Eglises d'Asie

MON SENTIMENT SUR L’EGLISE EN CHINE Par Xiao Ri

Publié le 18/03/2010




A la suite de la réforme économique et de l’ouverture politique, l’aurore s’est levée pour l’Eglise en Chine. Ces dix dernières années, petits et grands séminaires ont réapparu dans toutes les régions du pays. Une nouvelle génération d’Eglise a déjà pris place dans les rangs du clergé. Chacun à son poste, surmontant toutes sortes de difficultés, s’efforce de lutter pour rendre gloire à Dieu et répandre l’Evangile. En même temps, chose réjouissante, un certain nombre de jeunes prêtres, séminaristes et religieuses ont la possibilité de se rendre à l’étranger pour pousser leurs études en vue de mieux servir l’Eglise en Chine à l’avenir. C’est une grâce que Dieu accorde à l’Eglise en Chine et c’est un témoignage d’esprit catholique et d’amour mutuel de la part de nos amis d’outremer. Si nous pouvons aujourd’hui pousuivre des études à l’étranger, c’est là une chance rare qu’il nous faut savoir apprécier et bien utiliser. Dans le peu de temps dont nous disposons, faisons le bilan du développement historique de l’Eglise en Chine, analysons sa situation actuelle. Pour répondre à ses besoins, il nous faut choisir une philosophie réaliste, un programme de théologie. En cette période aride d’études, quels doivent être notre attitude, notre idéal, notre espoir et le but à atteindre ? Je vais y réfléchir sous quatre angles différents.

1. La formation des séminaristes et le corps professoral

Nous le savons tous, la formation des futurs prêtres en Chine a été interrompue pendant 30 ans, ce qui a sérieusement affaibli l’Eglise en Chine. Pour parler de la restauration des séminaires, qu’il s’agisse du corps professoral ou du programme de formation et de la gestion des séminaires, il y a partout à redire et il ne faut cesser d’améliorer la situation. Car le séminaire est le grand berceau d’une nouvelle génération d’évangélisateurs. Le succès ou l’échec de la formation de cette future génération concernent directement l’avenir et la destinée de l’Eglise. Dans les séminaires de Chine, les principales matières enseignées aujourd’hui sont : philosophie, théologie dogmatique et morale, exégèse, pastorale, droit canonique, spiritualité, langues, études sociales. Quant aux professeurs de théologie, ils sont très déficients. C’est pourquoi les étudiants de la période présente doivent répondre à des exigences qui ont le caractère de l’urgence. Ils doivent s’efforcer d’étudier à fond les spécialités de leur choix en vue de retourner servir le séminaire ou une paroisse. Il nous faut par conséquent nous montrer attentifs à la gestion d’un séminaire et aux méthodes de formation des séminaires en notant les orientations qui permettent le développement d’un séminaire.

Naturellement, le parcours des études doit d’abord être pris en considération. Sur ce parcours, si l’effort porte sur les connaissances au détriment de la vie spirituelle, on s’engage sur une fausse piste. Si au contraire on ne pense qu’à la spiritualité, on se dirige vers des mirages. D’ailleurs, les documents d’Eglise et le droit canonique nous procurent un guide de conduite pour faire face au monde, à notre époque et au futur.

L’Eglise en Chine au cours de son histoire a connu des apects glorieux et aussi des aspects douloureux. Ce n’est pas dû seulement aux influence étrangères, mais, ce qui est plus grave, c’est l’inconscience interne qui permet à des personnes non qualifiées d’accaparer le contrôle du séminaire, ouvrant des failles dans la formation des séminaires. Un séminaire du Sichuan en est témoin (1). Jusqu’aujourd’hui, il y a encore des intrus et des mécréants qui occupent des postes d’Eglise importants, n’est-ce pas malheureux? Aujourd’hui, nous autres jeunes théologiens, il nous faut nous réveiller, nous ne pouvons laisser ces nuisances continuer à nous affecter nous-mêmes. Nous devons étudier sérieusement la théologie, la spiritualité, le droit canonique, les documents d’Eglise pour résoudre les problèmes de l’Eglise en Chine; nous devons ouvrir un débat et créer un échange de pensée. Espérons que cette activité soulèvera l’intérêt de tous.

