Dans une déclaration de huit pages en date du 9 août 1995, le prince Ranariddh, premier-premier ministre, répond aux critiques adressées par les observateurs étrangers concernant le respect des droits de l’homme au Cambodge. Il affirme que les idéaux occidentaux de démocratie et des droits de l’homme ne sont pas appropriés, pour le moment, au Cambodge. “Vue la situation, la discipline est plus importante pour la sécurité que la démocratie. (…) Quand les paysans auront à manger, un toit pour se loger, le minimum pour vivre, que leurs enfants auront accès à l’éducation, alors la démocratie pourra être promue et installée pleinement au Cambodge… Des éléments subversifs, tels que les Khmers rouges, risqueraient de tirer avantage si la démocratie était totale… 50 journaux et publications sont le signe de l’existence d’une presse libre… Les journalistes doivent s’auto-censurer, le style occidental de démocratie et de liberté de la presse n’est pas applicable au Cambodge… La corruption comme la prostitution sont des maux aussi vieux que le monde. La privatisation et les investissements étrangers sont la voie de l’amélioration de la qualité de la vie, en particulier de celle des fonctionnaires dont les salaires sont très bas”.
Hun Sen, second-premier ministre, s’en prend, quant à lui, à Kem Sokha, député et président de la commission parlementaire de l’Assemblée nationale pour les droits de l’homme : “J’aimerais proposer que l’Assemblée nationale examine de près la liste des membres de la commission, pour voir s’il peut y avoir une nouvelle composition”.
Suite à l’expulsion de Sam Raingsy de l’Assemblée nationale en juin dernier, le roi Sihanouk explique, dans une lettre adressée à l’union interparlementaire de Genève, qu’il a tout fait pour assurer la défense du député, de la presse et des autres victimes de violations de la loi. Bien qu’ayant publiquement donné son avis à plusieurs reprises, son rôle constitutionnel ne lui permet en rien de modifier la position du gouvernement. “Je ne peux rien faire d’autre pour satisfaire l’union interparlementaire, les autres défenseurs des droits de l’homme, de la presse et de la démocratie libérale, que d’abdiquer… Est-ce cela que vous voulez?
Le fol espoir qui a suivi les élections du mois de mai 1993, a fait place au désenchantement. Le succès de la mission de l’ARPRONUC (Autorité provisoire de l’ONU pour le Cambodge), parfois salué par les gouvernements étrangers pour masquer les échecs cuisants de l’ONU sur d’autres terrains, reste mitigé: le peuple cambodgien connaît une certaine paix, certes, mais les vieux démons ne sont pas morts. Vouloir imposer des structures étatiques copiées de l’étranger est une entreprise vouée à l’échec, comme celle de vouloir changer des structures de pensée en quelques années. Beaucoup de politiciens et de membres d’ONG auraient été avisés de s’en apercevoir plus tôt. C’est dans cette perspective que nous lirons les événements survenus au Cambodge durant les mois de juillet et d’août 1995.
Activités militaires
La saison des pluies est traditionnellement un temps d’activités militaires intenses de la guérilla.
Le 3 juillet, les Khmers rouges, lancent une attaque d’envergure sur la région de Rattanak Mondol, le long de la nationale 20, reliant Battambang à Païlin et s’approchent à 20 km de la capitale provinciale. Le village de Treng, verrou d’accès de la route menant à Païlin, “capitale” des Khmers rouges, est le principal lieu d’affrontement: 500 maquisards appuyés par 7 tanks, des mortiers de 92m/m, de canons de 75 et de 122, de batteries anti-aériennes y tiennent en échec les forces armées royales du Cambodge (FARC). 20 000 villageois sont à nouveau jetés sur les routes. Le 9 juillet, 10 obus tombent dans la périphérie de Battambang, sans causer de victimes. Le 10, les Khmers rouges se retirent du village de Treng, sur lequel s’est déversé un déluge de feu provenant de l’artillerie gouvernementale.
Dès le 17 juillet, plus de 1 000 soldats des FARC, reprennent l’offensive contre le village de Khla Ngoap le Tigre mortverrou d’accès à la base khmère rouge de Phnom Malai, sur la frontière thaïlandaise, et qui contrôle la route nationale 5, reliant le Cambodge à la Thaïlande. Les FARC doivent se retirer sous le feu de 250 maquisards qui défendent la base, après avoir subi de nombreuses pertes: au moins 120 blessés. Le 19 juillet, les Khmers rouges attaquent à 20 km au nord de la ville frontalière de Poipet pour dégager une de leurs bases, Phum Tala, assiégée par les FARC. Le 20 juillet, 3 000 soldats des FARC, appuyés par 10 tanks T54 et T55, reprennent l’attaque. Malgré la publication de bulletins de victoire, ils doivent à nouveau se replier, les blindés s’embourbant en raison des fortes pluies.
