Eglises d'Asie

LES JEUNES DE HONGKONG DES ANNEES 90″Une génération très spéciale”

Publié le 18/03/2010




INTRODUCTION

Les récentes enquêtes sur les jeunes de Hongkong (1) donnent une impression générale très négative, dont il sera fait état ici. Une analyse plus approfondie serait nécessaire pour nuancer la compréhension de la situation très complexe de ces jeunes.

On peut répartir les jeunes de Hongkong en trois catégories différentes:

– Ceux qui, jusqu’en 1989, étaient engagés dans des organisations sociales et étaient devenus conscients des situations d’injustice de la société d’opulence de Hongkong. Ils étaient concernés par les problèmes de l’habitat, du travail et des conditions des marginaux. Attendant peu de réponses du système colonial, ils se promettaient aussi de continuer leur combat après 1997, et de faire entendre leurs doléances auprès des nouvelles autorités, voire même ils envisageaient de compléter leurs études pour mieux servir au sein de la “Mère Patrie”. Les événements de Tiananmen (04.06.89) ont détruit leurs espérances.

– Ceux qui ont reçu l’éducation classique du système colonial. Tout en travaillant, ils poursuivent leurs études pour obtenir des diplômes supplémentaires, afin de devenir polyvalents et de faire face aux changements rapides de la société. Ou alors, à cause de la cherté de la vie, et en particulier du logement, ils cherchent un second emploi partiel pour

améliorer leur compte en banque. Ces jeunes, mûs par leur foi ou leur idéal, formaient dans les années 80 les forces vives des paroisses et organisations sociales. Aujourd’hui, leur temps est accaparé par le travail, les études, la société de consommation et l’individualisme ambiant. Leur souci principal est l’emploi, l’argent et l’avenir.

– Enfin ceux pour qui vivre, c’est vivre aujourd’hui et vivre pour soi, gagner de l’argent et s’amuser. Ce qui se passe autour d’eux ne les concerne pas. Quant au futur, cela ne sert rien d’y penser puisqu’ils ont conscience de ne pas en être maîtres, compte tenu de la situation politique. Ils font souvent leur vie en dehors des valeurs traditionnelles de la famille ou de l’école. Ils sont plutôt allergiques aux structures ou associations existantes, et se retrouvent dans leur groupe de “copains” qui partagent le même genre de vie.

Ce dernier groupe se retrouve essentiellement au sein des adolescents entre 12-25 ans -ceux principalement visés par les analyses récentes -, qui constituent la génération qui s’est ouverte au monde dans les années 80 et a été la plus fortement marquée par le retournement d’après 1989. Leur environnement géographique, historique, politique, économique, culturel… unique au monde, fait de ces jeunes une génération très spéciale. Etudier cette génération conduit nécessairement à étudier la société dont elle est le produit direct. C’est ce à quoi nous allons nous attacher dans un premier temps.

UNE GENERATION TRES SPECIALE

1 – Environnement sur-médiatisé

Plus peut-être que dans les autres pays développés, le microcosme de Hongkong est ultra-médiatisé. Les jeunes qui passent beaucoup de temps devant la télévision, subissent fortement l’influence des programmes: sur-information, publicité omniprésente qui entretient un monde de rêve et de désirs, films très agressifs… Les adultes ont du mal à résister à cette influence, combien plus les jeunes!

2 – Retournement en une décennie, de l’ambiance générale: “du paradis à l’enfer”…?

Dans les années 80, on aimait à voir Hongkong comme le paradis sur terre: tout y semblait possible, l’avenir et le bonheur appartenaient à tous ceux qui entraient dans le jeu économique local. Le traumatisme psychologique des événements de 1989 et le spectre de 1997 ont progressivement retourné cet état d’esprit jusqu’à faire dire à certains que Hongkong ressemblerait plus à l’enfer qu’au paradis. La réalité est certainement moins excessive, mais il est clair qu’en quelques années, l’ambiance générale dans la population est devenue beaucoup plus pessimiste, quoiqu’en disent les indicateurs économiques qui sont restés au beau fixe jusqu’à présent. Très récemment, l’augmentation du taux de chômage (qui vient d’atteindre les 3%), la fermeture de deux grands hôtels, une relative baisse du prix de l’immobilier font dire à la population que l’économique commence aussi à être affecté.

