Eglises d'Asie

Jiangxi : les autorités arrêtent des dizaines de catholiques clandestins à la suite de leur célébration publique de la fête de Pâques

Publié le 18/03/2010




Les forces de sécurité de Fuzhou dans la province de Jiangxi ont arrêté séparément une quarantaine de catholiques les 13, 14, 18 et 19 avril dernier, avant, pendant et après la fête de Pâques. La plupart ont été relâchés dans les jours suivants, mais dix-sept d’entre eux au moins – des hommes et des femmes âgés de dix-huit à soixante ans – sont encore détenus dans des prisons de la région à Chongren, Yihuang, Linchuan. L’un d’eux, Zhang Wenlin, est aveugle. D’autres comme Gao Shuyun et Huang Guanghua, deux femmes de 45 et 43 ans, ont été si violemment battues que leurs compagnons de cellule ont dû pendant plusieurs jours les aider à manger. Au nombre des prisonniers figure aussi une religieuse de vingt-trois ans, Wang Yuqin.

Sous le commandement du maire Xu Aimin et du chef de la sécurité Li Guohua, tous deux de Linchuan, la police continue ses recherches pour arrêter les dirigeants de la communauté clandestine de la région, organisateurs de la messe du dimanche de Pâques en plein air, sur la colline de Yujiashan, à la limite des districts de Chongren et de Linchuan. Les arrestations opérées quelques jours auparavant n’ont pas fait cesser l’affux des fidèles : plus de vingt mille personnes ont pris part à la célébration du jour de Pâques.

La persécution n’est pas chose nouvelle dans la province du Jiangxi. Le 29 décembre 1994 la police a arrêté en pleine rue, un prêtre clandestin, Xia Shaowu (3). Un étudiant arrêté avec lui a été relâché il y a quelques semaines. Mais on ne sait toujours rien du père Xia : c’est en vain que les membres de sa famille réclament de ses nouvelles à la police. Le 24 décembre, la messe de Noël de la communauté catholique de Xujiashan, toujours dans le territoire de Chongren, a été perturbée par des policiers, arrivés en douze voitures, qui ont contrôlé les papiers et jeté par terre les plats préparés par les fidèles pour un réveillon après la messe.

Ces arrestations et ces violences sont le résultat des dispositions contenues dans les réglements imposés aux activités religieuses en février 1994 par le premier ministre Li Peng. Elles prescrivent qu’une célébration n’est légitime que dans les lieux assignés par le gouvernement (dans les églises officiellement reconnues). Les prières et les cérémonies faites à la maison ou en d’autres endroits sont considérées comme des “troubles à l’ordre public” et des “activités antisocialeset de ce fait interdites. Pour ces motifs, des centaines de protestants et des dizaines de catholiques ont été arrêtés au cours des derniers mois.

Néanmoins beaucoup de communautés de l’Eglise non officielle préfèrent ne pas fréquenter les églises reconnues par le gouvernement par crainte de rester ligotées et contrôlées dans leur activité d’évangélisation. Le cas de Jiangxi est typique. L’évêque officiel de Nanchan, Mgr Wu Shizhen, que beaucoup jugent “timide et peureux”, est à la merci des autorités gouvernementales locales. Il existe aussi un évêque légitime, non reconnu par le gouvernement, Mgr Thomas Zeng Yingmu, qui subit des vexations continuelles de la police, parce que la communauté de Jiangxi fait corps avec lui.

Une autre motivation, moins noble, incite la police et les autorités locales aux persécutions : la possibilité de faire des profits et de s’approprier les biens des fidèles. Très souvent ceux qui sont arrêtés sans aucune accusation ne sont relâchés qu’après paiement de grosses amendes de 200 à 600 yuan, sommes égales au revenu annuel d’un paysan. Dans la situation d’extrême pauvreté qui est celle du Jiangxi, la persécution est aussi une affaire économique.