2. Faire face à la réalité, marcher vers l’unité

Lors du jubilé des 25 ans de Radio Veritas, le Pape Jean-Paul II a dit: “Je comprends parfaitement les difficultés que rencontre le témoignage de votre foi. Mais je souhaite que vous vous aimiez, surtout à l’intérieur de la communauté chrétienne, dans la compréhension mutuelle, le respect et la patience, le pardon et la réconciliation…” Il a dit aussi : “Chaque jour, je prie pour vous, je prie Dieu qu’Il vous aide à ne faire qu’un dans le Corps mystique du Christ, la véritable unité vient d’une conversion du coeur dans la volonté d’admettre les principes que le Christ a laissés à son Eglise.” Il note enfin que l’un de ces principes est particulièrement important: c’est sur le fondement visible de l’Eglise, le roc de Pierre, qu’il faut garder un lien effectif d’unité et de communion avec l’Eglise toute entière. De nombreux amis d’outremer oeuvrent déjà à l’unité de notre Eglise en Chine. Devant l’opinion mondiale, dans les publications et à la radio, ils parlent du fond du coeur sans mâcher leurs mots pour ouvrir la voie de l’unité et de la communication en écartant tous les obstacles. Il y a eu aussi la déclaration de l’évêque officiel de Pinliang Mgr Ma Ji, soutenue par nombre d’évêques, annonçant ouvertement son retrait de l’Association patriotique (2). Revoyant les étapes douloureuses parcourues par l’Eglise en Chine, il démasque les causes de ses divisions. De par son origine dans le mouvement patriotique anti-impérialiste, la véritable nature de l’Association patriotique est de préconiser l’indépendance dans le gouvernement de l’Eglise, le choix et la consécration de ses évêques, et de rejeter le Pape de Rome comme chef suprême de l’Eglise en vertu du roc de saint Pierre. C’est ainsi que l’Eglise en Chine s’est éloignée de l’Eglise universelle. Aujourd’hui, le rétablissement de la communion avec l’Eglise universelle a pour conditions préalables la reconnaissance de la primauté pontificale et la suppression de l’Association patriotique, car le contexte historique d’origine ne répond plus à la modernisation actuelle et à la nouvelle vague de réforme économique.

A présent, le pays s’est lancé avec toute son énergie dans la réforme économique. Suivant la réforme du système d’Etat et la restauration économique, l’économie s’est envolée. Pour ce qui est de l’Eglise, il faut aussi la réformer dans le sens de l’unité et de la communion universelle. Le professeur Han Qian, dans son article paru dans la revue Tripod note: beaucoup s’efforcent d’oeuvrer à l’unité de l’Eglise en Chine, c’est vrai du Vatican aussi bien que des autorité chinoises et des amis à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Mais il remarque aussi que les divisions internes de l’Eglise en Chine étant une affaire de famille, seul un dialogue fraternel peut mener à ce but de manière effective. Le célèbre profesesur de théologie Aloysius Chang a fait une analyse théologique de la situation ecclésiale chinoise sous le titre: “L’Eglise ‘officielle’ en Chine peut-elle encore être appelée ‘catholique’?” (3). Il pose la question dans son article: “L’Eglise officielle en tant que structure institutionnelle, jouit-elle de la ‘catholicité’ au sens ordinaire? Où peut-on constater que les documents de l’Eglise officielle maintiennent dans sa structure institutionnelle des éléments réels de communion catholique entre Eglises particulières? S’accordent-ils à la vision d’unité dans la diversité et de pluralité dans la communion soulignée par Paul VI et Vatican II?” L’article poursuit: “En ce qui concerne la consécration des évêques, l’Eglise officielle a modifié le rituel romain de la consécration utilisé par l’Eglise universelle. En a-t-elle le droit? Quel est le sens de cette altération”? “La poursuite de telles procédures pourrait mener logiquement à une séparation plus marquée de la communion structurelle-institutionnelle et de l’union avec l’Eglise universelle dont le successeur de Pierre est le symbole.” (références tirées de Tripod, Hongkong, vol.15, n°86, p.4-14).

Ami, après avoir lu cet article, quelle est ton impression? Es-tu d’accord avec sa réflexion théologique? Quel peut-être l’usage de cet article? La série de ses arguments d’ecclésiologie, de droit, peut-elle susciter une réponse d’ordre théologique de notre part, nous qui sommes en train d’étudier la théologie? Si l’Eglise en Chine est vraiment affectée par ces problèmes, comment pouvons-nous les résoudre? Aujourd’hui, si nous venons étudier la théologie, l’ecclésiologie, c’est bien pour servir l’Eglise, résoudre ses problèmes actuels, répondre à toutes sortes de défis.

