Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION DU PAYS

Publié le 18/03/2010




(en septembre-octobre 1995)

Durant la dernière quinzaine d’octobre, le gouvernement cambodgien a débloqué 500 000 dollars pour l’hôpital régional de Battambang. Lors d’une réunion avec les ONG internationales, les autorités administratives régionales ont déclaré, en toute sérénité, qu’elles en percevraient 20%, révélant publiquement et sans vergogne une pratique généralisée concernant les aides et les contrats.

Durant la quinzaine précédente, le directeur de l’hôpital régional de Battambang avait exigé des patrons de ses principaux services qu’ils rendent le matériel volé à l’hôpital pour aménager leur clinique (illégale) privée. Les médecins-chefs ont fait intervenir leur député, ancien adjoint au directeur de l’hôpital, et le directeur a été limogé… Le personnel de l’hôpital a procédé deux fois à l’élection du même directeur, qui deux fois de suite a décliné le poste: pourquoi se battre, pour un salaire de misère d’environ 25 à 30 dollars, contre des groupes de pression si puissants…

Les deux derniers mois ont été ceux de la fin de la saison des pluies, marquée, cette année encore, par des inondations catastrophiques, qui ont ralenti l’économie et compromis une partie de la prochaine récolte de riz. Battambang, seconde ville du pays, a été pratiquement coupé du reste du pays, ses différentes routes d’accès en provenance de Phnom Penh ou de la Thaïlande étant sous l’eau, ou sabotées par les Khmers rouges, par les militaires (qui font sauter les ponts qu’ils « gardent »), ou endommagées par les paysans afin de rançonner les taxis et les camions: le 16 octobre, il fallait payer 30 000 riels (12 dollars) pour passer un pont, le 24 octobre, un taxi se rendant de Battambang à Phnom Penh a été rançonné une cinquantaine de fois pour une somme totalisant le tarif de 3 passagers (sur 7!). Le 29 octobre, entre Battambang et Pursat, plusieurs taxis ont été pillés par des militaires…

Ces événements pouraient n’être que des faits divers, mais, se répétant quotidiennement, ils laissent perplexes les observateurs étrangers sur les perspectives de reconstruction du pays, et même sur l’utilité des aides étrangères qui servent, en partie, à enrichir une minorité, et surtout à creuser le fossé entre riches et pauvres.

Une partie du pays fait désormais partie du monde de la faim: dans les provinces, on meurt de faim et du béri-béri. La population des campagnes pourrait devenir une proie tout indiquée à tout aventurier qui dirait lutter pour la justice. Une autre partie de la population, liée au pouvoir, continue de s’enrichir honteusement en toute impunité, bradant les richesses du pays, détournant les aides. Le pouvoir continue sa dérive vers une pratique de plus en plus autoritaire, peu respectueuse des liberté individuelles.

Le pouvoir monopolisé

Des élections législatives sont prévues pour 1998 afin de remplacer les 120 députés de l’Assemblée nationale élue les 23-28 mai 1993. Le FUNCINPEC, vainqueur des dernières élections, la branche dissidente du Parti libéral bouddhique libéral (PDLB), dirigée par Ieng Mouly, et le Prachéachon (PCC), ex-Parti communiste, qui détient la réalité du pouvoir, commencent leurs manoeuvres pour conserver leur domination. C’est dans cette perspective qu’il convient de lire les événements qui ont marqué la tenue du congrès du Parti démocrate bouddhique libéral (PDLP) de Son Sann, le 1er octobre 1995 et la création du nouveau parti de la Nation khmère.

Le Congrès PDLP: Chronique d’une violence annoncée

Le samedi 30 septembre, à la veille de la date prévue pour le congrès du PLDB, deux grenades explosent, à 20 minutes d’intervalle, l’une à la maison de Son Sann, l’autre à la pagode Vat Mohamontrey où se trouvaient une centaine de partisans de Son Sann, faisant 31 blessés, dont deux bonzes. Le roi Sihanouk a immédiatement condamné l’attentat, le prince Ranariddh, premier Premier ministre a déclaré que le gouvernement royal ne pardonnerait pas un tel crime, et que les responsables de cet acte lâche et criminel seront retrouvés et poursuivis par la justice (Au 01.11.95, rien n’a encore été fait!). Il tient cependant le PDLP pour responsable, car il n’a pas respecté les ordres du ministère de l’Intérieur. Hun Sen, second-Premier ministre, accuse, pour sa part, les forces armées contrôlées par le PDLP de faire mouvement vers la maison de Ieng Mouly, à Takmau, ce qui est démenti dans les faits, le PDLP ne contrôlant aucune troupe!

Sur les routes de Takeo et Koh Thom, la police militaire en armes filtre la population entrant à Phnom Penh, ne laissant passer que ceux qui montrent une carte du PPC ou du FUNCINPEC, refusant ceux qui montrent celle du PDLP. Au moins 5 camions ont été refoulés sur les routes nationales 2 et 3.

