Eglises d'Asie

Une paroisse du diocèse de Hyderabad coopère avec la commission des droits de l’homme pour libérer plusieurs dizaines d’esclaves

Publié le 18/03/2010




La paroisse de Matti, dans le diocèse de Hyderabad, a décidé de coopérer avec la commission pakistanaise pour les droits de l’homme (CPDH) en hébergeant temporairement plusieurs dizaines de personnes récemment libérées de l’esclavage auquel elles avaient été réduites par un propriétaire terrien de la région.

Cette initiative a vu le jour le 1er juin 1995, lorsqu’une équipe de la CPDH a découvert dans le district de Umerkot 148 personnes, dont 35 femmes, détenues prisonnières par un certain Lal Mohammad Gangrio, propriétaire terrien, qui les utilisait comme esclaves sur ses terres. Certains de ces détenus étaient là depuis plus de vingt ans. Plainte fut déposée à la police. Celle-ci, le lendemain, libérait 31 femmes et 23 hommes. Immédiatement, la presse était mise au courant et l’affaire portée à la connaisance du public.

Craignant que le propriétaire terrien ne fasse jouer ses nombreuses relations dans le monde politique et que la police ne se laisse intimider par d’éventuelles menaces ou influencer par des promesses, la CPDH se tournait vers Mgr Joseph Coutts, évêque de Hyderabad. Celui-ci à son tour contactait deux prêtres de Saint Colomban, les PP. Dave Kenneally et Thomas King. Ces derniers dirigent deux pensionnats pour écoliers sur la paroisse de Matti.

Après avoir consulté les catéchistes et autres leaders de leur paroisse, les deux missionnaires décidaient que leur communauté se trouvait devant un défi adressé à leur conscience de chrétiens. 67 personnes, dont plusieurs enfants, étaient alors admis temporairement dans les pensionnats, vides pendant les vacances scolaires. Le but, clairement exprimé, des prêtres et de leur évêque est de préparer les anciens esclaves au retour dans leurs familles et à une vie de liberté retrouvée.

La crainte n’a cependant pas disparu. Mais on espère que la publicité donnée à l’affaire dans la presse empêchera le propriétaire terrien de reprendre ses anciens esclaves ou de se venger sur eux ou leurs bienfaiteurs. Le propriétaire terrien n’a pas été arrêté ni même inquiété par les autorités. Toute action légale semble impossible, les anciens esclaves risquant de mettre leur propre vie en danger s’ils témoignent contre lui.

Il y a deux ans, la CPDH avait déjà découvert une prison semblable, dans la même province du Sindh. 300 personnes y étaient gardées dans une cour entourée d’un mur de quatre mètres et surveillée par des hommes en armes. Cela semble faire partie d’une certaine “culture féodale” courante dans cette région du Pakistan.