2.1 L’ambiance politique internationale et locale

Les événements de Tiananmen ont éveillé cette génération au sens de la démocratie, de l’attachement à la patrie. Mais les nombreux flashes d’information quotidiens confrontent les jeunes de Hongkong à une situation politique très complexe. Les nations puissantes se présentent comme les gendarmes d’un monde qui se déchire. Les lois de l’économie et de la force dominent la situation internationale, reléguant les droits de la justice au second plan, dans un monde où il n’y a pas de place pour les faibles. Le psychodrame des relations Londres-Pékin dans le dos des habitants de Hongkong, la situation politique locale où les amitiés politiques se font et se défont au gré des intérêts du moment, avec une influence de plus en plus forte et désormais avouée de Pékin, sur fond d’incertitude complète liée au trou noir de l’après 1997, tout cela rend les jeunes incapables de se faire leur propre opinion, et les laisse souvent avec un profond sentiment d’impuissance ou de désintérêt. Par exemple, plus de 70% des jeunes pensent que la liberté de la presse sera restreinte après 1997 (2). 30% des jeunes du secondaire se déclarent préoccupés par la rétrocession de 1997, et 35% disent douter du sens et de la valeur de la vie. L’avenir leur semble sans consistance. Dans ces conditions, est-il possible de faire confiance à autrui? Ainsi ces jeunes passent la plupart de leurs loisirs dans des activités ego-centrées telle que les jeux vidéo et la lecture d’illustrés (3).

2.2 La prégnance de l’économie

Hongkong se présente comme une place économique internationale de plus en plus importante. Un rapport de 1994 sur la compétivité économique des nations, place Hongkong au 4ème rang mondial. Ceci est dû à son économie de marché et à son système de libre entreprise. Mais ces résultats se payent au prix des sacrifices que consentent des Hongkongais sur la qualité de la vie: longues heures de travail; tension de toutes sortes dans les familles, l’habitat, les transports, l’éducation; manque de protection sociale; incertitude due aux circonstances politiques actuelles et futures.

A l’échelle individuelle, cette situation économique prospère se traduit seulement par une quête d’enrichissement personnel, idéal que véhiculent à la foi le système éducatif et le monde imaginaire de la publicité. Le pouvoir d’achat de la population a, de fait, fortement augmenté dans les années 80, et très tôt, les jeunes apprennent à faire fructifier leur argent. Mais la société de consommation exacerbée ne cesse d’accroître leurs besoins. A titre d’exemple, la forte pression de la mode vestimentaire incite les jeunes à se procurer les marques que la publicité ou les vedettes de la télévision popularisent. Les jeunes entre 10 et 14 ans dépensent entre 200 et 500 dollars de Hongkong par mois dans les achats de vêtements (4). Ainsi leurs désirs sont souvent beaucoup plus élevés que leurs capacités financières, ce qui les laisse dans un état de frustration important ou les fait se tourner vers les sources d’argent facile. Une enquête réalisée auprès de 600 adolescents entre 15 et 19 ans, montre que, parmi eux, 9% sont prêts à utiliser des sources illégales d’argent, et 29% ne sont pas gênés si des amis obtiennent de l’argent illégalement (5). On note de plus en plus de cas d’adolescents qui se laissent attirer par les revenus que procure la prostitution.

3 – Bouleversement de l’environnement familial et culturel traditionnel

Il est commun de dire que les valeurs traditionnelles de la société chinoise de Hongkong s’effritent. Certains aujourd’hui affirment même qu’elles n’existent plus. Hongkong est entré dans une ère post-confucéenne où les valeurs traditionnelles ont perdu leur sens et sont, au mieux, appliquées mécaniquement. Ceci est particulièremnt vrai au niveau de la famille qui est fortement ébranlée. Par exemple, seulement 1/3 des garçons considèrent comme important de poursuivre la lignée familiale, expression pourtant essentielle de la piété filiale selon Confucius (6).

