Eglises d'Asie

Jaffna : des étudiants, des personnalités religieuses et civiles protestent contre le bombardement d’une école par l’armée nationale

Publié le 18/03/2010




Le 29 septembre 1995, des dirigeants chrétiens et hindous étaient en tête d’une manifestation populaire à Jaffna, dans le nord de l’île, pour protester contre la mort de cinquante personnes, dont 23 enfants, au cours du bombardement d’une école par l’armée nationale, une semaine auparavant. La commission “Justice et paix” du diocèse de Jaffna a aussi envoyé une lettre de protestation à la présidente du Sri Lanka, Mme Chandrika Kumaratunga.

L’armée nationale du Sri Lanka nie avoir bombardé l’école et admet seulement que le bombardement du 22 septembre avait pour objectif les alentours d’un camp militaire des “Tigres tamouls”. Mais il n’y a pas de camp militaire rebelle aux alentours de l’école. Le P. Emmanuel, vicaire général du diocèse de Jaffna, a accusé le gouvernement de vouloir étouffer l’affaire en cachant les atrocités commises. Il a accusé aussi les médias de Colombo “de se montrer réticents à publier la vérité sur les faitsIl a ajouté : “Il y a trois mois, cent-vingt civils ont été tués au cours du bombardement aérien de l’église Navaly de Jaffna. Le gouvernement a nié les faits et a essayé de cacher la vérité. Aujourd’hui encore, il ment effrontément à propos du bombardement de l’école Nagar Kovil

S’adressant lui aussi aux manifestants, le directeur de l’école a raconté comment les bombes étaient tombée sur son école le 22 septembre à 12H40. Il a déclaré qu’en plus des morts, une quarantaine d’enfants avaient été grièvement blessés. De son côté, Sri Rajeswara Kurukhal, représentant de l’association des prêtres hindous de Jaffna a appelé la communauté internationale à “entendre l’appel des victimes et à leur venir en aide

La lettre envoyée à la présidente par la commission diocésaine “Justice et paix” affirme que les faits concernant le bombardement ne font aucun doute. Par ailleurs, la commission considère que “l’assassinat de ces écoliers, dont la plupart étaient âgés de moins de treize ans, n’est pas seulement un assassinat d’innocents mais fait aussi partie d’une stratégie d’annihilation des générations futures de la communauté tamoule

De leur côté, les “Tigres tamouls” ont été responsables, ces dernières semaines, de cinq attentats sanglants dans le sud et le centre de l’île, qui ont fait plusieurs dizaines de victimes. Ils espèrent ainsi obliger l’armée à multiplier les fronts, et à desserrer l’étau qui se referme peu à peu sur la place forte rebelle de Jaffna. Depuis quelques semaines, en effet, l’armée nationale srilankaise a lancé une vaste offensive contre les forces rebelles des “Tigres tamouls”.