de la communauté internationale
La troisième réunion de la conférence internationale pour la reconstruction du Cambodge (CIRC) a rassemblé à Paris, les 14 et 15 mars, près d’une quarantaine de représentants des pays donateurs de fonds et d’organismes financiers internationaux. Selon la Banque mondiale, depuis la première réunion en septembre 1993, les pays donateurs ont fourni 1,6 milliard de dollars américains au Cambodge.
Avant la réunion, Sam Rainsy, ancien ministre cambodgien des finances, avait mené une campagne contre la corruption du gouvernement et le mauvais usage des fonds alloués par la communauté internationale. Dénonçant dans un document écrit le détournement de ces fonds, investis en villas sur la Côte d’azur ou placés sur des comptes en Suisse, sans cependant apporter aucune preuve concrète, il demandait aux pays donateurs de n’accorder que des aides conditionnelles et d’établir des mécanismes de contrôle de l’emploi des fonds alloués. Dans un document de onze pages, le gouvernement cambodgien a tenté assez maladroitement de se justifier et fait état des louanges que lui ont décernées les organismes internationaux.
Gordan Bilney, ministre australien du développement et de la coopération, a demandé que le gouvernement cambodgien démontre son application concrète des principes de la démocratie, afin de gagner la confiance des contribuables des pays donateurs. Le 9 mars, « Global Witness », association britannique pour le respect des droits de l’homme, a dénoncé, dans un rapport intitulé « Forêt, famine et guerre », le lien de cause à effet entre la déforestation et la situation alimentaire du pays et prédit des famines dans les années à venir. L’association affirme en outre que « les Khmers rouges tirent profit de chaque arbre coupé au Cambodge » (CD,13.3.95).
« Amnesty International », dans un rapport de 68 pages, et « Human Rights Watch », dans un rapport de cent pages intitulé « La guerre au Cambodge » et publié le 14 mars, dénoncent les nombreuses infractions aux droits de l’homme commises par le gouvernement cambodgien : meurtres, concription forcée, harcèlement de la minorité vietnamienne, freins à la liberté d’expression imposés par les autorités civiles et militaires. Toutefois « Amnesty » fait la part des choses et remarque que de petits pas ont été faits dans le bon sens : mise en place d’une cour d’appel, possibilité de porter plainte auprès de la commission de l’assemblée nationale des droits de l’homme. « Amnesty international » observe que « les autorités cambodgiennes semblent manquer de volonté politique et de moyens pour déférer à la justice les militaires et policiers responsables des violations. Ainsi le cercle infernal continue » (CD,14.3.95).
Dans une lettre aux deux co-premiers ministres cambodgiens, le père de Jean-Michel Braquet, otage assassiné au Cambodge en septembre dernier, les a traités de « cyniques« . Le Quai d’Orsay leur a exprimé « son vif mécontentement » et « ses profonds regrets » pour la façon dont a été gérée l’affaire des otages.
Le Fonds monétaire international (F M I) a attiré l’attention des co-premiers ministres sur le fait que la suppression des produits de l’exploitation du bois enfreint les accords par lesquels il a été convenu de centraliser la perception des recettes de l’Etat. Le F M I s’est également inquiété du refus des co-premiers ministres de soumettre leurs engagements financiers à l’assemblée nationale.
A la conférence internationale pour la reconstruction du Cambodge, le gouvernement cambodgien a demandé 247 millions de dollars d’aides pour l’année en cours. Les pays donateurs lui ont promis 1,3 milliard en trois ans dont 473,8 millions pour 1995 et 4,3 pour le programme de déminage. Pour l’année en cours, le Japon, premier pays donateur, a accordé 80 millions, la France 50 millions, les Etats-Unis 39 millions. Selon Kéat Chhon, ministre cambodgien des finances, le Cambodge se suffira à lui-même en 1997. La CIRC sera remplacée par un organe de conseil.