3.1 Effacement progressif de la famille traditionnelle

Dans les années 70, on est passé de la “famille étendue” à la “cellule familiale” (de fait aujourd’hui, il reste très peu de foyers avec trois générations sous le même toit). Dans les années 90, cette cellule elle-même est confrontée à l’échec, pour plusieurs raisons. Le travail des deux parents (souvent indispensable pour rembourser l’achat de l’appartement familial, l’accès à la propriété s’étant largment répandu au cours de ces dernières années), le travail du père sur le continent qui suppose de longues absences répétées (voire une deuxième famille), l’émigration qui souvent sépare au moins temporairement la famille, l’augmentation très forte des divorces ces dernières années (7), l’emménagement dans de nouvelles cités des Nouveaux Territoires qui séparent les foyers du soutien traditionnel de la famille élargie, tous ces facteurs concourent à créer un vide parental dans l’univers personnel des jeunes (que l’absence des grands parents ne permet pas de compenser). Par ailleurs, l’augmentation des familles à un seul enfant (8) aggrave cette solitude de l’enfant, tout en développant son égoïsme.

3.2 Echec du système traditionnel de valeurs

Au niveau culturel, le système traditionnel des générations antérieures s’est vidé de son sens aux yeux des enfants qui voient que leurs parents ne l’appliquent plus, même s’ils y restent attachés et souhaitent que leurs enfants y adhèrent. Par ailleurs, purs produits de la colonie, ces jeunes manquent d’un système de référence et ne savent plus très bien s’ils sont Chinois ou Occidentaux: ils sont Hongkongais! Ainsi, les jeunes se trouvent de plus en plus séparés de leurs parents, menant leur propre vie, avec une culture qui leur est propre mais qui se révèle ni structurée ni

structurante. Par exemple, 1/3 seulement des adolescents considèrent que leurs parents remplissent leur rôle de référant; en cas de problème scolaire ou personnel, 1/10 se confiera à sa mère, 1/20 à son père (9).

Depuis les années 70, le système éducatif de Hongkong s’est fortement démocratisé et amélioré: les études sont devenues accessibles à tous et le niveau des études universitaires a été amélioré. Il faut noter l’influence importante du politique sur l’école: en vue de 1997, les manuels d’histoire sont corrigés pour ne pas froisser Pékin et risquer de voir ces manuels retirés du commerce. Le gouvernement cherche à justifier le système politique en place pour éviter les troubles, mais en même temps, les programmes d’éducation civique essayent de promouvoir la démocratie dans la société.

Mais dans l’environnement global des jeunes, le système éducatif strict et élitiste apparaît très pesant: en mettant l’accent sur la réussite aux examens, il forme les jeunes à être compétitifs, dans un sytème où il n’y a pas de place pour l’échec. L’éducation reçue reste superficielle et pragmatique (pour répondre aux exigeances économiques locales), ce qui fait dire à certains qu’elle se limite à une “culture de fast-food”: beaucoup de choses sont proposées aux jeunes, mais sans chercher à stimuler leur intérêt ni à développer leur propre personnalité et leur indépendance. La seule solution est de suivre pour rester dans la course, au prix d’efforts souvent disproportionnés, dès la maternelle. Mais chaque année, de nombreux jeunes sont laissés sur la touche. En 1993, au barrage de la Form 3 (14-15 ans), 17 000 collégiens ont été orientés vers les “pre-vocational trainingvoie de garage, “lieu de l’échec institutionnalisé” (10).

UNE GENERATION SANS HORIZON

Les habitudes de vie, le système de références, la faible présence des adultes dans l’environnement des jeunes font que les jeunes mènent une vie sans réel rapport avec celle de leurs parents, et une vie qui manque de consistance.