Malgré ces intimidations, le congrès a lieu le 1er octobre, à l’intérieur de la maison de Son Sann, où s’entassent plus de 360 personnes, et non au stade olympique, comme prévu. A l’extérieur, plus de 1 000 personnes crient leur soutien à Son Sann. L’ambassadeur des Etats-Unis se rend sur les lieux, pour montrer l’indignation de son pays contre la violence. 15 minutes après son départ, la police militaire fait évacuer la foule. Le congrès élit un nouveau comité directeur de 30 membres, avec Son Sann comme président.

Un nouveau parti: « La nation khmère »

Sam Raingsy, ancien ministre des Finances, exclu de l’Assemblée nationale, décide de fonder un nouveau parti, créé officiellement le 9 novembre, date de l’indépendance nationale. Selon Raingsy, ce parti comprend déjà 5 000 membres, et compte sur le ralliement de membres du Prachéachon et du FUNCINPEC déçus de leur propre parti. Déjà Nouon Soeur, vice-secrétaire général du FUNCINPEC et ancien vice-directeur de la police nationale, limogé en juillet dernier pour avoir révélé la corruption de membres du gouvernement, a annoncé son ralliement. Sar Kheng, co-ministre de l’Intérieur, déclare que le gouvernement n’a aucun problème avec ce nouveau parti, à condition que les procédures soient respectées.

Il semble que les autorités gouvernementales hésitent à s’opposer directement à Sam Raingsy qui bénéficie de nombreux soutiens à l’étranger, notamment celui de l’Union internationale des parlementaires, sise à Genève, qui en octobre s’est encore déclaré outrée de son exclusion de l’Assemblée nationale. Le roi Sihanouk, qui a marqué sa sympathie pour Raingsy, recommande au gouvernement de ne pas « trop » se préoccuper de l’opposition: « Ils sont trop faibles. Ils ne peuvent être un danger pour la coalition au pouvoir », qui est comme « le bulldozer de la démocratie

Pour le maintien du monopole du pouvoir

Le 23 septembre à Kompong Speu, Hun Sen déclare que la coalition avec Ranariddh, président du FUNCINPEC, durera jusqu’en 98, et au-delà même, jusqu’en 2010! Pour favoriser la coalition, le FUNCINPEC et le Prachéachon ont accepté le principe d’une division égale des postes de responsables de l’administration provinciale: depuis la répartition des gouverneurs de province entre les deux partis en 1993, ce serait le premier rééquilibrage du pouvoir. Ce rééquilibrage sera suivi par les élections municipales en 1997.

Le prince Sirivudh, secrétaire général du FUNCINPEC déclare que « entendre Hun Sen dire que les deux partis sont jumeaux pour encore dix ans lui donne l’impression que ces prétendues élections ne seront qu’un simulacre, » mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de gagner le maximum de sièges possibles. Sa devise pour ces élections est: « 1998, majorité des deux tiers, un seul premier ministre. »

Les premières élections municipales, reportées au début de 1997, seront un test avant les législatives de 1998. Pour répondre aux critiques du sénateur américain John McCain sur son exercice de la démocratie, Ranariddh explique que s’il avait accepté le système occidental de démocratie, les 20 ans de guerre civile n’auraient pas pris fin avec les élections de 1993. Il note d’ailleurs que les grandes démocraties, comme les Etats-Unis, n’ont pas protesté quand le parti perdant, le PPC, a demandé à entrer au gouvernement.

La presse locale muselée

Depuis plusieurs mois, les autorités gouvernementales resserrent leur contrôle sur les déplacements des citoyens et sur la presse. A nouveau, comme du temps de l’Etat du Cambodge, les chefs de village doivent signaler aux autorités locales la qualité des hôtes, les dates d’arrivée, durée de séjour et le motif des déplacements.

Le 31 août, immédiatement après le départ du roi Sihanouk pour un voyage officiel en Indonésie, Chea Sim, président de l’Assemblée nationale et chef de l’Etat par intérim, signe la loi sur la presse. Le roi avait en effet exprimé des réserves sur certaines dispositions de la loi et refusé de la signer.

Non seulement la cour d’appel confirme les condamnations d’éditeurs de journaux en langue khmère (Thun Bunly de « Oddamkatés Khmer« , Chan Ratana de « Samleng Youvachon Khmer« ), mais de véritables actions de commando, dirigées par des proches du pouvoir s’en prennent à des journaux d’opposition:

* Le 07.09.95, une explosion qui n’a pas fait de blessés a détruit le bureau central du journal « Pondarméan sereyphéap thmey » (« Nouvelles de la liberté nouvelle »). A la suite des menaces proférées le mois dernier, tous les équipements étaient montés chaque soir au deuxième étage qui n’a pas été touché par l’explosion.

* Le 23 octobre, 3 camions chargés de manifestants armés de barres de fer font irruption dans les bureaux du même journal, frappent le personnel et détruisent du matériel pour plusieurs milliers de dollars. La police, arrivée sur place, n’est pas intervenue. Cette attaque est liée à un article qui critiquait un projet de développement rural financé par Hun Sen à Krangnoy. « Je ne peux pas encourager le peuple à agir ainsi, mais c’est correct. Le peuple de Krangnoy a le droit de faire celadéclare Hun Sen le 30 octobre. Trois autres journaux ont reçu des menaces qui n’ont pas été suivies d’effets.