Il est permis de regretter l’octroi d’aides prélevées sur les contribuables sans mise en place des mécanismes sérieux de contrôle. L’aide internationale est indispensable à la reconstruction du Cambodge, mais sa confiscation par une poignée de nantis installés aux postes-clés par clientélisme plus que par compétence est un mauvais service rendu au pays : elle accentue les inégalités, exacerbe le climat social, augmente l’opposition entre les villes et les campagnes délaissées,etc. Ce sont les mêmes conditions qui avaient favorisé l’émergence du mouvement khmer rouge. Pour l’immense majorité des paysans, les aides internationales n’ont rien changé à la misère dans laquelle ils tentent de survivre. Point n’est besoin d’être particulièrement clairvoyant pour pouvoir affimrmer que la déforestation massive poursuivie au Cambodge compromet sérieusement l’équilibre alimentaire de sa population. L’an prochain le gouvernement demandera des aides pour parer aux conséquences désastreuses des inondations et de la sécheresse.
La déforestation et l’exportation du bois continuent à vive allure : 300 camions par jour, selon le secrétaire d’Etat à l’environnement. Au témoignage d’employés des douanes seule une infirme partie des taxes est versée au Trésor national. Selon Kéat Chon, ministre des finances, la société malaisienne Samling à laquelle a été concédée l’exploitation de 787 610 hectares de forêts s’est engagée à replanter des arbres, mais cette clause n’est stipulée dans aucun contrat (CD 7.3.95). En principe l’abattage et le transport des grumes devraient cesser dès le 1er mai.
Droits de l’homme
Le respect des droits de l’homme a été mis comme condition à l’octroi des aides extérieures. Or plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dénoncent une dérive autoritaire du gouvernement de Phnom-Penh, qui tente de supprimer toute opposition. Ses enquêtes sur les violations des droits de l’homme qui lui sont signalées paraissent moins une recherche de la vérité qu’une tentative de contrer ces organisations (PPH Post, 10.3.95). Celles-ci s’inquiètent des abus commis sous couvert du décret qui a mis les Khmers rouges hors la loi. Kem Sokha, député du parti démocratique bouddhiste ibéral et responsable de la commission des droits de l’homme de l’assemblée, affirme avoir reçu de nombreuses menaces de mort de la part de membres du gouvernement et de l’armée (PPH Post, 7.4.95). C’est dans ce climat qu’il convient de voir l’affaire du bureau des droits de l’hoomme de l’ONU.
Les accords de Paris avaient prévu la mise en place d’un bureau de l’ONU pour vérifier le respect des droits de l’homme au Cambodge. Ce bureau devait spécialement s’inquiéter des « pratiques khmères rouges d’antanmais pas uniquement. L’Australien Justice Michael Kirbi est le délégué spécial du secrétaire général de l’ONU pour la question des droits de l’homme au Cambodge. Il a eu l’occasion de présenter à l’assemblée générale des Nations-Unies des rapports précis sur les violations des droits de l’homme au Cambodge. Depuis octobre 1993, l’ONU a affecté un million de dollars à la promotion des droits de l’homme au Cambodge.
Or les deux co-premiers ministres cambodgiens ont adressé écrit une lettre en date du 28 février 1995 au secrétaire général de l’ONU pour demander que le mandat du bureau des droits de l’homme de l’ONU soit redéfini. « Nous demandons que le mandat ne soit pas reconduit, pour qu’il soit bien clair à la face du monde que le Cambodge n’est plus dans une situation critique en matière de droits de l’homme » . La lettre n’a toutefois été envoyée que le 15 mars, après la réunion de la CIRC de Paris et la clôture de la session annuelle de la commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Cette lettre, appuyée sinon inspirée par l’Indonésie et la Malaisie, n’a pas été discutée ni approuvée par l’assemblée nationale (PPH Post, 24.3 95). Boutros Boutros-Ghali a demandé des explications et après discussion avec Hun sen, décidé l’envoi d’un repérsentant de l’ONU à Phnom-Penh pour étudier la demande. A Pékin, Sihanouk manifeste sa volonté que le bureau reste ouvert. Sâr Kheng, ministre de l’intétieur, est du même avis. Les organisations dé défense des droits de l’homme craignent qu’après la fermeture du bureau de l’ONU on leur intime le même ordre. Devant le tollé suscité par leur lettre, les co-premiers ministres en minimisent la portée. « Le gouvernement accueillera toujours les observateurs de l’ONU si l’opinion publique cambodgienne désire le maintien de leur bureau » déclare Hun Sen. Et Ranariddh : « Le gouvernement ne voulait pas fermer le bureau, mais seulement redéfinir son rôleL’intervalle entre la date de la lettre et celle où elle a été rendue publique marque à l’évidence que ses auteurs avaient admis le rapport entre respect des droits de l’homme et aides extérieures.
