestin, c’était autrefois le modèle soviétique, ce n’est pas le socialisme aux couleurs chinoises… Sur cette question de l’enregistrement, j’ai pris rendezvous en même temps que mon collègue Luo Guanzong avec un dirigeant du Burau de législation du Conseil d’Etat. Ce camarade nous a dit: s’enregistrer, c’est s’enregistrer; il faut distinguer le fait de s’enregistrer des autres activités habituelles; les conditions d’enregistrement ne définissent pas ce qu’il y a à faire, même s’il s’agit de faire quelque chose de bien; n’augmentons pas le contenu de l’enregistrement.

Du côté des deux associations (Mouvement patriotique des Trois Autonomies et Conseil chrétien de Chine), il n’est pas question de profiter de l’occasion pour effectuer un discernement chez tous les collègues qui détiennent une responsabilité d’Eglise dans l’ensemble du pays. D’abord, ce serait difficile vu l’ampleur du travail d’enregistrement; deuxièmement, sur un territoire aussi vaste, comment les deux associations pourraientelles opérer un discernement chez autant d’inconnus? Troisièmement, nous avons déjà du mal à faire grandir notre unité, comment pourrionsnous à la légère nous ériger en juges de qui est capable et qui ne l’est pas, faisant ainsi grandir nos conflits? Au cours de cet enregistrement, la responsabilité de nos deux associations n’est que de faciliter la tâche du gouvernement, tout en lui communiquant au moment voulu les problèmes et vues de l’Eglise.

Je ne pensais pas qu’aujourd’hui encore certains fidèles s’opposeraient à l’enregistrement sous prétexte que « nous sommes le peuple de Dieu, nous obéissons à Dieu et non pas aux hommes ». Ces gens n’ont pas fait preuve de la même opposition lorsqu’il s’agissait du recensement de la population, sinon comment auraientil pu obtenir leur carte d’identité?

L’Eglise est sans doute une société spirituelle, mais sur la terre, elle est également temporelle. On m’a montré récemment un article venu d’Amérique qui en des termes semblables invitait les chrétiens de Chine à refuser l’enregistrement.

Si nous adoptons cette politique de fermeture en multipliant les obstacles à l’enregistrement, ne joignonsnous pas un courant étranger hostile à la Chine? Nous le savons tous, il y a à l’étranger des gens qui, s’appuyant sur le fait que le le Parti au pouvoir dans notre pays est athée, en concluent que le Parti communiste et le gouvernement sont ennemis de la religion et qu’ils cherchent à l’anéantir. C’est trop ignorer les faits. En ce qui concerne le protestantisme, le redressement en cours depuis plus d’une décennie nous a permis d’ouvrir trois églises tous les deux jours, sans compter quelques dizaines de milliers de lieux de culte. Nous avons imprimé plus de dix millions de bibles, nous avons ouvert 13 séminaires de théologie pour plusieurs centaines d’étudiants. Même si la politique de liberté religieuse ne donne pas pleinement satifaction, les résultats mentionnés cidessus marquentils une hostilité à la religion? veulentils anéantir la religion?

Place à des intellectuels chrétiens

« Ne nous laissonspourtant pas éblouir par ces chiffres. Les chrétiens de Chine doivent faire face à de nombreux problèmes qui méritent considération de la part des anciens de Jinling. Arrêtonsnous sur la question suivante: Les intellectuels de notre pays au cours des décennies précédentes n’ont sans doute pas traité les chrétiens avec compréhension, mais les chrétiens pour leur part ont trop manqué d’une capacité correspondante à dialoguer avec les intellectuels. Comme il nous faudrait un cercle d’intellectuels chrétiens commandant le respect dans les diverses disciplines et à tout niveau! Ces intellectuels chrétiens ne devraient pas se contenter de venir à l’église, ils devraient s’intégrer aux divers niveaux de direction des deux associations et ils devraient faire partie d’équipes de leur spécialité, y faire des amis et y prendre des postes responsables. Ils y parleraient de leur foi tout en élevant le niveau de compétence dans ces spécialités, leur assurant un rayonnement international. Ces spécialités incluent la création artistique et l’élévation de la recherche religieuse au niveau d’une branche scientifique du savoir… »