Les autorités de Phnom Penh accusent la Thaïlande d’abriter des bases Khmères rouges, dont l’une se situerait à 7km à l’intérieur du territoire thaïlandais, dans le district de Nam Om (province d’Oubon). En dépit des dénégations thaïlandaises, il est pratiquement certain que les troupes khmères rouges de Préah Vihéar sont relevées via la Thaïlande. Les frontières thaïlandaises sont poreuses aux Khmers rouges, mais hermétiques aux FARC.
Malgré les appels répétés du gouvernement cambodgien concernant l’interdiction de l’usage des mines, et les proclamations de Téa Banh, ministre cambodgien de la Défense, les FARC et les Khmers rouges continuent de poser des mines. Aucune action efficace pour interdire l’usage des mines n’est possible sans interruption des combats.
“Des combats pour riens’interroge le journal d’expression française “Le MékongDepuis trois ans, aucune des deux armées n’a pu s’imposer sur le terrain. La solution ne peut donc être que politique. Mais trop d’intérêts financiers sont en jeu pour que l’on termine la guerre!
La corruption au sein des FARC interdit tout succès: les 500 000 dollars de salaires versés par le ministère de la Défense (chaque soldat devait recevoir 2 dollars, soit 10 FF et des rations alimentaires), auraient été détournés par les officiers supérieurs. En signe de protestation, le colonel Am Sachan, commandant un régiment à Siempréap, a retiré ses hommes des zones de combat. Pour survivre, des militaires endommagent les ponts qu’ils sont sensés garder, afin de rançonner plus facilement les véhicules. Heng Sarath, commandant de la division 980, le dernier officier khmer rouge rallié, affirme que tout ce que les Khmers rouges achètent sur place, ils le font auprès des FARC.
La situation actuelle s’inscrit dans la continuité historique de celle du Cambodge avant le Protectorat français de 1863: un groupe d’opposants tient les forêts, le Cambodge utile des villes et des rizières fait allégeance au pouvoir central, Phnom Penh vit comme un chancre qui ponctionne les richesses venant de l’étranger.
Les Khmers rouges, par la voix de Chan Youran, proposent de se rendre à Phnom Penh, pour négocier avec le gouvernement afin de mettre fin à la guerre civile. Le 10 août, le gouvernement répond que le temps des négociations est passé, seule une reddition sans conditions pourrait permettre aux maquisards de cesser la guerre. “L’offre de négociations est un piège destiné à cacher une défaite, à créer la confusion sur le plan national et international, alors que le gouvernement commence à contrôler efficacement le processus de réhabilitation du pays”, déclare Ranariddh, premier-premier ministre, le 16 août.
Marasme politique
Le petit Parti démocratique libéral bouddhique (PDLB), fondé par Son Sann, qui comprend 10 députés à l’Assemblée nationale, a continué à s’entredéchirer, laissant le champ libre au Prachéachon de Hun Sen.
Ieng Mouly, ministre de l’Information, exclu le 3 mai du PDLB par Son Sann, réunit un congrès du parti au stade olympique de Phnom Penh le 9 juillet. Il y est élu à la tête du parti, en remplacement de Son Sann. Le nouveau comité directeur vote une motion de “défiance” envers six membres du PDLB: Son Sann lui-même, Son Soubert, fils de Son Sann et vice-président de l’Assemblée nationale, Keat Sokun, secrétaire d’Etat à la condition féminine, Kem Sokha, président de la commission des droits de l’homme, Pol Ham et Koy Chhoeurn.
Ranariddh, premier-premier ministre, envoie une lettre de félicitations au nouveau président, et lui assure le soutien sans réserve du parti royaliste. Hun Sen, second-premier ministre se félicite de la nomination de ce nouveau comité directeur, qui devrait “accroître la coopération entre les grands partis politiques de l’Assemblée nationale”. On comprend aisément les raisons des deux co-premiers ministres qui voient ainsi disparaître plusieurs de leurs opposants, spécialement Kem Sokha. Avant la tenue du congrès, Ieng Mouly avait d’ailleurs rappelé son attachement au gouvernement: “Je suis du gouvernement, je ne peux donc pas être dans l’opposition. Notre parti est un partenaire dans le gouvernement”.
Le 12 juillet, de Paris, Son Sann déclare “illégal” le congrès du 9 juillet tenu en son absence, et convoque un autre congrès pour le 1er octobre. Il demande aux deux co-premiers ministres de ne pas reconnaître le nouveau comité directeur. En dépit d’une lettre du roi Sihanouk pour demander d’oeuvrer à l’unité du parti, le 5 août la faction du PDLB dirigée par Ieng Mouly vote l’expulsion des 6 députés pro-Son Sann, et demande leur expulsion de l’Assemblée nationale. le juge Michael Kirby, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le respect des droits de l’homme au Cambodge, fait part de son inquiétude devant ces expulsions à répétition, qui sont, selon lui, contraires au droit international, et probablement au droit cambodgien.
Le 8 août, Meas Chan Léap, député du PDLB se donne la mort dans les locaux de l’Assemblée nationale. Il laisse trois lettres expliquant son geste, adressées l’une à Son Sann, une autre à Ieng Mouly, une autre aux députés. Une quatrième lettre, à l’origine controversée, critique violemment la direction de Son Sann.
