Eglises d'Asie

La répression à l’encontre des catholiques « clandestins » ne se relâche pas et de nouvelles provinces sont touchées

Publié le 18/03/2010




La liste des catholiques emprisonnés pour raisons religieuses publiée par l’agence Asianews, indique que la pression des autorités sur les catholiques « clandestins ne se relâche guère (1). Des régions jusqu’ici peu touchées comme la Mongolie intérieure et la province de Jilin commencent elles aussi à subir le zèle de cadres locaux animés par l’ambition d’obtenir de l’avancement ou, plus simplement, par l’appât du gain.

On note que la plupart des arrestations qui ont eu lieu en 1994 et 1995 correspondent à la promulgation, le 31 janvier 1994, du décret 144 concernant l’enregistrement des lieux d’activité religieuse (2). Cette directive gouvernementale précise que toute assemblée chrétienne non signalée à la police peut être considérée comme illégale.

Les régions où cette directive est plus strictement appliquée sont celles où les catholiques « clandestins » sont les plus nombreux et où ils sont en conflit permanent avec les fidèles, prêtres et évêques qui se soumettent au contrôle de l’Association patriotique des catholiques chinois. Cette Association, bien que se disant ‘catholique’, n’hésite pas à livrer au bras séculier les membres de l’Eglise qui ne sont pas en règle (3).

On remarque que de nombreuses arrestations concernent des membres de la Légion de Marie. Celle-ci est une association catholique bien développée dans les communautés chinoises de Hongkong, Taiwan, Singapour et en Malaisie. Au début des années 1950, la Légion de Marie avait déjà été durement réprimée parce que ses membres étaient mis en garde par les dirigeants internationaux de leur mouvement contre le communisme athée et certaines méthodes politiques utilisant le mensonge et le meurtre. Aujourd’hui, la renaissance de la Légion de Marie en Chine, par exemple à Wenzhou dans le Zhejiang, ne s’explique certainement pas par la volonté de procéder à une critique politique. Il s’agit plutôt de l’animation spirituelle des communautés chrétiennes, à l’image de ce que font les groupes de Légion de Marie à Hongkong, Taiwan ou Singapour. Les attendus du jugement qui frappe les membres de la Légion de Marie sont assez inhabituels et ressemblent fort à ceux des années 1950 au plus fort de la répression antichrétienne. Ils sont en effet accusés d’avoir « organisé la Légion de Marie dans la clandestinité depuis 1981. Celle-ci est une organisation réactionnaire qui met la foi catholique au-dessus de tout et qui manifeste la volonté de subvertir le système socialiste et le pouvoir du prolétariat par la théorie de la liberté religieuse, la liberté démocratique, la liberté de l’enseignement religieux. La Légion de Marie veut sauver la Chine par le catholicisme. L’influence de cette organisation est profonde et dangereuse… »

On peut noter en conclusion que de nombreux cadres de la police et du Parti voient dans les arrestations de chrétiens une occasion de se faire de l’argent comme en témoignent les amendes qu’ils imposent. Beaucoup d’entre eux proposent en fait la libération contre une rançon (4). Les magistrats de la Chine féodale agissaient déjà de la même manière. Le gouvernement central de Pékin voudrait assurer un contrôle plus étroit de l’activité religieuse mais favorise en fait la corruption des cadres et indispose gravement le sentiment populaire chinois comme l’opinion mondiale (5).