Eglises d'Asie

Les conversions religieuses de cadres communistes préoccupent le Parti

Publié le 18/03/2010




Un article paru dans le numéro de mai de la revue Cheng Ming révèle une augmentation des conversions religieuses au sein du Parti communiste chinois. Sous le titre “Les religions de Chine défient le Parti communistel’article donne un large écho au débat qui agite la commission disciplinaire du Parti inquiète de tant d'”abandons

Selon cette revue autorisée, la commission centrale de contrôle et de discipline du Parti a présenté le 18 janvier 1995 les résultats d’une enquête montrant que de sept à neuf pour cent des membres du Parti sont entrés dans des organisations religieuses et participent régulièrement à leurs activités. Les endroits où l’on enregistre le plus de conversions sont les villes côtières et quelques grandes villes, en particulier Tianjin, Dalian, Xian, Chongqing, Wuhan, Fuzhou, Haïkou, Qingdao et Shenzhen, où dix-huit pour cent des membres du Parti ont adhéré à une religion, au point que le taux d’augmentation des adeptes des religions dépasse de 12,3 pour cent celui des membres du Parti.

Un fait qui inquiète la commission, c’est le niveau culturel élevé des personnes qui optent pour une croyance. La propagande officielle définit toute religion comme une “superstition obscurantiste” et réactionnaire, faite pour des gens peu instruits. Or, à la grande surprise de la commission, l’enquête montre au contraire que, parmi les nouveaux adhérents des organisations religieuses, 39,2 pour cent ont reçu une formation secondaire ou universitaire; en comparaison, dans le Parti, les membres possédant un haut niveau d’instruction représentent 18,8 pour cent dans les grandes villes. Vingt-trois pour cent des gens qui adhèrent à une organisation religieuse sont des travailleurs indépendants, des intellectuels, des retraités ou des gens qui ont changé de métier. Mais il n’y a que sept pour cent de retraités ou de gens ayant changé de métier parmi les cadres du Parti qui se convertissent. Les religions qui intéressent le plus sont le catholicisme et le protestantisme.

La crise de confiance dans le Parti n’est pas une révélation (3). Une enquête menée l’an passé par le Comité central notait que la confiance dans le communisme était descendue à 20 pour cent dans les campagnes (niveau minimum historique). Selon Wei Jianxing, secrétaire de la commission centrale de la discipline, c’est en vérité une crise de confiance dans le Parti qui a fait baisser “la foi en son avenirIl a également relevé que beaucoup de cadres avouent ne pas avoir d’autre choix : “Participer aux activités religieuses est pour eux l’unique moyen d’obtenir un soutien et un réconfort spirituels

Rapportant la pensée de Jiang Zemin dans une série de rencontres avec les responsables des provinces autonomes et d’autres villes, le chef du département de l’organisation au Comité central, Zhang Quanjing, a attiré l’attention sur le problème dont souffre le Parti: “Une situation anormale apparaît. Le Parti compte plus de 50 millions de membres, mais parmi eux, personne n’ose plus propager l’idée que le communisme est l’objectif de la dictature du prolétariat, proclamer le manifeste communiste, marquer la différence entre communisme et capitalisme. A l’intérieur du Parti, ne s’expriment ni aspirations ni convictions

Pour faire face à ce phénomène d’émiettement, Jiang Zemin a relancé l’enseignement idéologique dans les villes et dans les campagnes, la lutte contre la corruption des cadres, le réveil de la civilisation orientale fondée sur le pilier du confucianisme. De son côté le secrétariat de la commission de la discipline a transmis à l’ensemble des départements et des communes des instructions où il est conseillé : a) de radier du Parti tous les cadres qui ont adhéré à un groupe religieux quelconque ; b) d’amener ceux qui ont participé à des activités religieuses à donner leur démission ; c) de démettre sans délai de leurs postes les représentants nationaux du Parti qui ont adhéré à des groupes religieux ; d) de retirer leurs charges et de poursuivre devant les tribunaux les membres du parti qui ont adhéré à des groupes clandestins ou leur ont transmis des informations.