Les journaux les plus critiques envers le gouvernement ont décidé de former leur propre association de journalistes, mais n’ont pas encore obtenu d’autorisation. Ratana, éditeur de « Samleng Youvachon Khmer » rejette les allégations selon lesquelles certains politiciens financeraient l’association: « Seuls les partis au pouvoir ont beaucoup d’argent, mais ils ne nous en donnent pas parce qu’on les critique tous les joursIl y aura ainsi 3 associations de journalistes au Cambodge. La LJC (« Ligue des journalistes cambodgiens ») représentant les journaux plutôt pro-gouvernementaux, l’AJK (« Association des journalistes khmers ») plutôt neutre et la nouvelle, représentant l’opposition.

La chaîne de télévision thaïlandaise IBC (TVK canal 5), qui avait une concession accordée pour 99 ans, l’a vue réduite à 30 ans par Sam Raingsy, puis à 15 ans par le présent gouvernement. Elle a cédé son capital à une société mixte thaïlandaise-ministère de la défense cambodgien, qui a commencé le 1er novembre à diffuser des programmes comprenant des nouvelles de l’armée chaque jour pendant 1 heure et demi.

Institutions juridiques

L’absence d’institutions juridiques solides favorise la dérive autoritaire du régime. En dépit de millions de dollars injectés pour la réforme du système judiciaire, peu de problèmes sont résolus. Selon de nombreux observateurs, le système judiciaire actuel est dans les mains du PPC et l’aide efficacement à garder le contrôle du pays. Chem Sgnuon, cadre supérieur du PPC et ministre de la justice, écrit régulièrement des circulaires interprétant et commentant la loi pour les juges et les procureurs. C’est un travail que, normalement, seuls les corps indépendants prévus par la constitution sont autorisés à faire. D’autre part, les juges manquent de formation, ont des difficultés à se défendre contre les pressions politiques. Très peu payés, ils succombent facilement à la tentation de toucher des pots de vin. les 5 juges de la cour municipale de Phnom Penh font des heures supplémentaires pour entendre une centaine de cas par mois. Mais malgré leurs efforts, ils ne peuvent répondre aux besoins de la capitale.

Le conseil de l’ordre des avocats est officiellement formé, cinq mois après le vote de la loi du barreau. Les nouveaux membres ont prêté serment. Leur première tâche sera d’établir un règlement interne et un code d’éthique de la profession. Le barreau aidera à organiser des stages de formation pour ses membres. Say Bory, considéré comme un des meilleurs avocats cambodgiens, en a été élu président. Il était l’expert de l’assemblée constitutionnelle pendant la période de l’APRONUC.

Samdech Chakrei Nhiek Tioulong, 88 ans, conseiller du roi Sihanouk depuis de longues années, se plaint que le conseil constitutionnel, le conseil suprême de la magistrature et le conseil suprême de la défense nationale ne soient toujours pas en place. Le Conseil constitutionnel comprend 9 membres: 3 ont été désignés par le roi depuis 2 ans: Nhiek Tioulong, Pung Peng Cheng et Chao Sen Kosal. Les 6 autres, 3 désignés par l’Assemblée nationale, et 3 par la cour suprême, n’ont toujours pas été nommés. D’un point de vue légal, tout est bloqué: le réglement interne de l’Assemblée nationale n’a pas été approuvé, donc son fonctionnement est illégal. Ainsi, les délibérations et les débats sont inconstitutionnels. Les organisations de défense des droits de l’homme et de la démocratie s’inquiètent de l’absence de volonté de la part du gouvernement pour former ce conseil constitutionnel. Le prince Sirivuddh, pour sa part, déclare que « si le conseil constitutionnel est fort, si l’assemblée nationale est forte, alors la démocratie est née ».

Pour la première fois, Ranariddh a publiquement remis en question la main mise du PPC sur le système judiciaire, et demandé la mise en place rapide du conseil constitutionnel. Il affirme avoir négocié avec le PPC pour avoir au moins un juge nommé par le FUNCINPEC. Ranariddh a fortement critiqué le système de justice en disant qu’il était corrompu et que les pauvres ne pouvaient compter sur lui pour obtenir la justice. Mais le FUNCINPEC n’a aucun juge à nommer au conseil suprême de la magistrature.

L’Assemblée nationale réunie le 19 octobre après trois mois de suspension, devrait examiner un projet de loi sur la légalisation de l’avortement, un autre sur la sécurité nationale et les crimes politiques. Un an après la mise en chantier de la loi anti-corruption, un nouveau délai est demandé avant sa discussion. Ce projet comprendrait deux lois: l’une exigerait des fonctionnaires du gouvernement de déclarer leurs biens, une seconde voudrait établir un bureau indépendant pour enquêter sur la corruption à l’intérieur du gouvernement.

Un projet de législation du travail comprenant 392 articles devrait être soumis au conseil des ministres en novembre. Un membre du FUNCINPEC explique que le nouveau projet est en retard parce que certains responsables du gouvernement veulent garder les travailleurs sous la législation du régime communiste. La loi sera très proche dans ses conditions de la loi internationale sur le travail, car l’obtention de la clause de « nation la plus favorisée » de la part des Etats-Unis dépend en partie de la législation du travail.