Dans le même registre on peut également noter les tentatives de mettre la presse au pas. Hun Sen menace de peines de prison les journalistes coupables de désinformation (CD, 3.3.95). Sihanouk, de Pékin, réaffirme sa volonté que la loi sur la presse ne comporte pas de peines de prison. Ranariddh et Chéa Sim, chef de l’Etat par intérim et président de l’assemblée nationale, se rangent à son avis. Ieng Mouly, ministre de l’information, est également partisan de la suppression de toute peine de prison dans la loi sur la presse. Le 18 avril, Hun Sen et Ranariddh atténuent leur position et s’opposent à l’inscription de peines de prison dans la loi sur la presse.
La presse cambodgienne est malade. « Réasmey Kampuchéa » (Rayon de lumière du Cambodge) considéré comme le meilleur quotidien d’information en langue khmère, a annoncé le 7 mars la fin de sa parution dans la seconde quinzaine de mars. Ce quotidien édité à Bangkok appartient à Thaï Bun Ma, fils de Thaï Bun Rong, magnat de la presse et homme d’affaires thaïlandais, dont les spéculations financières sur le marché de Phnom-Penh ont défrayé la chronique. Le directeur du journal invoque le coût trop élevé de sa fabrication et de son transport. Le journal qui tirait en 1991 à 30 000 exemplaires, ne tire plus aujourd’hui qu’entre 5 et 10 000 (CD, 9.3.95). Peu après le 7 mars toutefois le directeur a fait savoir que sa précédente déclaration n’était qu’à but interne et que son journal continuerait.
« Koh Santéphéap » (Ile de la paix), autre journal important en langue khmère, annonce sa fermeture pour le mois de mai. Ses ventes quotidiennes sont passées de 20 000 à 5 000.
Un quotidien qui ne fait déjà pas fortune dans un pays industrialisé le peut d’autant moins dans un pays de civilisation orale où la lecture n’est pas un passe-temps favori.
Climat de crise politique
Pendant que les deux co-premiers ministres étaient à la réunion de la CIRC à Paris, le pays a été pendant vingt-quatre heures sans chef aux commandes du gouvernement, faute d’un décret nommant premier ministre par interim Sâr Kheng ministre de l’intérieur. La ville de Phnom-Penh est restée calme, mais des manoeuvres se sont tramées dans l’ombre en vue d’un coup d’Etat, suivies des rumeurs les plus folles pour justifier des mouvements de troupes près de Phnom-Penh. D’aucuns attribuent ces rumeurs au gouvernement en vue de radicaliser son pouvoir en promulguant l’état d’urgence.
Le 20 avril, à l’ouverture de la première session plénière annuelle de l’assemblée nationale présidée par le roi Sihanouk, des parlementaires sesont plaints que l’assemblée nationale soit devenue une chambre d’enregistrement qui délivre un blanc-seing au gouvernement. Aucun texte de loi élaboré par le parlement n’a été soumis au vote. Comme certains déplorent l’absence d’une opposition dans la vie politique du pays, Sam Rainsy prépare la formation d’une « nouvelle alliance politique » entre des parlementaires déçus par l’actuel gouvernement. Son programme se fixe pour objectifs de préserver l’intégrité territoriale, de garantir les droits de l’homme et de combattre la corruption. Sam Rainsy reste membre du FUNCINPEC et se défend de créer un nouveau parti. Il considère son alliance comme une force politique pouvant devenir une alternatve au gouvernement royal. Le soutien des parlementaires à son initiative reste toutefois limité : vingt s’étaient initialement déclarés favorables au projet, il en reste trois (CD 26.4.95).