Le 20 août, Son Sann, lance un appel à la réconciliation, et propose de traiter tous les problèmes au congrès d’octobre. Sieng Lapresse, membre de la faction opposée, lui répond que la réconciliation nationale passe avant l’unité du parti, et que sa faction accepte chaleureusement la proposition de Ranariddh de former un gouvernement de coalition après les élections de 1998. Le 27 août, lors d’une réunion de 23 diplomates cambodgiens, le roi Sihanouk demande aux deux chefs de file de trouver un compromis, mais chacun campe sur ses positions….
Sam Raingsy, ancien ministre des Finances, exclu du FUNCINPEC et de l’Assemblée nationale en juin, présidait à Paris, le 9 juillet, un meeting d’opposition au gouvernement de Phnom Penh. Devant 300 fidèles, l’ancien ministre des Finances a proposé de créer une “nouvelle alliance”, en tous points sembables à un parti politique (ce que Raingsy nie vouloir créer), dont les trois principaux objectifs seraient de faire la paix avec les Khmers rouges, de mettre fin à la corruption et de promouvoir la liberté d’expression. Ce meeting intervient au moment où les communautés d’exilés cambodgiens en France, en Australie et aux Etats-Unis, expriment un mécontentement de plus en plus fort à l’égard du gouvernement de Phnom Penh.
A Phnom Penh, dans la nuit du 13 au 14 juillet, quatre gardes du corps de Sam Raingsy sont arrêtés et interrogés par une trentaine de militaires. Menottes aux poignets, ils sont sommés d’avouer sous la contrainte que l’ancien ministre entretenait des contacts avec les Khmers rouges. Les quatre hommes sont relâchés le lendemain matin après l’arrivée de plusieurs officiers qui les innocentent. De Londres, Sam Raingsy exprime son indignation devant de tels procédés et certifie qu’il n’entretient aucun contact avec les Khmers rouges.
Ly Thuch, chef de cabinet du premier-premier ministre taxe les propos de Raingsy, selon lesquel sa vie est en danger au Cambodge, d’“absurdes” et de “scandaleuxLy Thuch lui fait remarquer qu’il est libre de critiquer le gouvernement, d’aller et venir au Cambodge, ainsi que son épouse l’a démontré en revenant dans le pays après un long séjour à l’étranger.
Sam Raingsy rentre à son tour au Cambodge le 30 juillet, après une absence d’un mois. Il conserve bon espoir de retrouver son siège à l’Assemblée nationale et estime que sa réintégration, en tant que membre du FUNCIPEC, est “inévitableIl écarte publiquement toute idée de fonder un nouveau parti, essentiellement par peur de dangereuses répercussions. Il déclare qu’il va diminuer ses activités politiques pour se concentrer sur du travail social. Son premier objectif est de pouvoir rester au Cambodge sans trop de problèmes, et d’empêcher que les personnes qui travaillent avec lui, ou le soutiennent soient l’objet d’intimidations. Il avertit cependant que d’autres expulsions de l’Assemblée nationale le conduiraient inévitablement à la création d’un nouveau parti.
Cette crainte n’est pas illusoire: Hun Sen affirmait le 26 juillet, que tous les membres de l’Assemblée nationale faisant preuve d’opposition à la politique du pays et au principe de réconciliation nationale seraient exclus du parlement. Sam Raingsy ne serait ainsi que le premier sur la liste.
Les dissensions au sein des deux partis nationalistes n’a produit qu’un effritement du crédit déjà fort mince dont ils jouissaient, au profit du Prachéachon de Hun Sen. Si le FUNCINPEC est sorti vainqueur des élections de 1993, c’est grâce à la personnalité de Sihanouk. Mais son fils Ranariddh, premier-premier ministre, n’a ni l’envergure, ni le charisme de son père.
Loi sur la presse
Le 18 juillet, l’Assemblée nationale a voté, par 90 voix contre 4, le projet sur la presse mis en chantier depuis plus d’un an. Cette nouvelle loi manifeste la volonté d’encadrer plus efficacement les médias cambodgiens.
Le 3 juillet, l’Assemblée vote l’article 8 du projet de loi sur la presse, qui impose une amende de 640 dollars à l’encontre de toute publication imprimée sans l’aval du ministère de l’Information. Le lendemain, elle vote un amendement à l’article 9 qui stipule que les nouvelles publications devront être signalées au ministère de l’Intérieur avant de commencer leur parution. Le secrétaire d’Etat à l’Information, Khieu Kanarith, précise que ce ne sera qu’une formalité, la communication du nom et de l’adresse de l’éditeur entraînant la permission immédiate du ministère. Le 11 juillet, l’Assemblée vote l’article 12 qui stipule que “la presse écrite ne peut imprimer ni reproduire des informations qui affecteraient la sécurité nationale et la stabilité politique du pays”. Les éditeurs enfreignant cette clause pourraient être condamnés à des amendes supérieures à 8 300 dollars, et même des peines de prison. Le ministre de l’Intérieur et le ministre de l’Information disposent également du droit de saisir certaines revues ou quotidiens sans l’avis d’un tribunal, ainsi que de suspendre leur publication pour 30 jours. Après deux heures de débats houleux, l’Assemblée vote l’article 13 qui fixe le montant des amendes pour les journaux qui publieront des “informations humiliant des organismes nationauxLa motion proposant d’annuler cet article est rejetée par les députés. Fixée initialement à 8 300 dollars, le plafond autorisé de l’amende a été ramené à 4 150 dollars.