1 – “Fais ce que tu veux”: surabondance et pauvreté

Dans l’univers de Hongkong, tout semble possible. Mais dans la réalité, cette surabondance n’est que superficielle et peu épanouissante. 60% des familles se situent avec un revenu inférieur à 10 000 dollars de Hongkong par mois (11), ce qui limite fortement les possibilités d’amélioration du cadre de vie, en particulier au niveau du logement. Les jeunes se plaignent du manque d’intimité et souffrent de claustrophobie dans un Hongkong étriqué, qui ressemble plus à une immense cité HLM qu’au paradis. Le gouvernement reconnaît que 3 900 familles vivent dans des appartements de moins de 11m . L’étroitesse du logement crée un stress terrible dans les familles, avec une augmentation inquiétante du nombre des enfants maltraités, dont une proportion importante d’abus sexuels. Récemment, une mère a frappé à mort son enfant qui était insupportable: ils vivaient à 6 dans 10m (les parents, 3 enfants et la grand-mère). Réalisant l’ampleur du problème, le gouvernement vient de créer une équipe spécialisée pour le suivi des cas d’enfants martyrs, mais qui n’est constituée que de 11 travailleurs sociaux pour l’ensemble du territoire, avec plus de 400 cas déclarés chaque année. Le plus souvent, les responsables d’abus d’enfants n’encourent que de faibles peines (12).

2 – Un vide culturel et affectif

2.1 Chercher dehors ce qui manque à la maison

Les loisirs. Beaucoup de jeunes complètent leur éducation par des activités extra-scolaires (cours particuliers, sports, musique, services sociaux…) qui leur sont proposés en grand nombre. Mais depuis quelques années, le temps passé dans les centres de machines à sous, Karaoke, fast-foods… est de plus en plus important. 25% des adolescents dépensent en moyenne 876 dollars de Hongkong par mois en amusements (jeux, films, karaoke…) (13). Une enquête réalisée par l’université de Hongkong montre que, dans la semaine précédente, parmi les garçons de plus de 15 ans, 40% avaient dépensé de l’argent dans les salles de machines à sous (contre 7% des filles du même âge) et 22% avaient été au cinéma (14).

La délinquance. Laissés ainsi à eux-mêmes, avec un sentiment de frustration important, de plus en plus de jeunes “sortent du système”: école buissonnière, délits en tout genre. Ainsi en 1992, chaque jour 42 jeunes de moins de 21 ans ont été arrêtés, dont 2 pour agressions sérieuses, 2 pour usage de drogue, 1 pour cambriolage, 1 pour trafic de drogue, 1 pour un délit en relation avec les triades… et tous les 12 jours, un jeune se suicide (15).

Les jeunes trouvent dans les bandes, l’usage de la drogue (en forte augmentation), l’appartenance aux triades…la compensation émotionnelle au vide affectif, qui, souvent, les entoure. Les triades exercent une forte attirance sur certains jeunes dès le début de l’école secondaire par la protection qu’elles assurent, l’excitation qu’elles procurent…4% des écoliers se déclarent membres de triades (16), 20% des écoliers ne savent pas que les relations avec les triades constituent un délit (17).

2.2 En quête de culture…

Une “culture fast-food”. Les jeunes vivent dans une surabondance de propositions en tout genre, leur emploi du temps est souvent surchargé par les activités para-éducatives… mais ils ne peuvent que consommer et ne sont pas formés au discernement, ils ne savent que suivre l’exemple de ce (homme ou produit) qui les influence, en bien ou en mal. Le système éducatif ne les aide pas à constituer leur personnalité en profondeur. Dans ce contexte flou, le monde irréel des bandes dessinées (BD) et jeux vidéo exercent une influence croissante et désastreuse. Dans l’enquête de l’université de Hongkong déjà citée (18), 46% des garçons et 34% des filles déclarent avoir acheté un magazine de BD (de style japonais) dans la semaine précédente. Les professeurs du secondaire reconnaissent que l’influence de ce type de littérature a très fortement augmenté dans les deux dernières années, et de nombreuses copies circulent dans les classes. Cela constitue une véritable mode-passion auprès des garçons, qui en discutent souvent et se les échangent entre eux. Il existe plus de 50 sortes de livres ou illustrés de ce type en vente libre dans les kiosques pour souvent pas plus de 10 dollars de Hongkong. Or, leur contenu est excessivement violent, avec de nombeuses scènes pornographiques très suggestives pour ces adolescents (actes sexuels détaillés, viols, mutilations…) ce qui a des conséquences très néfastes sur la constitution de leur personnalité. Un projet de loi a été déposé pour réglementer la circulation de ce type de production, mais son efficacité reste douteuse (19). Par ailleurs, 33% des jeunes du secondaire se déclarent intéressés par les sciences occultes (divination, astrologie…), dont l’influence culturelle traditionnelle est renforcée par les programmes télévisés locaux et l’univers des illustrés; 11% des jeunes interviewés se plaignent d’être agressés par des forces occultes (20).