Ahmad Yahya se plaint devant ses amis députés que le gouvernement ignore délibérément les questions posées par les parlementaires. « Je ne m’oppose pas au gouvernement, mais pense que les députés devraient mettre en place un réglement interne exigeant du gouvernement qu’il réponde aux requêtes des parlementaires

Les Khmers rouges

La saison des pluies est généralement celle où les révolutionnaires, plus mobiles, lancent leurs opérations de harcèlement contre les forces gouvernementales, équipées de matériel lourd. Il semble qu’en dépit d’attaques encore nombreuses, l’activité khmère rouge aille en déclinant. La politique de la terre brûlée pratiquée durant la dernière saison sèche leur a aliéné le soutien dont ils pouvaient bénéficier dans la population paysanne.

* On signale cependant de nombreux accrochages durant les deux derniers mois: au début septembre, les Khmers rouges, appuyés par des tanks, attaquent à nouveau la base de Treng reprise par les troupes gouvernementales. Une cinquantaine d’autres attaquent une position à 3 km de Poipet. Le lendemain, un autre groupe attaque une base à 30 km au nord de Kompong Chhnang. Une semaine plus tard, ils attaquent des cibles civiles et militaires dans les provinces de Pursat et de Battambang, qui font 13 morts. 4 ponts sont détruits sur la nationale 5. 41 civils auraient été tués par les Khmers rouges en septembre, dont 28 pêcheurs d’un village du Tonlé Sap (17 Khmers et 11 Vietnamiens). Les KR continuent de bombarder le nord-ouest du pays à An Ses, Banteay Ampll, Chunkal, Angkor Chum, Prasat Balang et Varin.

Le ministère de la Défense a dénombre 75 attaques de KR en septembre, contre 36 en août. Les Khmers rouges utilisent désormais de nouveaux types de mines, fabriquées à partir d’engrais et d’alumex, qui seraient 6 fois plus puissantes qu’une mine antichar ordinaire. La guérilla a fait exploser 4 mines artisanales près de Kompong Speu. Les troupes gouvernementales ont saisi 15 mines de ce type dans le district de Sré Ambel. Cela signifierait peut-être que les moyens d’approvisionnement traditionnel en armes des Khmers rouges sont taris. Selon le gouvernement, ils se lanceraient dans le trafic de drogue pour compenser les pertes dûes au coup de frein donné par la Thaïlande à l’importation du bois. Les Khmers rouges attaquent les marchés, ce qui pourrait indiquer qu’ils sont à cours de ravitaillement, comme l’ensemble de la population des campagnes.

Pour sa part, le gouvernement continue ses bombardement aériens quotidiens sur la région de Pailin. Ces bombardements sont destinés à déranger plus qu’à réaliser de réels dégâts. 2 600 policiers et soldats sont envoyés en renfort pour protégér les 113 km de route, entre Pursat à Bantéay Méan Chhey. L’Australie a donné 3 millions de dollars pour construire une école anti-guérilla au Cambodge. Les instructeurs seront formés en Australie.

* Ranariddh a indiqué que Thiounn Prasith, ancien représentant des Khmers rouges à l’ONU, vivant actuellement aux Etats-Unis avec un visa diplomatique proche de sa date d’expiration, est bienvenu au Cambodge comme « simple citoyen » ou pour travailler avec le gouvernement.

* En septembre sur les ondes de la radio khmère rouge, Khieu Samphan, Premier ministre khmer rouge, demande aux soldats des forces gouvernementales de rendre les armes. Par contre, en octobre, Chan Youran, vice-premier ministre khmer rouge, lance un appel pour des négociations sans conditions avec le gouvernement.

Economie : comment éviter que les ressources naturelles du pays ne s’évadent

Au début du mois de septembre, l’Assemblée nationale a approuvé une augmentation de 20% du budget de 1995. Le nouveau budget représente une valeur de 513 millions de dollars, soit une augmentation de 106 millions par rapport au précédent. Cette augmentation provient d’une augmentation des taxes, de la vente des grumes confisquées et d’un prêt international. Les dépenses militaires passent de 85 à 123,4 millions de dollars (Keat Chon, ministres des Finances, précise que si les dépenses militaires augmentent en valeur absolue, elles baissent en valeur relative du PIB en passant de 6,9% à 5,9%); Travaux publics, de 44,5 à 53,3 millions, ministère des Finances et économie de 45,2 à 54,4; Intérieur de 48 à 61,6; Education de 44,9 à 49,7; Agriculture de 23,9 à 28,8; Santé de 19 à 24,8; Industrie, mines et énergie représente 26,9m et le développement rural se voit attribuer 20,9 millions. D’autre part, le ministère des Finances devient le seul organe du gouvernement autorisé à contracter des emprunts extérieurs pouvant s’élever jusqu’à 210 millions de dollars. Il doit simplement informer le parlement 2 fois par an. Les emprunts plus importants doivent être approuvés par le conseil des ministres.