Ces deux articles suscitent l’inquiétude de Michael Kirby, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le respect des droits de l’homme, ainsi que celle d’Amnesty International et de Human Rights Watch-Asia : l’ambiguïté des termes employés permet en effet de réduire la liberté d’expression de manière arbitraire. Un député du PDLB, Son Chhay, n’a pu faire ajouter un amendement à l’article 12, qui eût précisé ce qu’il fallait entendre par “atteintes à la sécurité nationale et à la stabilité politique”. Le ministre de l’Information, Ieng Mouly, affirme que la proposition de révision de Son Chhay pourrait faire l’objet d’un décret d’application.
Les députés suppriment l’article 15 qui stipulait que les journalistes qui tenteraient de soudoyer ou de faire chanter leurs interlocuteurs seraient passibles d’une amende de 4 000 dollars. L’article devrait réapparaître de manière plus “appropriée” dans une prochaine loi sur la criminalité.
Le 3 juillet, pour la 5ème fois depuis le commencement du débat sur le projet de loi sur la presse, l’Assemblée n’avait pas le quorum requis…
Un décret du ministère des Cultes en date du 3 août s’inscrit dans le même sens: toute publication de livres ou brochures à thème religieux, la traduction des Ecritures devront désormais être soumis à “un contrôle préalable” du ministère.
Une autre mesure pour museler la presse, est la création de la Ligue des journalistes cambodgiens (LCJ), dont Hun Sen, second-premier ministre est membre. “Je suis membre de la ligue, c’est mon droit! N’allez accuser personne d’ingérence, c’est la démocratie!” Le gouvernement a accordé un don de 1 700 dollars à LCJ. Hun Sen ne cache pas son opposition à l’Association des journalistes khmers (KJA), dirigée par Pin Sophon, et souvent en opposition avec le gouvernement. Selon Hun Sen, la LCJ est forte de 38 membres, la KJA n’en a plus que 5.
Le 28 août, après avoir dû suspendre sa séance pour cause de chahut de la part de la foule, le tribunal municipal de Phnom Penh a émis un jugment fermant définitivement le journal “Odamkatés Khmer” (“Idéal khmer”), et condamné son éditeur, Thun Bun Ly, à verser 4 000 dollars d’amende, qui pourraient se transformer en deux ans de prison. Le ministère envisage de poursuivre 5 autres journaux, accusés d’avoir critiqué de hauts fonctionnaires: “Monosékar Khmer” (“Conscience khmère”), “Damneung pél Preuk” (“Nouvelles du matin”), “Podarméan Sereiphéap Thmey” (“Nouvelles de la liberté nouvelle”), “Samleng Youvachon Khmer” (“Voix de la jeunesse khmère”) et “Wat PhnomLe porte-parole du gouvernement confirme les mesures à l’encontre des deux premiers titres. “Il faudra du temps pour construire une presse responsable au Cambodge, de la même manière qu’il faut du temps pour construire un gouvernement responsable. Beaucoup de journalistes sont tout simplement incompétents. Mais personne ne met les ministres incompétents en prisonremarque un observateur étranger.
Droits de l’homme
Outre son désaccord concernant l’adoption de la loi sur la presse, Amnesty International accuse le gouvernement de bafouer les droits fondamentaux de la personne. Selon l’organisation internationale, “des incidents réguliers mettent en cause la liberté d’opinion, d’expression et d’association”, les autorités s’efforcent de “faire taire les oppositions et critiques envers son action
Lors d’un séjour récent, Michael Kirby, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le respect des droits de l’homme au Cambodge, a pu se rendre compte “de nombreuses atteintes aux droits de l’homme perpétrées notamment par la police qui arrête, torture et extorque de l’argent aux villageois, en les menaçant de mort s’ils révélent ces affairesLes villageois de Tuol, du district de Chhouk, dans la province de Kampot préfèrent rejoindre les Khmers rouges plutôt que d’être inquiétés par les autorités locales. Dans ce village, 4 meurtres n’ont toujours pas trouvé d’explication.
On peut citer de nombreux exemples d’exactions perpétrées impunément par des militaires. Parfois, on assiste à des règlements de compte sanglants de militaires qui s’en prennent aux policiers. Nil Non, juge principal au tribunal de Battambang, estime que 90% des crimes sont l’oeuvre de soldats gouvernementaux ou, du moins, de gens en uniforme militaire. Selon lui, le tribunal subit de nombreux actes d’intimidation. Aussi longtemps que les soldats accusés de crimes seront jugés dans des tribunaux civils, les crimes commis par les militaires seront en augmentation. Les avocats et les juges civils ne veulent pas juger ces affaires par crainte de représailles.