Du point de vue de l’unité et de la communion, il nous faut jeter un regard objectif sur l’Eglise en Chine, faire une synthèse sérieuse de l’histoire de l’Eglise en Chine. A partir du développement présent de l’Eglise, espérons que l’Eglise de demain s’envolera comme un grand dragon à l’orient du monde, devenant vraiment partie prenante de l’Eglise universelle. Même si des faiblesses sont manifestes à l’intérieur de l’Eglise, ce genre de nuisances ne devrait pas contaminer la prochaine génération de jeunes. C’est la scène du prodigue qui revient, il faut s’en réjouir. L’Eglise en Chine aujourd’hui s’est aussi engagée sur le chemin de l’unité et elle va de l’avant, elle se pénètre progressivement de l’esprit de Vatican II, que ce soit chez les officiels ou chez les clandestins, le coeur aspire à l’unité. La très grande majorité des gens, à des degrés divers, s’est déjà mise en marche vers l’unité. Dieu connaît bien le coeur de l’homme, Il jugera chacun selon sa condition. Au sein de l’Eglise, il y a une minorité de gens dont les paroles sont excessives. Ils ne tiennent pas compte de l’ensemble et tranchent d’un coup, provoquant exclusion et insultes envers ceux qui se sont engagés dans la voie de l’unité; et il y en a d’autres qui, restant égarés, butés, accumulant les fautes, refusent d’accepter la communion avec l’Eglise universelle. Expliquant que, pour leur part, ils sont pour l’autonomie du choix et de la consécration des évêques, ils administrent aussi les sacrements. Ils cherchent à “…servir deux maîtres…”

Il y a deux choses qui rappellent vraiment ce que dit la Bible: “Nous savons bien que la Loi est soumise à l’Esprit. Mais je suis soumis à la chair, vendu en esclave au mal, car je ne sais pas ce que je fais: ce que je veux, je ne le fais pas, ce que je hais, je le fais.” Aujourd’hui, il nous faut adopter une attitude de pensée correcte pour faire face aux complications de l’Eglise en Chine. Nous ne voulons pas entendre certains dire: “Je suis pour Paul” et d’autres: “Je suis pour Apollon”.

Le pape Jean-Paul II disait au Vatican le 19 août 1995: “Je sais que les commmunautés catholiques de tout le pays, en communion avec l’Eglise universelle, prient pour le pape. Elles reconnaissent ainsi en principe la responsabilité particulière de Pierre et savent que l’Eglise voulue par le Christ ne peut se passer de cet élément. Je sais que c’est précisément par fidélité indivise que la grande majorité des catholiques de Chine a choisi la voie de la souffrance et du silence. Nous aimons profondément ces frères et soeurs qui endurent les souffrances de l’épreuve, nous rendons grâce pour leur générosité et leur héroïsme.” Le pape dit encore: “Nous espérons et nous prions Dieu que les autres frères et soeurs, renouvelant leur foi et leur force, s’efforcent d’atteindre la plénitude de communion et d’unité avec l’Eglise universelle et le successeur de Pierre.”

Nous devons le comprendre, sur la voie de la foi et de l’unité il ne suffit pas de “prier pour le pape et de reconnaître d’une certaine façon le rôle spécial de Pierre”. Comment permettre la réconciliation? Le pape note: “Je dis ceci: il faut que tous se mettent en mouvement, que tous se tournent vers le Christ. Il nous appelle à l’unité et à la communion. Chacun doit tenter un pas vers la réconciliation, chacun doit faire le don de sa personne, de son passé, de son témoignage courageux, de ses moments de faiblesse, de ses souffrances présentes, dans l’espoir de parvenir à un avenir meilleur. Ce dont nous parlons, c’est d’une voie longue et ardue. Le but en est assez clair, mais le chemin qui monte vers ce but semble encore dans le brouillard. Nous devons invoquer la lumière du Saint-Esprit et le prendre pour guide

Ce colloque européen nous fournit l’occasion de nous comprendre mutuellement, de communiquer, d’apprendre, de connaître l’Eglise en Chine, c’est une belle occasion pour bâtir l’Eglise en Chine. Puissions-nous créer une voie nouvelle pour que l’Eglise en Chine achève sa réconciliation et une communion parfaite.

3. Annoncer l’Evangile dans le monde moderne

La Chine est un pays de grande tradition culturelle, le peuple chinois est puissant et prospère.