En 1994, les exportations du Cambodge se sont élevées à 457 millions de dollars. Les trois quarts proviennnent des ventes de bois et de la ré-exportation au marché noir de l’or et de cigarettes importées. Selon les chiffres de la banque nationale, le total des transactions commerciales approcherait 1 milliard de dollars. Les importations s’élèvent à 643 millions de dollars, causant un déficit de la balance commerciale de 186 millions. Mais il convient de noter qu’un tiers des importations est ré-exporté (or et cigarettes), d’autre part, 254 millions de dollars proviennent de l’aide étrangère, et 197 millions de la vente de bois; or ces deux importantes sources de revenus ne sont pas stables. Les importations comprennent 75 millions de dollars de matériel de construction, 38 de véhicules, 25 de boissons, 90 de cigarettes et 70 d’or. En plus du bois, les exportations comprennent 25 millions de dollars de caoutchouc et 227 de ré-exportations. L’investissement direct a représenté 69 millions de dollars, dont 59 de capitalisation du système bancaire. Ce rapport fourni au FMI n’est qu’indicatif, et ne donne que les grandes tendances, l’essentiel des chiffres provenant d’estimations.

Le bois

Le ministre de l’environnement a vigoureusement critiqué les forces armées qui ont déboisé 100 000 hectares au sud de la route nationale 4, menant à Sihanoukville. Les FARK ont loué ces terrains à une vingtaine de sociétés malaisiennes qui emploient les soldats démobilisés pour planter des caféiers, des cannes à sucre et des palmiers.

Meng Srun Sin, membre du Conseil pour le développement du Cambodge (CDC), s’inquiète à propos de la concession attribuée pour 50 ans au groupe indonésien Panin, et qui couvre 1 432 230 hectares de forêts, essentiellement dans les provinces de Ratanakiri, de Stung Treng et de Mondulkiri. Toute la province de Ratanakiri est ainsi attribuée à un seul exportateur.

* Meng Srun Sin qui a travaillé au département des forêts de 1966 à 1972 indique qu’aucun plan de gestion des coupes n’a encore été remis par la société. La société Panin devrait couper les arbres de façon sélective plutôt que simplement tout abattre; ce sera au département des forêts de spécifier quels arbres ne doivent pas être abattus. « Si tout le monde respecte cette procédure, alors les dommages ne sont plus incontrôlables, mais ces mesures de protection sont très difficiles à contrôler. » Le ministre de l’environnement indique qu’il n’a pas encore été formellement informé de ce contrat.

* Des groupes indonésiens de protection de l’environnement en ont d’ailleurs appelé au roi Sihanouk pour qu’il demande au gouvernement d’agir avec précaution avant d’accorder des concessions au groupe Panin. Selon le ministre indonésien des forêts, Panin est inconnu pour ses activités d’exploitation forestière.

* Le roi a vivement critiqué le gouvernement qui laisse les sociétés étrangères détruire les forêts du pays, entraînant d’innombrables souffrances pour les paysans. Il a insisté pour que toutes les sociétés étrangères plantent au moins trois arbres en compensation de chaque arbre qu’elles ont abattu. Si la déforestation ne s’arrête pas, le Cambodge ne sera plus qu’un désert, et même le Tonlé Sap ne sera plus qu’un champ de boue. « Il n’y a pas d’autre solution pour la survie de notre petit peuple que la reforestation générale du Cambodge

Le caoutchouc

Durant les années 60, les plantations de caoutchouc du Cambodge produisaient annuellement plus de 50.000 tonnes de caoutchouc pour l’exportation. Mais aucune arbre n’a été replanté depuis. Les arbres sont vieux, rugueux et difficiles à saigner. Des arbres sont abattus pour le bois. Le caoutchouc actuellement produit dans les usines de part et d’autre du Mékong disparaît purement et simplement, tandis qu’une autre partie est vendue à bon prix sur le marché ‘gris’, rendant les ventes difficiles à suivre, et laissant une large place à la corruption. Hun Ngeng, gouverneur de Kompong Cham, et frère de Hun Sen, supervise ce trafic.

Philippe Monnin, conseiller technique français aurpès du directeur général du département des plantations de caoutchouc, indique que depuis 3 ans, la situation s’est encore dégradée. Le dernier probème en date, est la vente par le gouvernement, sans appel d’offre publique, d’une concession d’exploitation forestière d’hévéas de 11 800 hectares pour 10 ans, à la société Pheapimex and Shipping Co, pour une valeur de 22,5 millions de dollars. Le contrat stipule que la société replante les zones qu’elle déboisera, mais il n’est pas spécifié quand elle devra le faire. D’autre part, les revenus iront directement au département des plantations d’hévéas, au lieu d’aller au ministère des Finances, comme ce devrait être la règle.

Sur le marché mondial, le latex se vend 1 500 dollars la tonne. En 1994 avec une production estimée à 40.000 tonnes, le ministère n’a perçu que 3 millions de dollars (soit 75 dollars par tonne). Comme le latex n’est pas vendu par les canaux internationaux habituels, personne ne sait quel est le prix de vente du latex cambodgien, ce qui facilite le camouflage des commissions. Depuis 1994, le gouvernement a décidé de privatiser les plantations, mais les modalités sont difficiles à définir, dont celle de la propriété des terres, celles des arbres, etc. Par ailleurs, le gouvernement ne veut pas créer un monopole, afin de pouvoir expérimenter différentes formes d’investissement. Il semble que le gouvernement s’oriente vers un partenariat entre des entreprises étrangères et des entreprises locales ou bien avec le gouvernement lui-même.