Un exemple parmi beaucoup d’autres : le colonel Sath Soeun, impliqué dans plusieurs meurtres récents à Kompong Cham, a été remis en liberté. On a la preuve qu’il s’est encore rendu coupable du meurtre d’un adolescent surpris en flagrant délit de vol et qu’il a tiré à bout portant. Sath Soeun est entré dans la maison, et en est ressorti en disant qu’il avait tué le voleur. Un peu plus tard, la police a annoncé que l’adolescent n’était pas mort. Sath Soeun est retourné l’achever. Les autorités locales semblent peu motivées pour l’arrêter. Le juge Khieu San, chargé de l’affaire, est celui qui avait acquitté Sath Soeun pour le meurtre du journaliste Chan Dara, faute de preuves, celles-ci ayant été retirées du dossier. Les associations de défense des droits de l’homme rapportent que Khieu San a refusé les preuves impliquant Sath Soeun dans deux autres meurtres. Selon le juge, Sath Soeun s’est enfui dans une autre province, et tombe sous une autre juridiction. Or un membre d’une organisation de défense des drois de l’homme affirme avoir vu Sath Soeun, sans aucun doute possible, dans une Jeep, en compagnie d’autres militaires, autour du monument de l’indépendance à Kompong Cham.
Un directeur du Casino Naga a été enlevé et gardé pendant deux jours contre une rançon de 400 000 dollars jusqu’à sa libération par les forces gouvernementales. 7 hommes ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir participé au kidnapping, dont au moins un officier de la police militaire et un des gardes du corps du directeur. C’est au moins le 5ème kidnapping à Phnom Penh depuis le début de l’année.
Education
6,7% de lycéens ont passé avec succès leurs examens en fin d’année. En comparaison des 4,2% de réussite en 1994, ce chiffre est la preuve, selon Toh Lah, ministre de l’Education, de “l’amélioration du système éducatif cambodgien”. Cependant de nombreux cas de triche aux examens sont signalés: même lors des examens des classes du primaire et du secondaire, les parents et la famille qui se trouvent à l’extérieur, échangent sujets et conseils avec leurs protégés à l’intérieur. Des policiers expliquent qu’ils ont été chargés d’empêcher les motos et voitures de rentrer, pas les piétons. D’ailleurs certains participent à la confection des solutions. Il semble cependant que la corruption ait diminué. Il y a beaucoup moins d’examens vendus à l’avance. Cependant, les maîtres sont obligés d’imposer des frais supplémentaires non prévus par la loi.
55% des élèves de l’école primaire ont réussi leur examen de fin d’année, c’est une augmentation de 5%. 29% ont réussi leur examen en fin de collège, soit une augmentation de 16%.
Le gouvernement a annoncé une réforme radicale du système éducatif, en ajoutant des cours de sécurité, d’hygiène, d’art, de civisme et de sciences sociales. Tous ces sujets n’ont jamais été enseignés depuis 1975. Ce nouveau programme est financé par l’Union européenne. Ce plan doit être mis en place dès octobre, et les enfants de 6 à 12 ans seront soumis à l’école obligatoire. Ce plan est bien accueilli par tout le monde, mais le gouvernement reconnaît qu’il sera difficile à appliquer à cause du manque de moyens pour acheter les manuels nécessaires, et par manque de personnel compétent.
Du fait de la misère des campagnes, les enfants doivent travailler pour assurer leur survie. D’autre part, beaucoup n’ont pas de quoi payer la scolarité gratuitel’uniforme ni les fournitures scolaires. Les instituteurs, peu payés, doivent donner des “cours” supplémentaires rémunérés pour vivre. Les pauvres sont, de fait, exclus du système scolaire.
Economie
La famine règne dans une partie des campagnes, spécialement dans les provinces de Kompong Thom, de Prey Veng, de Battambang: la récolte de riz de l’an dernier a été catastrophique. Selon l’ONU, 2,5 millions de Cambbodgiens souffrent de la famine, les réserves en grain étant très faibles et les stocks étant quasiment inexistants. Le Programme alimentaire mondial estime que 35 mille tonnes de riz supplémentaires devraient être distribuées, pour aider les paysans jusqu’à la récolte de novembre.
Avec la saison des pluies, les programmes “Nourriture contre travail” (“Food for Work”) sont interrompus, les paysans ne pouvant creuser les terres inondées. Cependant, la corruption règne même dans ces programmes humanitaires : à Kompong Thom, on signale que les villageois de 5 villages qui avaient travaillé dans le cadre de ce programme, n’ont pas reçu le riz promis de la part de la Croix-Rouge cambodgienne, le riz ayant sans doute été revendu.