Revers de l’armée gouvernementale
Les autorités gouvernementales ont maintes fois nié vouloir lancer une offensive générale de saison sèche. Elles préfèrent pratiquer la politique de la main tendue, avec une promesse d’amnistie aux déserteurs khmers rouges.
De source gouvernementale, 7 236 Khmers rouges se seraient ralliés depuis le mois de janvier 1994. Mais le nombre des défections aurait fortement chuté au cours des derniers mois. On signale cependant la défection de Pen Thy, connu sous le nom de « Bun », commandant du régiment 980 de la 11e division khmère rouge, opérant dans la région de Siem réap (CD, 24 et 30.3.95).
Mais à partir du mois de février 1995, après la réception du matériel lourd nouvellement acheté, les forces armées gouvernementales ont pourtant lancé une offensive contre les principales bases khmères rouges de l’ouest cambodgien : Païlin, Anlong Veng, Phnom Malai. Au début du mois de mars on a même annoncé la prise d’Anlong Veng, quartier général de Ta Mok, et la désertion de ses défenseurs. Certains généraux n’excluaient pas une attaque sur Païlin comme celle de l’an passé (CD, 9.3.95), les actions des forces gouvernementales dans la région de Battambang visant à ouvrir la route de Païlin. Leurs succès initiaux ont été très minces. Les Khmers rouges se sont retirés pour éviter les attaques frontales en continuant par petits groupes leur tactique de la terre brûlée. L’offensive contre Païlin prévue avant la mi-avril a finalement été reportée.
Selon Sar Kheng, ministre de l’intérieur, en février les Khmers rouges ont lancé 122 attaques, tué 13 soldats, 4 officiers de police et 35 civils, blessé 35 soldats, 7 officiers de police et 21 civils (CD,3.3.95). Durant les dix premiers jours de mars, dans les provinces du nord-ouest, 194 soldats ont été blessés surtout par les mines contre lesquelles ils ne disposent que de bambous comme moyen de détection (CD, 10.3.95).
Dans les districts de Rattanak Mondol plus de 19284 personnes ont dû quitter leurs villages. A ces réfugiés récents, non enregistrés, s’ajouteraient 81 803 réfugiés dans l’ensemble du pays (contre 158 000 l’an dernier), dont 38 168 dans la seule province de Battambang (CD, 4.4.95). 800 familles khmères rouges se sont pressées à la frontière pour fuir en Thaïlande. En cas d’entrée en Thaïlande, le gouvernement cambodgien demande que les réfugiés soient transportés par le CICR dans le camp de Kangvar, situé dans la province de Bantéay Méanchey. Pour éviter de tels mouvements de fuite, les Khmers rouges ont vidé les zones dangereuses de leur population (CD, 23.3.95).
Vers la mi-mars, un millier de soldats gouvernementaux appuyés par plusieurs tanks ont encerclé le village de Kla Noap à 20 km au sud de Poipet, à la frontière thaïlandaise dans le but de s’emparer du PC de la 365e division khmère rouge, installé dans les montagnes de Phnom Mak Huoeun et de Phnom Malai. L’armée vietnamienne s’y était déjà cassé les dents. Après quelques succès initiaux (prise de Phum Nong Men, Boeung Proma, Sra Tak, Tuol 35), l’armée a dû se replier, en annonçant qu’elle n’avait eu d’autre objectif que de repousser les Khmers rouges et les empêcher de lancer des roquettes sur les villes proches.
Le 2 mars un accrochage entre des forces cambodgiennes et des forces thaïlandaises a coûté aux premières 12 morts. Selon l’état-major cambodgien, l’accrochage aurait eu lieu à un kilomètre et demi à l’intérieur du territoire cambodgien et non pas en Thaïlande. Selon la radio khmère rouge, les forces thaïlandaises ont empêché une centaine de soldats cambodgiens gouvernementaux d’entrer en Thaïlande pour prendre à revers les bases khmères rouges. Des observateurs étrangers pensent que l’armée thaïlandaise continue son soutien logistique aux Khmers rouges par l’intermédiaire de l’unité 838 et lui fournit des informations par l’intermédiaire de l’unité 315 (PPH post, 23.3 et 7.4.95).