Lors de la visite « privée » de Ranariddh et de Hun Sen à Paris, après leur retour de l’ONU, la France a accordé un don de 50 millions de francs (10 millions de dollars) pour le lancement de projets dans le domaine de l’agriculture, spécialement pour les plantations de caoutchouc.

Tourisme

Depuis la formation du comité APSARA, demandé par le Comité du patrimoine mondiale (CPM), et dirigé par les deux premiers ministres, le ministère des arts et de la culture a perdu tout contrôle direct sur les temples d’Angkor. C’est Vann Moulyvann, architecte connu pour avoir dessiné le monument de l’indépendance de Phnom Penh, qui en a été nommé vice-président. Le CPM menace le gouvernement de retirer Angkor des sites protégés si ce dernier ne fait pas voter une loi sur la protection du patrimoine. Il a accordé au gouvernement jusqu’à décembre pour faire voter cette loi.

Prenant modèle sur l’île de Bali, toute une zone a été réservée près de Siem Reap pour la construction d’un nouveau quartier, qui comprendra 7 luxueux hôtels d’ici l’an 2 000. Ainsi l’activité touristique prévue ne sera pas polluante: avec un million de touristes prévus en l’an 2 000, il y aura des prostituées, du sida, des casinos, une circulation infernale, des lunaparcs, etc. On a donc opté pour la construction d’une deuxième ville pour touristes. Les autorités sont déterminées à garder le caractère original de Siem Reap, elles veulent éviter que les temples d’Angkor deviennent un lieu d’attractions, mais qu’il reste un lieu de pèlerinage.

Les capitaux s’évadent par le Casino Holiday International et le Naga Casino de Phnom Penh. Saumura Tioulong, épouse de Sam Raingsy, a démissionné de son poste de vice-gouverneur de la banque nationale. Elle était connue pour exprimer ses inquiétudes sur la régulation trop lâche du système bancaire et le blanchiment d’argent à grande échelle. « Je n’ai pas les moyens de mettre en place les réformes nécessaires pour réformer la banquedit-elle pour expliquer sa décision.

Le nouveau représentant du FMI à Phnom Penh, est un économiste américain, nommé Joshua Charap. Il est arrivé à la mi-août pour deux ans.

La Banque asiatique de développement (BAD) a approuvé un prêt sans intérêt de 20 millions de dollars à rembourser sur 40 ans pour la formation de la population défavorisée, pour le service de santé et le développement des infrastructures du pays. Au terme d’un voyage d’études avant d’accorder un prêt de 275 millions de dollars, la BAD constate que l’économie cambodgienne délabrée n’est soutenue que par les importantes injections d’aides internationales. Le bureau s’inquiète sur le rythme des privatisations, la capacité à attirer des investissements étrangers, et l’incapacité à absorber toute l’aide offerte. Les investissements étrangers ne pourront arriver d’une manière conséquente que si les investisseurs connaissent les règles du jeux, et si celles-ci sont claires et stables. Malgré ces inquiétudes, le bureau de la BAD indique qu’il y a des signes de progrès, et personne n’a émis de réserves sur la continuation du plan d’aide visant à doubler les prêts dans les deux ans à venir. Julian Payne, directeur du bureau, s’est aussi déclaré impressionné par la politique économique du gouvernement concernant la politique fiscale et monéraire. La BAD a par contre critiqué le plan de restructuration de l’électricité du Cambodge qui verrait la production privatisée, tandis que la distribution resterait sous contrôle du gouvernement.

Les services de la société de services suisse « Société générale de surveillance » permettra à la fois d’augmenter l’intérêt des investisseurs et de faire entrer les produits des taxes dans les coffres de l’Etat.

Environ 150 sociétés taiwanaises fonctionnent déjà au Cambodge spécialement dans la fabrication de matériaux de construction, l’import-export, la construction et la confection. Taiwan ouvre un bureau à Phnom Penh pour faciliter les échanges entre les deux pays. Il fonctionnera aussi comme une ambassade. Le Cambodge, en retour, va ouvrir un bureau à Taipei, qui sera dirigé par le fils du gouverneur de la ville de Phnom Penh, Chhim Seak Leng. Fidèle à ses amitiés, le roi Sihanouk rejette l’idée de nouer des relation formelles avec Taiwan (et avec Séoul) comme le demanderaient un certain nombre d’hommes d’affaires cambodgiens.

Le ministère des Travaux publics a signé le 5 septembre un contrat de 120 millions de dollars avec un consortium franco-malais-cambodgien pour aggrandir l’aéroport de Pochentong. Le consortium est composé de GTM, Dumez-GTM, Muhibbah Engineering Berhad et Muhibbah Masteron Sdn Bhd de Malaisie et l’entreprise cambodgienne United Compagny Ltd. Il s’agit d’un contrat de construction, exploitation et transfert pour une durée de 20 ans. Le projet de construction de 3 ans comprend une piste de 3 600 m parallèle à celle déjà existante, un système de signalisation et de navigation, ainsi que les rampes d’accès pour les Boeing 747-400. Il est prévu une aérogare à 2 étages d’une capacité de 600 passagers à l’heure.