Plusieurs ONG prêtent du riz, contre remboursement à la prochaine récolte (1 sac à 1 sac et demi contre 1 sac. Chez le commerçant chinois, on prête à 1 sac contre 2 et 1/2). Mais seuls bénéficient de prêts les gens pouvant rembourser. Les pauvres restent sur leur faim.
Les “Caritas” de divers diocèses italiens ont promis de donner 90 000 dollars pour l’achat du riz.
Suite aux combats autour de Poipet du mois de juillet, les autorités militaires thaïlandaises ont bloqué un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) à la frontière thaïlandaise pendant 17 jours. Ce convoi transportait 8 200 tonnes de riz, permettant de nourrir environ 51 000 personnes pendant un an, dans les provinces de Battambang, Siem Reap et Banteay Manchay.
La province isolée de Preah Vihear devrait bientôt recevoir un convoi de 100 tonnes de riz du PAM. Plusieurs compagnies privées ayant refusé de transporter ce riz à cause de l’insécurité et de l’état de la route, c’est un convoi militaire qui assurera le transport. Ce convoi est plus cher que d’habitude, mais permet d’éviter d’acheter le riz sur le marché local et empêche ainsi une envolée des prix.
Mais le Cambodge pourrait exporter du riz vers l’Iran, dans le cadre de l’établissement de liens commerciaux entre les deux pays. Cette proposition a été faite par le premier-premier ministre à Reza Mossein Mirza, ambassadeur iranien au Cambodge. Ce dernier invitera le ministre iranien du Commerce à se rendre au Cambodge pour discuter de ce sujet. Par ailleurs, le gouvernemnet de Téhéran a invité le roi Norodom Sihanouk, le président de l’Assemblée nationale Chea Sim et le ministre des Affaires étrangères Ung Huot à se rendre en Iran en décembre.
Finances et investissements
Le conseil des ministres a décrété une nouvelle loi de budget 95, révisant à la hausse les revenus de l’Etat, et a placé la signature d’accords commerciaux occasionnant des dettes extérieures sous le contrôle plus strict du ministère des Finances. Les efforts pour collecter les taxes commencent à porter leurs fruits.
Selon le ministère des Finances, les revenus de l’exploitation du bois ont dépassé de 900% les prévisions budgétaires. Les coffres de l’Etat auraient reçu 13,7 millions de dollars de janvier à mai. 35 millions sont donc prévus pour l’année 95 soit une augmentation de 25% par rapport à 1994. D’autre part, depuis le 30 avril 1995, date de l’interdiction d’exporter du bois, 752 000 mètres3 de grumes ont été saisis dans les provinces de Koh Hong, Kampot et Ratanakiri. Une vente aux enchères est prévue. Elle pourrait rapporter 20 millions de dollars à l’Etat. Quelque 1 734 759 mètres3 de contre-plaqués auraient également été saisis, mais leur mise en vente aux enchères reste incertaine.
Il semble que l’interdiction d’exportation du bois soit observée, du moins par le port de Sihanoukville. Elle continuerait partiellement en direction de la Thaïlande et du Vietnam.
Le contrat controversé concernant 800 000 hectares de forêts avec la compagnie malaisienne Samling a été dépassé par une concession récente de 1,5 millions hectares, accordé au groupe indonésien Panin. Un autre contrat concernant plus de 500 000 hectares a été accordé à la société malaisienne Grand Atlantic. En tout, 27 sociétés étrangères ont postulé ou ont déjà reçu des licences d’exploitation. Bien que le ministre de l’agriculture Tao Seng Houor affirme que les licences ne sont données qu’aux entreprises reconnues et qui replanteront, les fonctionnaires de l’office des forêts sont sceptiques. Un certain nombre de contrats sont contradictoires dans leurs termes mêmes. Le contrôle d’une politique cohérente de coupe est difficile à assurrer.
La société Samling, indique qu’après avoir consulté des photos satellites, 30% de la zone qui lui a été attribuée a déjà été complètement déboisée par des inconnus. Elle demande donc que sa concession soit agrandie. D’autre part Julio A. Jeldres a mené une enquête en Malaisie sur les réalisations de cette entreprise. Il indique qu’en Malaisie les promesses de la dite société n’ont pas été tenues et que les dégâts sur l’environnement y sont dramatiques. Il y a encore davantage lieu de s’inquéter au Cambodge qui n’est pas le pays d’origine de l’entreprise.
Les exportation de produits locaux manufacturés par 18 des plus grandes entreprises étrangères implantées au Cambodge ont dépassé les 7 millions de dollars au cours des six premiers mois de l’année 1995.
Le gouvernement a signé un accord avec la Chine autorisant l’importation de matériel pour une valeur de 8,6 millions de dollars.
