Eglises d'Asie – Pakistan
Un jeune chrétien, chef de file de la lutte contre l’esclavage des enfants, est assassiné
Publié le 18/03/2010
A l’âge de 4 ans, Iqbal avait été vendu par ses parents à un fabricant de tapis. Il devait rester près de six ans esclave de ce commerçant. Mais, en 1992, il profita d’une nouvelle loi qui abolissait en principe le travail des enfants. Depuis, il était devenu le symbole et le héraut d’une campagne internationale contre le travail des enfants. En novembre 1994, il avait été acclamé à Stockholm lors d’une conférence sur le travail. Il y avait donné son témoignage vécu sur les conditions terribles dans lesquelles vivent et travaillent les enfants employés, 16 heures par jour, 7 jours par semaine, par l’industrie du tissage, dans l’insécurité et pour un salaire de misère (quelque 15 centimes par jour). En décembre, il reçut à Boston (USA) le prix Reebock « Jeunes en action ». Comme il désirait devenir avocat, il décida de consacrer les 60 000 francs de son prix à ses études. Une université de Boston lui avait d’ailleurs promis de financer sa scolarité complète.
Depuis lors, fier de son admission dans une école de Lahore, il se vantait d’avoir joué un bon tour à son ancien patron. « Je n’ai plus peur de lui : c’est lui qui a peur de moi maintenant », disait-il. Par sa campagne internationale, Iqbal avait provoqué la fermeture de douzaines de fabriques de tapis, alors qu’il faisait libérer des milliers d’enfants au travail. Ce qui lui avait valu de nombreuses menaces de mort.
M. Ehsan Ullah Khan, président du front de libération des enfants esclaves, qui avait accompagné Iqbal à Boston, a fait ce commentaire : « Nous savons bien que sa mort est le résultat d’une conspiration ourdie par la mafia du tapis. Il était si courageux… Vous ne pouvez imaginer. Il a réussi à libérer des milliers d’enfants« .
Selon la Commission pour les droits de l’homme, le Pakistan compte environ six millions d’enfants au travail, âgés de 14 ans et au-dessous. Les fabricants de tapis préfèrent employer de jeunes enfants car leurs mains, plus fines, leur permettent de faire des noeuds plus petits et plus solides, ce qui donne aux tapis une valeur plus grande. Mme Benazir Bhutto, premier ministre du Pakistan, a bien promis de lutter contre le travail des enfants; mais peu a été fait jusqu’au présent. Il est vrai qu’elle doit compter avec des intérêts industriels extrêmement puissants.