Le même ministère a ordonné la remise en état de la route nationale 76 qui relie les provinces de Kratié et de Mondulkiri afin d’essayer de sortir ces provinces de leur isolement économique. La route a été largement détruite par les bombardements américaines, et est couverte par la forêt.

Le 13 octobre, le gouvernement a donné son accord à la compagnie malaisienne Ariston pour l’expansion de l’aéroport de Sihanoukville, un projet de construction d’une station électrique et d’un hôtel-casino. Cet accord ne concerne que 160 millions de dollars sur un total de 1,3 milliards du projet annoncé en janvier, et auquel s’était fortement opposé Sam Raingsy. D’ici 1997, les vols internationaux pourront atterrir à Sihanoukville. D’autre part, le conseil des ministres a mis en place une Autorité de développement de Sihanouville (ADS), dirigée par les deux Premiers ministres, pour y superviser les projets de développement. Selon Veng Seryvuth, ministre du tourisme, le reste du projet sera mis en place sur une période de 20 ans. Selon un fonctionnaire du ministère du Tourisme, Ariston a payé une commission de 103 millions de dollars au gouvernement pour avoir le droit de développer ces projets. Cette somme sera versée au fur et à mesure de l’avance des travaux. Au mois de mai, quand le Casino Naga (10 millions de dollars) s’est ouvert, 3 millions ont été versés.

Le Cambodge a signé un contrat de 2 millions de dollars s’étalant sur 6 ans, avec une société américaine pour la prospection minière dans la province de Battambang. Le 19 octobre, 24 membres de la Chambre de commerce du Cambodge ont été élus par les 500 entreprises enregistrées auprès du ministère du Commerce. La chambre a élu Teng Boonma comme président.

15 des 24 membres parlent chinois, seulement 5 parlent anglais et 6 le français. La chambre est à l’image de la communauté des affaires au Cambodge. Selon la loi passée le 3 mai, 1 700 sociétés sont enregistrées au ministère du Commerce. Les retardataires cambodgiens ou étrangers, ont jusqu’au 3 novembre pour s’inscrire sous peine d’amende.

Questions à l’aide internationale

En 4 ans, les pays donateurs ont accordé 1,3 milliards de dollars au Cambodge. Un groupe de travail des ONG déplore cependant le très gros déséquilibre dans la répartition entre Phnom Penh et les provinces, entraînant des inégalités sociales graves. Le groupe s’inquiète également de ce que le Cambodge soit obligé d’emprunter une grande partie de son aide, risquant de conduire le pays dans la spirale irréversible de la dette publique. A titre d’exemple, en 94-95, des 432 millions qui ont été donnés au Cambodge, la plus grande partie a été affectée à Phnom Penh: la province de Battambang n’en a reçu que 2%, celle de Kompong Speu 1,9%, celle de Siem Reap 1,5%, celle de Kompong Som 1,4%, celle de Takéo 1,3% et celle de Kandal 1,2%, les autres provinces moins d’1% ou rien.

Le programme européen de reconstruction du Cambodge, lancé depuis un an, s’étalant sur 30 mois, représente un budget de 87 millions de dollars. Il se caractérise par l’importance de son budget et sa courte durée. Les ONG préfèrent les programmes de développement menés dans la durée, mais l’Union européenne (UE) préfère lancer un programme d’urgence de pré-développement, afin de donner un électrochoc au Cambodge. Les ONG considèrent cette hâte comme le meilleur moyen de gaspiller de l’argent. Gwyn Morgan, représentant l’UE est catégorique; « Nous ne sommes pas là pour maintenir les ONG en vie, nous sommes là pour aider les ONG qui nous aident à aider le peuple cambodgien. Pour certaines ONG, l’UE est une super banque. Elle ne le restera pas longtemps pour les ONG inefficaces comme cela a pu être le cas par le passé. » Pour l’UE, cette approche rapide a certes des inconvénients, mais il fallait mettre fin à d’incessantes et stériles discussions, et lancer un vaste programme d’urgence. Cette nouvelle orientation a entraîné la fermeture de certaines actions valables, notamment dans la province de Battambang.

Carol Landcaster, vice-administrateur d’USAID a indiqué que le Cambodge restait une priorité des Etats-Unis, malgré la diminution de 40% prévue dans l’aide américaine aux pays asiatiques et latino-américains. Elle assure que les Etats-Unis resteront engagés au Cambodge.

* L’USAID a accordé 630 000 dollars à International Development Enterprise (IDE) pour promouvoir l’installation de pompes à eau durant les 4 ans à venir. L’objectif d’IDE est de transférer cette technologie de pompes et de former des artisans à leur production. Les pompes sont vendues 70 dollars aux paysans qui récupèrent leur investissement très rapidement. En une année, 2 100 pompes manuelles ont déjà été installées, et IDE prévoit de développer une pompe actionnée par des animaux.