“Schizophrénie culturelle”. Avec l’approche du rattachement à la Chine le 1er juillet 1997, les jeunes de Hongkong ne savent plus s’ils sont Chinois ou Occidentaux. Taïwan et la Chine continentale ont tendance à mépriser la culture chinoise de Hongkong, et les Chinois de Hongkong auraient tendance à développer un complexe d’infériorité culturelle face à la grande Chine qui va bientôt les avaler. La génération précédente possède un fond culturel chinois bien enraciné, mais le système éducatif anglais n’a donné aux jeunes ni l’opportunité, ni l’envie de développer leurs racines chinoises (ils ne maîtrisent pas bien la langue et la culture traditionnelle chinoises, mais encore moins la langue et la culture anglaises), et l’état d’esprit de Hongkong les pousse plutôt à mépriser la “Chine sous-développée”. En même temps, ils ont bien conscience de n’être pas non plus Occidentaux, ce que la politique d’immigration britannique leur rappelle douloureusement. Ne se sentant ni Chinois, ni Occidentaux, les jeunes se trouvent à un carrefour culturel: se tourner résolument vers la Chine (par exemple, en apprenant le mandarin), ou espérer émigrer vers un hypothétique pays occidental (quelque 60 000 personnes quittent le territoire chaque année).

“Mou lei tau”, une culture de l’illogisme en guise d’appel au secours. Dans les années 90-92, s’est répandu parmi certains jeunes (et popularisé par les feuilletons télévisés locaux), un langage hétéroclite qui consiste à discuter en employant des phrases sans rapport les unes avec les autres. Ce langage, appelé mou lei tau, ne comporte aucune règle, ni logique. Mais il traduit à la fois

une forme de révolte face à la rigidité du système éducatif, et un appel au secours face à la perte de sens, d’identité. Parmi un certain nombre de jeunes travailleurs lassés de leur emploi sans intérêt, ce langage constitue une véritable culture, qui vient “enrichir” leur environnement culturel, déjà très marqué par les BD de type japonais et les jeux vidéo.

CONCLUSION : UNE TENDANCE REVELATRICE

Cette description des jeunes de Honkong peut paraître exagérément négative. De fait, ce qui est décrit ici ne concerne pas tous les jeunes, mais une tendance qui se développe parmi eux, et qui est révélatrice de leur situation très spéciale. Aucune génération n’a ainsi été confrontée à autant de facteurs déstabilisants à la fois (les événements de Tiananmen; la rétrocession du territoire en 1997 et ses conséquences: horizon bloqué, émigration, peur, sentiment d’abandon, désillusion…; la perte de racines; une société de consommation exacerbée; le cadre de vie très restreint; la pression du système éducatif;

l’éclatement de la structure familiale), ce qui, à moyen terme, risque d’engendrer de graves problèmes sociaux. Mais plus largement, cela révèle aussi les travers d’une société unilatéralement orientée vers le profit, ce que traduit bien ce témoignage d’un travailleur socialnous avons été formés depuis le plus jeune âge à être compétitifs, à réussir. Mais nous n’avons jamais été formés à accepter qui nous étions, ou où nous étions” (21). Pourtant, cette génération continue à porter en elle les grands idéaux de la jeunesse: famille, santé, travail épanouissant, amour… Hongkong pourra-t-il un jour les satisfaire ?