Nous devons en être fiers et ne pas céder au pessimisme. Depuis les temps anciens, les Chinois n’ont cessé de chercher la vérité et ils sont avides de cette quête du vrai. Bien que l’Evangile n’ait atteint la Chine que depuis peu de temps, ceux qui l’ont accueilli sont en nombre respectable. Merci à Dieu de nous avoir fait cette grâce et de nous avoir transmis la mission de répandre l’Evangile. Dans un pays de civilisation millénaire, de races et de religions diverses, sous un régime athée, la tâche d’annoncer l’Evangile représente un défi de taille. Ajoutons la précarité des conditions matérielles, le manque de moyens de diffusion, et l’héritage d’une Eglise paralysée pendant près de 30 ans. Comme il est difficile maintenant de rallier nos forces pour recommencer, pour convertir à l’Evangile ceux qui ne connaissent pas le Christ! Si nous jetons un regard en arrière sur les dix années passées, le gros de notre énergie a été consacré à restaurer et réparer, à guérir l’Eglise de sa paralysie, à résoudre presque les mains vides la question de la survie. L’effort d’évangélisation n’est pas encore vraiment lancé. Il nous faut encore peiner sans cesse. En ce qui nous concerne, les difficultés sont multiples, la route est semée d’embûches, les responsabilités sont immenses, mais notre avenir est lumineux. Nous croyons fermement à la promesse du Christ: L’Esprit consolateur accompagne toujours l’Eglise, jusqu’à la fin du monde. L’apôtre saint Paul a dit: “Quand j’étais parmi vous, j’étais faible et craintif, déchiré par les conflits, mais ma parole et ma prédication ne s’appuyaient pas sur la sagesse ou l’éloquence, c’était une manifestation de l’Esprit-Saint et de sa puissance. C’était pour que votre foi ne repose pas sur une sagesse humaine mais sur la puissance de Dieu.” (Cor).

Aujourd’hui où nous nous sommes engagés dans les études, nous devrions donner du poids aux connaissance utiles à l’évangélisation, à l’ecclésiologie, à l’exégèse, et assimiler l’expérience des saints apôtres; “en même temps temps, nous devons approfondir notre compréhension de la révélation et développer l’héritage de sagesse chrétienne reçu de nos pères dans la foi de façon à faire progresser notre dialogue avec nos frères séparés ainsi qu’avec les non-chrétiens et aussi pour répondre aux questions diverses qui sont soulevées par les progrès des connaissances” (encyclique du pape Paul VI). “Ainsi nous oeuvrons non seulement au renouveau intérieur de l’Eglise, mais nous pouvons encore maintenir et même accroître l’influence constructive de l’Eglise dans le monde actuel” (Déclaration sur l’éducation).

L’Eglise de Dieu annonce au monde la vérité de Dieu et l’Evangile de Dieu, pour que les hommes connaissent Dieu, aiment Dieu et Le glorifient. Un évangélisateur a pour devoir d’annoncer au monde la Bonne Nouvelle de la grâce du salut. Aujourd’hui, alors que l’Eglise vit dans un monde en cours de modernisation, peut-on tolérer de laisser la lumière cachée sous le boisseau? Laisserons-nous les athées disposer de la vie ou de la mort de l’Eglise? Faut-il croire que dans l’Eglise chaque homme de caractère puisse sans sourciller entendre l’Eglise être accusée de n’être qu’une annexe de la classe dominante, un instrument au service des intérêts de la classe dominante? un opium du peuple?

Faut-il croire qu’aujourd’hui, l’Eglise n’est pas capable de faire entendre au monde sa propre voix? de lui faire connaître sa vraie valeur et son véritable rôle? L’Eglise affirme: la foi en Dieu ne s’oppose pas à la dignité de l’homme. Car la dignité de l’homme se fonde précisément en Dieu et s’appuie sur Dieu pour s’accomplir. L’Eglise déclare: “L’espoir du monde à venir ne diminue en rien le sens des responsabilités de l’homme envers le monde présent, bien au contraire, c’est une nouvelle raison qui soutient les hommes dans l’accomplissement de leur tâche. (…) Sans Dieu pour fondement, il n’y a pas d’espoir de vie éternelle, la dignité de l’homme est sérieusement atteinte, la vie, la mort, le péché, la souffrance, et autres questions vitales demeurent des énigmes à jamais insondables, laissant l’homme sombrer dans le désespoir. Voici la mission de l’Eglise: sous la conduite de l’Esprit-Saint, se réformer et se purifier sans cesse, pour que Dieu et Son Fils incarné soient visibles dans le monde et se manifestent au monde. La vérité que l’Eglise proclame, non seulement n’affaiblit pas la nature humaine, mais elle répand une lumière utile à l’épanouissement de la nature humaine, à la vie, à la liberté. En dehors de cela, aucune chose ne parvient à satisfaire le coeur de l’homme” (extraits de la constitution pastorale Gaudium et Spes). Saint Augustin dit dans ses confessions: “Seigneur, nous avons été créés pour Toi; notre coeur ne peut connaître le repos tant qu’il ne repose en Toi”. L’enseignement de l’Eglise l’indique: ce n’est qu’en s’engageant elle-même que l’Eglise en Chine pourra coexister avec le monde moderne et se développer de concert avec l’Eglise en tout lieu, en communion dans le Seigneur.