Les inondations ont mis en lumière la grande misère des campagnes

En voyant le trafic augmenter régulièrement dans les rues de Phnom Penh, on peut se demander d’où vient l’argent, quand on sait que le fonctionnaire moyen ne touche que 25 à 40 dollars par mois, le revenu annuel moyen par habitant est à peine supérieur à 200 dollars, l’un des plus faibles de la planète. Les observateurs pensent qu’il s’agit de petits trafiquants qui blanchissent de l’argent dans les casinos, boîtes de nuit, sans oublier les grosses affaires qui se traitent à Singapour ou à Hongkong. Il n’y a pas que le détournement généralisé des aides internationales qui explique le luxe insultant de certains Phnom Penhois. Suite à l’augmentation de diverses taxes imposées par le gouvernement (l’essence est passée de 800 à 1 100 riels), aux inondations qui ont fait monter le prix des légumes, à la disette en riz, la vie y devient de plus en plus difficile pour la majorité de la population.

La situation des campagnes est catastrophique: le peuple y meurt de faim, de béri-béri, de manque de soins médicaux. La disparité entre ville et campagnes est plus grande actuellement qu’elle ne l’était dans les années 60, justifiant l’action révolutionnaire.

Les inondations, dûes à la déforestation, à la supression des diguettes pour faciliter la culture avec des tracteurs, à la suppression de ponts ou des buses sur les routes, pour éviter que les Khmers rouges n’y placent des mines, a été catastrophiques dans les provinces de Battambang (grenier à riz du pays), Kompong Thom, Pursat, Prey Veng, Ratanakiri. Il est trop tôt pour évaluer les dégâts. A Battambang, où seulement 14 000 hectares avaient été ensemencés, au lieu des 240 000 prévus, l’inondation aurait détruit 40% des rizières. A Pursat, l’inondation a tué 8 personnes dont 2 enfants, détruit 412 habitations, inondé 36 235 hectares de rizières. C’est la deuxième, ou troisième année pour certains, que la récolte sera mauvaise.

Le Vietnam a accordé un don de 1 000 tonnes de riz au roi Sihanouk. Le Sri Lanka, qui importait jadis du riz cambodgien, a accordé u don de 10 tonnes en signe de solidarité.

Education

Le système d’éducation du Cambodge est en totale décrépitude, les maîtres manquent de formation et sont sous-payés (25 à 40 dollars), les écoles manquent de toits, de tables et de chaises, il n’y a pas de programmes ni de manuels scolaires et les classes sont surchargées. Des fonds en provenance de l’étranger ont déjà permis la réhabilitation de plus de 3 000 salles de classe et la construction de 1 000 autres. Seulement 8% du budget est consacré à l’éducation, contre 23% avant 1970. Le ministère a lancé un ambitieux programme de réformes sur 5 ans. Ses objectifs sont d’augmenter de 5 à 6 le nombre d’années passées par les enfants à l’école primaire; de faire passer de 600 à 900 le nombre d’heures passées en classe par année; de construire 4 500 nouvelles classes et de pouvoir intégrer 360 000 nouveaux élèves par an, de publier d’ici 1998 15 millions de manuels pour tous les niveaux. Tout cela reste cependant une vue de l’esprit irréaliste et irréalisable, tant que le gouvernement n’accordera pas un salaire permettant aux enseignants de survivre par leur travail.

* Le gouvernement a commencé la restauration de l’université d’agriculture de Kompong Cham et de l’université polytechnique dans la province de Siem Reap. Il espère les rouvrir au début de l’année prochaine. Cette réhabilitation est financée par une organisation japonaise.

Société

* 425 des 500 généraux de la police, ainsi qu’un milier de colonels ont été démis de leurs fonctions.

* Plus de 8 000 Cambodgiens ont fait une demande au ministère des Affaires sociales pour partir travailler à l’étranger. 4 ou 5 entreprises malaisiennes présentes au Cambodge ont fait des propositions. Pendant sa visite en Malaisie, Hun Sen a dit que ce pays pourrait employer 20 000 Cambodgiens. Le gouvernement pense que Taiwan, le Japon et la Birmanie devraient aussi être intéressés.

* La police nationale a augmenté le prix des passeports de 20 à 100 dollars (en réalité, il faut ajouter 200 dollars de « pourboireTous les anciens passeports, déclarés invalides en novembre, doivent être renouvelés. Le ministres des Finances, Keat Chon, estime que ceux qui ont de l’argent pour visiter des amis ou pour se faire soigner à l’étranger, peuvent payer l’augmentation.

* Depuis le mois d’août, les autorités cambodgiennes ont discrètement autorisé 235 familles vietnamiennes, réfugiées dans le camps de Chrey Thom après les massacres du mois de mars 1994, à retourner au Cambodge. Environ 175 familles sont toujours dans le camp; attendant que leur statut soit clarifié.

* La police municipale de Phnom Penh a opéré des rafles de nuit pour ramasser les enfants vagabonds dans les rues de Phnom Penh, pour les diriger vers un foyer à l’extérieur de la ville, d’où ils sont renvoyés en province. L’objectif officiellement avancé est de régler le problème des sans-abris ainsi que de réunir les enfants avec leurs familles. Les autorités accusent les ONG d’être un aimant attirant les enfants à Phnom Penh (En réalité, la faim est la principale raison). Selon certaines ONG, les enfants sont en fait envoyés sans argent dans des provinces où ils n’ont aucune attache.