Le 3 mars l’état-major gouvernemental a annoncé la prise d’Anlong Veng, quartier général de Ta Mok, défendu par 260 guérilleros et encerclé par 8 000 oldats gouvernementaux. Mais les Khmers rouges ont démenti. Au cours des semaines suivantes, la réalité s’est révélée toute autre : les défenseurs seraient au moins 500 et la place est défendue par des pièges et des champs de mines qui empêchent toute avance gouvernementale et causent de nombreuses victimes. Les assiégés disposent de canons antiaériens contre les bombardements par hélicoptères. Les gouvernementaux n’ont réussi qu’à s’emparer temporairement d’avant-postes éloignés, d’où ils ont dû se retirer sous les bombardements khmers rouges. L’état-major a arrêté l’opération le 6 avril.
Une victoire militaire semble donc exclue de part et d’autre. Selon plusieurs observateurs, le moral des troupes gouvernementales semble ébranlé par l’impossibilité de remporter la moindre victoire sur les Khmers rouges. L’autre solution, illusoire quand on connaît l’intransigeance idéologique du noyau khmer rouge irréductible, est un accord de type politique et l’action psychologique. Sâr Kheng, ministre cambodgien de l’intérieur, suggère de couper les Khmers rouges du reste du pays.
Sur le plan de l’action psychologique on signale qu’il arrive fréquemment aux officiers khmers rouges, dans leurs échanges par radio avec leurs homologues gouvernementaux, de se mettre en colère. Ce comportement inhabituel dénote peut-être un changement dans leur moral.
Les combattants khmers rouges seraient au nombre de 3 500 dans les provinces de Battambang et de Bantéay Méan Chey. La division 450 serait basée dans le secteur de Poipet et du Phnom Malai ; la division 415 à Païlin, la division 302, considérée comme la plus forte, au sud de Phnom Malay. On prête à ces combattants la volonté de se battre jusqu’au bout sans possibilité de désertion.
Mais le moral des troupes gouvernementales n’est pas très élevé. Les soldats qui ne se sont engagés que pour une raison alimentaire ne sont pas payés depuis des mois. Ils savent que les blessés ne sont évacués que par les très lents moyens du bord et qu’en cas de décès leur veuve recevra pour tout indemnité un sac de riz, etc. En février, environ 300 soldats de la région de Battambang ont déserté. A l’approche du nouvel an khmer (13 avril), de nombreux soldats sont partis dans leur famille. Même les officiers supérieurs sont écoeurés d’envoyer leurs hommes à la boucherie. Bref l’armée nationale semble dans le même état que celle de Lon Nol en 1975 (CD, 18.4.95). Le 11 avril, l’avant-veille du nouvel an, plus de 70 blessés des récents combats ont manifesté devant l’assemblée nationale pour réclamer leurs trois derniers mois de solde, que les commandants de division ne leur avaient pas fait suivre.
Le nombre des généraux est passé de 1920 à 199 : 20 à trois étoiles, 42 à deux étoiles, 137 à une étoile. Les 1721 rétrogradés sont devenus colonels (314) ou officiers de rang inférieur.
Economie
Selon les données fournies par le ministère des finances, les revenus de l’Etat pour le premier trimestre de 1995 ont augmenté de 16 % par rapport à la même période de 1994. L’augmentation provient des droits de douane, des taxes sur les véhicules, de la saisie de marchandises importées illégalement et des aides de la communauté internationale. L’indice des prix a baissé de 7,3% depuis janvier (CD, 13.4.95). Malgré la corruption, le Trésor a recueilli 42,8 millions de dollars de recettes provenant des douanes, dont 14 millions en mars.