4. Espoirs de la période d’étude

Tout étudiant à l’étranger, d’une manière ou d’une autre, est animé d’une ambition déterminée. Certains visent à obtenir un doctorat ou au moins un diplôme de licence. D’autres pensent aller à l’étranger pour faire une expérience de vie, élargir leur horizon. Il y en a peut-être aussi qui pensent apprendre les relations sociales, contacter davantage d’amis, se faire connaître, accroître leur influence, jeter les bases d’une belle carrière future. En qualité d’évangélisateur, de force de réserve pour l’Eglise, sommes-nous toujours prêts à nous demander aussi: Quel est finalement le but de ma venue à l’étranger, quel est mon projet, ma responsabilité? Est-ce seulement pour les études, le diplôme? Est-ce pour se faire un nom? ou bien est-ce pour trouver refuge dans un pays où je peux jouir de la tranquillité d’une pleine liberté religieuse en fuyant les difficultés actuelles de l’Eglise en Chine? Suis-je toujours prêt à me stimuler en évoquant mes aspirations passionnées au temps où je me préparais à sortir du pays? Pour rapporter en Chine l’esprit véritable de l’Eglise, l’amour de Dieu, et tous les espoirs des prêtres et des fidèles; pour servir l’Eglise, me donner à l’Eglise, développer l’Eglise?

A présent, les réalités sont étalées sous nos yeux. La différence culturelle avec l’Occident, les conditions et moeurs locales, le changement d’environnement, les difficultés de la langue, tout ceci peut nous mener parfois au bord du désespoir. Si jamais nous nous laissons aller, si nous manquons de persévérance, si notre idéal de vie manque de pureté, il est possible que nous soyons incapables d’accomplir notre grand projet et même que nous fassions un grand pas en arrière.

Aujourd’hui, si je me trouve bien loin de mon pays, si j’ai pris la dure décision de quitter pour un temps la première ligne du front pastoral, c’est en vue d’un meilleur avenir. Les conditions d’étude sont bonnes, des amis fervents nous soutiennent, il faut se faire une raison. Je crois fermement qu’un homme raisonnable, persévérant, vivant dans la grâce de Dieu, ne peut être blâmé pour avoir “gâché sa bourse d’étudesou, ce qui fait encore plus mal à entendre, que “ce garçon fervent et capable est perdu”. Et il ne faut pas se leurrer, le temps d’étude a ses limites. Dans une courte période, il nous faut enrichir nos connaissances. Il n’y a qu’à s’armer de courage, se confier en la grâce de Dieu, toutes les difficultés seront surmontées. “Dans la montagne des livres, il y a un sentier, c’est la diligence, sur l’océan infini des études, il y a un esquif, c’est l’assiduité”. “La crainte de Dieu, c’est le commencement de la sagesse”. “Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant”. Dans cette socitété contemporaine compliquée de consommation et de jouissance, dans une Eglise de Chine qui s’est engagée sur la voie de l’unité et de la communion, suivant l’esprit de Vatican II, mettons nous à l’oeuvre en Eglise; marchons vers l’ère nouvelle du XXIème siècle, élevons nos exigences pour une Eglise gonflée d’une force nouvelle, relevons le défi d’une sécularisation inquiétante.

Jeunes amis: la vieille génération de l’Eglise a mis dans nos mains la torche de la mission, l’appel de Dieu nous est confié. Continuons à rayonner la glorieuse tradition de l’Eglise, allons bâtir une Eglise en plein essor. “Sur son corps, reconnaissons le visage du Christ, ce véritable héros humble et clairvoyant, ce prophète de l’amour et de la vérité, ce compagnon et bon ami des jeunes” (adresse aux jeunes).

Jeunes de Chine, constructeurs de votre temps, enfants chéris de l’Eglise, allez-y! Prenez du large! Dans cette espérance sincère, priez pour la survie de l’Eglise en Chine, pour sa réconciliation, pour sa croissance; préparez-vous activement à vous lancer dans la vague montante de la mission ecclésiale, oeuvrez à l’unité et à la communication dans l’amour du Christ et du Père, soyez les témoins de Dieu. Que la tâche évangélisatrice de la Chine s’éveille, s’épanouisse et se manifeste en toute liberté dans le grand berceau du monde! pour vivre éternellement dans le Royaume du Christ!