L’Eglise du Cambodge réfléchit aux problèmes de la santé

Ils avaient préparé cette réunion sur le terrain par une enquête sur les pratiques médicales, les moyens et besoins de la santé dans leurs communautés. La plupart des villages d’où ils viennent ne bénéficient pas de l’aide d’organisations non gouvernementales. Ils ont souligné l’importance de la mortalité infantile, la difficulté d’accès pour les pauvres aux soins de santé, soit à cause de leur inexistence, soit à cause de la corruption qui règne dans l’administration des hôpitaux. Ces difficultés et leur manque d’éducation les contraignent à une automédication dangereuse et les entretiennent dans des pratiques d’un autre âge : offrandes aux génies, recours aux sorciers et guérisseurs. Les comités d’entraide visitent les malades, conduisent les plus pauvres à l’hôpital, les aident pour le transport, la nourriture et l’achat des médicaments durant leur séjour.

Après un long temps d’étude et de réflexion sur la Parole de Dieu, les délégués des comités d’entraide ont proposé des orientations pour toutes les communautés : éducation afin de lutter contre l’automédication, recours systématique aux services de santé, développement de l’information sur les pratiques d’hygiène et sensibilisation au don du sang. Les délégués ont aussi émis le voeu qu’un certain nombre d’entre eux soient formés à l’usage des médicaments de base. Ils ont enfin rappelé le lien entre scolarisation et progrès de la santé.

Déjà en juillet 1994, une première assemblée des délégués des comités d’entraide avait constaté que plus de 38% des enfants de l’ensemble des communautés n’étaient pas scolarisés. A la suite de cela, des actions significatives ont été lancées ces derniers mois, souvent dans des villages reculés de province : prise de contact avec les services locaux de l’éducation pour faire admettre gratuitement les enfants pauvres dans les écoles, collecte pour payer les frais de scolarité de certains, hébergement de collégiens et de lycéens des campagnes dans les locaux paroissiaux des chefs lieux pour leur permettre de continuer leurs études, ouverture de cours de soutien scolaire, ouverture de cours d’alphabétisation pour jeunes adultes, construction d’écoles avec la concours de la Caritas du Cambodge.

Ainsi, discrètement, mais avec le souci d’agir en profondeur, l’Eglise catholique du Cambodge participe à l’effort de reconstruction du pays en invitant les chrétiens à réfléchir à leur rôle dans la société et à entreprendre des réalisations pratiques.