Eglises d'Asie – Chine
Anglicans : faut-il ou non diviser Hongkong et Macao en trois diocèses ?
Publié le 18/03/2010
Une commission a été constituée il y a plusieurs années pour étudier le problème. L’un de ses membres, M. Moses Cheng Mo-chi, nie que cette proposition ait quoi que ce soit à faire avec 1997. « Le changement de souveraineté, dit-il, ne pose aucune menace à l’Église. Il sera une raison pour elle de travailler encore plus et de guider davantage de personnes vers la communauté chrétienne ».
Un questionnaire distribué en 1991 posait pourtant clairement la question en ces termes: « Il faut bien reconnaître que l’Église anglicane à Hongkong et Macao est arrivée à une croisée des chemins. Il faut préparer l’Église aux changements politiques et sociaux qui surviendront après 1997 et 1999 ». Le même texte soulignait aussi la tendance, remarquée en d’autres pays de l’Asie de l’est, à former des provinces anglicanes autonomes. Le diocèse de Hongkong et Macao n’appartient à aucune province de la communion anglicane. Il fait partie du « Conseil de l’Église de l’Asie de l’est ». Pour M. Cheng, cet arrangement est boiteux: « Le Conseil ne jouit pas d’une véritable autorité. Si le diocèse agissait contre ses constitutions, ce Conseil pourrait élever la voix, mais il serait incapable de prendre la moindre sanction ». M. Cheng continue: « En ce qui concerne l’Église, il faut penser aux possiblités d’expansion. C’est bien connu, en période de changement, les gens ont tendance à retrouver leurs croyances religieuses. Les espoirs de développement sont grands. L’établissement d’une province renforcerait nos structures et donnerait davantage d’efficacité à notre mission ».
Par contre, un prêtre retiré, le chanoine Frank Lin, est sceptique: « Ce sera la plus petite province du monde. Si l’on considère la population de Hongkong, sa superficie, sa position géographique, son environnement, il est évident que le moment n’est pas venu. Ce qu’il y a au fond de toute cette affaire, ce sont des considérations d’ordre politique. Certains pensent qu’après 1997, on ne pourra rien faire. Alors, il faudrait se presser… Je ne crois pas à la validité de cet argument ». Le chanoine Lin fait allusion aux craintes éprouvées par certains: comme au temps de la révolution culturelle en Chine continentale, ils pourraient se voir accuser de connivence avec l’étranger. « Je pense que c’est pousser la peur un peu trop loin. Ces gens envisagent le pire ». Il vaudrait mieux, pour diviser le diocèse, attendre que les chrétiens soient devenus plus nombreux.
Pour le Rév. Fung Chi-wood, prêtre anglican membre du conseil législatif, on veut éviter que la Chine ne considère comme indésirables les rapports de l’Église avec l’extérieur: « Ils ont peur de 1997. Ils pensent que si une province est établie, l’Église locale gagnera en indépendance et personne ne s’occupera de ses affaires. Le Conseil (des Églises de l’est asiatique) n’a pas encore formellement discuté de cela. Les réunions n’ont lieu que tous les quatre ans. Si nous coupons les liens avec l’extérieur, nous deviendrons plus vulnérables et nous serons plus aisément les victimes des manipulations de la Chine ».
Selon un leader laïc, M. Chan Ka-wai, le diocèse évite délibérément de parler de 1997. « Ils disent que la question de l’établissement d’une province n’est pas liée à celle de 1997. Mais tout le monde sait bien que c’est la perspective de 1997 qui fait bouger les choses ».