Le ministre des finances envisage de privatiser le commerce du riz à la fin de l’année 1995, afin d’encourager l’initiative privée comme l’a demandé le F M I. Une entreprise de Singapour a d’ores et déjà reçu l’accord du gouvernement pour développer l’exportation du riz. Mais elle va pour l’instant en importer 140 000 tonnes pour de combler le déficit de l’année en cours.
La Banque mondiale a accordé un prêt de 20 millions de dollars pour financer des projets de développement accompagnés de l’embauche de chômeurs. Des Cambodgiens sans emploi, payés deux dollars par jour (5 000 riels), vont construire des écoles, des hôpitaux, des routes, des systèmes d’irrigation… Le prêt sans intérêt court sur 40 ans (CD, 29.3.95). C’est une version du programme « Food for Work » du P A M qui s’étend actuellement sur 130 communes dans 16 provinces.
Le gouvernement français a accordé une aide technique pour restaurer les locomotives et les wagons des chemins de fer cambodgiens. Du matériel d’une valeur de 1,7 million de dollars arrivera en juin (CD, 5.4.95).
La Cofras, entreprise français de déminage, a reçu 4 millions de francs supplémentaires pour continuer sa mission de déminage dans la région des temples d’Angkor. En vingt-deux mois, la Cofras a neutralisé 2 300 mines et 10 000 autres objets explosifs, formé 130 démineurs cambodgiens (CD, 13.4.95).
La commission de l’aide franco-cambodgienne réunie le 12 avril a repris le projet de lancement de l’Ecole nationale d’administratione et la question de la privatisation des plantations de caoutchouc, jadis propriétés de groupes financiers français. Le budget de l’aide française est passé de 10 millions de francs en 1992 à 300 millions. 150 experts français travaillent au Cambodge (CD, 13.4.95).
La communauté européenne a accordé une aide d’environ 47 millions de dollars pour financer trois projets de développement rural au cours des trante prochains mois (CD 28.4.95).
Santé
« Médecins du monde » finance un bateau-hôpital à Sihanoukville. Ce bateau de dix-sept mètres embarquera quinze personnes des professions de santé et desservira les îles du sud du Cambodge (PPH Post, 24.3.95).
Le gouvernement cambodgien a ouvert un laboratoire national de contrôle de la qualité des produits médicaux importés ou fabriqués sur place. Ont financé ce projet de 700 000 dollars : l’Union européenne, « Pharmaciens sans frontières », le service national pour l’action humanitaire et la direction des relations économiques extérieures.
Trente-cinq sociétés pharmaceutiques ont l’autorisation d’importer des médicaments au Cambodge (CD, 24.4.95).
Social
Selon un rapport du bureau australien des services d’outremer, 40% des rapatriés des camps de Thaïlande installés dans la province de Battambang sont dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins quotidiens. Une grand nombre n’ont pas reçu de terres malgré les promesses du haut-commissariat des nations unies pour les réfudiés (CD, 8.3.95).
Selon un rapport de l’UNFRA (organisme de l’ONU de fonds pour la population), la population cambodgienne augmenterait au taux de 2,8 % par an, qui la ferait doubler en vingt-cinq ans. Ce taux élevé de croissance risque de freiner la croissance économique du pays (CD, 14.3.95).
La municipalité de PhnomPenh cherche le moyen de reloger les 17 000 squaters de la ville (CD, 4.4.95).
Divers
Deux parcs nationaux ont été ianugurés , l’un de 20.000 hectares près de Sihanoukville, l’autre de 35.000 hectares à Kirirom. (CD, 22.3.95).
Le 5 avril, le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam ont signé à Chenmai un accord de la libre circulation sur le Mélkong, sans égard aux frontières nationales, et de libre utilisation des eaux en période de crue (CD 6.4.95).
Religions
Le groupe bouddhique japonais Rishyokoseikai a financé la construction d’un institut bouddhique près du palais royal (CD, 15.3.95).
Durant la deuxième semaine d’avril, 250 responsables musulmans ont tenu un séminaire à Kompong Cham organisé par le ministère des cultes, afin de rechercher les moyens d’améliorer le niveau d’instruction des enfants musulmans cambodgiens. Il y aurait environ 400 000 musulmans au Cambodge.