La fréquentation du port de Phnom Penh par les cargos a diminué de 50% entre novembre 1994 et juin 1995. La cause de cette perte financière importante tient aux changements de règlement du trafic maritime par le Vietnam. Depuis le 1er octobre 1994, les navires empruntant le Mékong pour se rendre au Cambodge devaient posséder une autorisation de passage, difficile à obtenir. De nombreuses compagnies de transport maritime ont donc modifié leurs routes, et le port de Sihanoukville a connu un regain d’activité. En novembre 1994, après une semaine de négociations, les autorités vietnamiennes se sont engagées à faciliter le trafic sur le Mékong. Toutefois, beaucoup de compagnies ont préféré ne pas modifier à nouveau leurs routes maritimes.
La Banque française pour le Développement (BFD) accorde un prêt de 2 millions de dollars à l’industrie du caoutchouc. Huit entreprises privées devraient bénéficier de ces crédits afin de lancer un processus de restructuration. Le caoutchouc est l’une des activités les plus importantes du pays, les prix devraient bientôt doubler. Cependant la plus grande partie de la production contrôlée par Hun Nhen, frère de Hun Sen, gouverneur de Kompong Cham, passe en contrebande au Vietnam.
Le Fonds monétaire international (FMI) accorde un prêt de 22 millions de dollars. Les versements s’étaleront sur 3 ans et seront soumis à un taux d’intérêt de l’ordre de 0,5%. Ils doivent permettre au pays de mener à bien les réformes économiques envisagées. Une partie de la somme est destinée à la Banque nationale du Cambodge, pour soutenir le cours du riel et accroître les réserves en devises nécessaires à l’importation de produits étrangers. Bien que ne signifiant pas grand-chose dans un pays à l’économie en grande partie artificielle, le taux d’inflation est tombé à 7,1% en avril, confirmant la baisse continue depuis décembre 1994. Il était de 11,5% en mars et de 26,1% en décembre dernier.
Le ministère des Finances a mandaté une commission technique pour vérifier les comptes de la “Cambodia Lottery Corporation” et du casino flottant “Naga Resorts”, tous deux appartenant au groupe malaisien Lipkland. La première citée devait verser de l’argent au gouvernement pour contribuer à la “sécurité sociale du peuple cambodgienIl semble qu’aucune somme n’ait été perçue. Le gouvernement veut s’assurer de l’état réel des revenus de ces deux entreprises, afin de vérifier qu’elles n’abusent pas de leur monopole et des conditions très aisées d’implantation à Phnom Penh.
Normalisation dans les relations internationales
Le 12 juillet, la Chambre des représentants du congrès américain octroyait au Cambodge la clause de “la nation la plus favoriséece qui supprime un certain nombre de taxes et facilite les exportations. Le Sénat doit approuver la clause, mais le vote semble acquis. L’administration américaine estime que les élections de mai 1993 “justifient” l’octroi d’une telle clause. La coopération cambodgienne dans la recherche des restes des soldats américains disparus au Cambodge a favorisé également le vote.
Le 23 juillet, après 20 ans d’absence, le Cambodge rouvre son ambassade à Washington.
De retour de Bruneï, où il a participé à la réunion annuelle de l’ASEAN, et en route pour Hanoï, Warren Christopher, secrétaire d’Etat américain, fait une escale à Phnom Penh, le 6 août. Le secrétaire d’Etat reconnaît les erreurs de la politique américaine des années 1970-80, mais dit qu’il est temps de regarder vers le futur plutôt que vers le passé. Sa visite se concrétise par une aide pour l’éducation primaire, l’assistance technique, les programmes de développement de la démocratie et du planning familial.
Le 8 août, Le Duc Anh, président du Vietnam et ancien commandant de l’invasion du Cambodge de 1978-79, s’est rendu pour une visite de deux jours à Phnom Penh. Il a rencontré entre autres, le roi Sihanouk, les deux co-premiers-ministres, ainsi que Chéa Sim, président de l’Assemblée nationale. Il a promis d’accorder 1 000 tonnes de riz pour aider à combattre la disette au Cambodge. Le roi Sihanouk prévoit de se rendre au Vietnam en décembre prochain.
Le 30 juillet, le Cambodge reçoit officiellement le statut d’observateur au sein de l’ASEAN, et déclare son intention de devenir membre de l’Association à part entière d’ici deux ans.
Les négociations pour cette admission à l’ASEAN étaient en route depuis un an. Le 12 juillet, lors de la visite de Ung Huot, ministre cambodgien des Affaires étrangères à Kuala Lumpur, la Malaisie avait conseillé au gouvernement de Phnom Penh de se cantonner à un rôle d’obesrvateur. Sa faiblesse économique actuelle pourrait être exploitée par ses partenaires de l’ASEAN. De plus, le Cambodge devrait s’acquitter d’une cotisation annuelle d’un million de dollars, difficile à honorer présentement.
Singapour doit former des fonctionnaires cambodgiens en vue de l’entrée du Cambodge dans l’ASEAN. Les futurs représentants devront posséder une formation poussée en anglais, en droit administratif et en méthodes de gestion.
Pour le Cambodge, l’appartenance à l’ASEAN risque d’être ressentie plus comme un fardeau que comme une aide, du moins dans le court terme. A long terme, cependant, le Cambodge, ne peut qu’y trouver des avantages: sans l’ASEAN, le pays devrait continuer de ne dépendre que d’une seule grande puissance (Etats-Unis ou Chine), sans la garantie d’une organisation régionale.
