Eglises d'Asie

Culte de la Vierge et tradition religieuse populaire à Mariamabad

Publié le 18/03/2010




Le 8 septembre 1995, à Mariamabad, localité située à 85 km de Lahore, pour la fête de la Nativité de la Vierge, les chrétiens du pays sont venus nombreux participer à une sorte de grande fête foraine, appelée ici « mela », qui a lieu tous les ans à la même date depuis 48 ans. Ce rassemblement qui au fil des ans devient de plus en plus populaire s’inspire chaque année davantage de la tradition religieuse issue du monde rural musulman. Cet enracinement traditionnel est dû aux chrétiens du monde paysan qui dans leurs vies quotidiennes côtoient leurs compatriotes musulmans et se sont appropriés un certain nombre de formes de la dévotion propre à l’islam populaire.

La « mela » chez les musulmans se déroule autour du mausolée ou de la châsse d’un saint de l’Islam. Un grand drap de soie brodé de fleurs d’or, qui devra être étendu au-dessus du lieu sacré où repose le saint, est apporté en procession, tenu par les quatre coins. Le battement des tambours et les chants l’accompagnent tandis que les passants jettent vers lui des pièces de monnaie.

Le 8 septembre, à Mariamabad, la même cérémonie s’est déroulée auprès d’une grotte de Lourdes à côté de laquelle se trouve une église vieille de plus de cent ans. Le drap y était brodé d’une croix et à la fin de la procession, il a été étendu au-dessus de l’autel. Puis, toute la journée et toute la nuit, deux longues théories d’hommes et de femmes sont montées à la grotte apporter leurs offrandes en action de grâce, des couronnes, des voiles, des animaux, des cierges, ou de l’argent. Dans l’église adjacente à la grotte s’est pratiqué un rite également emprunté à la piété populaire islamique, la grande prostration tenue pendant plusieurs minutes, en signe de consécration. Ce rite est particulièrement apprécié des membres de la jeune génération qui viennent à Mariamabad de très loin souvent à bicyclette.

A quelque distance de la grotte, dans une atmosphère de foire, les colporteurs et les marchands de souvenirs religieux proposaient des médailles, des croix, des bibles, mais aussi des images religieuses aux couleurs vives, des représentations de divinités hindoues, des cassettes musicales avec des chants du Pendjab. Enfin, le soir est venu et avec lui les chants et les danses. Puis, comme l’exige la tradition de la « mela« , le riz a été cuit sur des feux de bois et servi à tous.

De même que les chrétiens participent aux « mela » autour des mausolées des saints de l’islam, des musulmans étaient aussi venus à Mariamabad. Ils ont formulé des voeux et imploré les faveurs de la Vierge.