Divers
Le bureau d’Interpol au Cambodge réclame davantage de crédits de la part de l’organisation internationale, qui regroupe 179 pays membres, et dont le siège se trouve en France. Bien que le Cambodge n’ait pas le statut de membre officiel d’Interpol, son bureau y a été créé en 1994, afin de relier le pays au réseau international de coopération policière. Le bureau est composé de 51 officiers de police cambodgiens et traite principalement des affaires de trafic de drogue, de contrebande, de terrorisme et de criminels en fuite. Le directeur, Hy Samnang, estime que son service ne pourra être efficace que s’il dispose d’un matériel informatique moderne de traitement de l’information. Interpol estime qu’au moins 100 des criminels les plus recherchés par la police internationale se cachent au Cambodge. Ils changent de nom et profitent du manque de structures et de moyens de contrôle dans le pays pour continuer à trafiquer et à blanchir de l’argent.
Le co-chef de la police nationale, Noun Soeur, membre du FUNCINPEC, et démis de ses fonctions le 26 juillet pour avoir touché 100 000 dollars de pots-de-vin, révèle que 600 kilos d’héroïne passent par Phnom Penh chaque semaine en provenance du Laos et de Birmanie. Bien que ceci soit connu, les services des stupéfiants restent impuissants par manque d’expérience et d’équipement, mais aussi parce que les trafiquants sont riches et sont soutenus par des officiels très haut placés.
La police des stupéfiants a arrêté 4 Cambodgiens en possession d’un kilo d’héroïne. Les trafiquants sont suspectés d’être impliqués dans un transfert de 35 kilos de la Thaïlande vers les Etats-Unis en passant par Pochentong.
71 kg d’héroïne ont été saisis dans la province de Koh Kong. Leur valeur marchande aux Etats-Unis est estimée à 15,6 millions de dollars.
La police a saisi environ 9 kilos d’une substance supposée être de l’uranium. On ne sait pas encore s’il s’agit d’uranium enrichi utilisable pour les armes atomiques. 9 kg suffisent à produire une bombe nucléaire. Mais selon l’ambassadeur de France, les services parisiens, à partir de photos, ont déterminé que la substance saisie n’était pas de l’uranium.
Les autorités de Phnom Penh expriment leur inquiétude sur l’accroissement du nombre de vélomoteurs dans la capitale, à la suite d’une augmentation dramatique du nombre d’accidents de la circulation depuis le début de l’année. Il y aurait 11 350 vélomoteurs en ville, et ce nombre ne cesse de s’accroître. Les autorités municipales aimeraient limiter leur nombre à 10 000, mais n’ont aucun moyen de faire appliquer cette politique.
La rénovation en cours du réseau national de télécommunications programmée par les Nations Unies lors des élections de 1993, devrait permettre une amélioration significative des services téléphoniques dans plusieurs capitales provinciales dès le mois d’avril 1996. 3 500 à 4 000 lignes nouvelles seraient mises en place à Sihanoukville, Battambang, Kompong Cham et Phnom Penh. Le projet global de rénovation est géré par Camintel, société comprenant une compagnie indonésienne de télécommunications (Indosat) et le ministère cambodgien des Postes et Télécommunications. Estimé à 15 millions de dollars, ce programme devrait permettre de créer 9 500 nouvelles lignes de téléphone dans 13 provinces, au plus tôt en 1997. Les retards sont dûs à la restauration du système de télécommunications militaires mis en place par la société australienne Telstra en 1992, pour un coût de 50 millions de dolllars. Ce réseau s’est progressivement détérioré à cause du vol de matériel et de l’absence d’entretien.
“Médecins du Monde” prépare son retrait rapide et total du Cambodge. Le Calmbodge n’est plus une priorité pour les donateurs. Le bâtiment B de l’hôpital Calmette géré par “Médecins du Monde” était le seul endroit du Cambodge où les plus pauvres pouvaient obtenir des soins gratuits et de qualité. Certains disent que se sont les pauvres qui sont les mieux soignés à Calmette. Beaucoup voient ce départ comme une catastrophe, d’autant plus qu’un certain nombre de malades sont sur liste d’attente pour des traitements cardiaques en France.
Le nombre de touristes a augmenté de 15% par comparaison avec les chiffres des premiers trimestres de 1994 et 1995. La France détient la première place, avec plus de quatre mille personnes recensées. Les voyages d’affaires sont davantage le fait des Chinois, qui totalisent 11,38% de toutes les arrivées.
Le conseil des ministres a approuvé un projet de loi qui punirait sévèrement les prostituées, leurs employeurs, le trafic des enfants à des fins sexuelles. Le projet interdit aussi la pornographie et les spectacles érotiques dans les boîtes de nuit. Les groupes de défense des droits de l’homme, se plaignent que la loi punisse les prostituées, dont beaucoup sont vendues contre leur gré.