Eglises d'Asie

Les évêques réagissent après l’arrestation de deux prêtres tamouls

Publié le 18/03/2010




Le 15 novembre 1995, Mgr Vianney Fernando, évêque de Candy et président de la conférence épiscopale srilankaise, ainsi que le secrétaire général de la conférence, Mgr Malcolm Ranjit, évêque auxiliaire de Colombo, ont adressé une lettre à la présidente Mme Chandrika Kumaratunga. Ils entendaient protester contre l’arrestation, le 6 novembre, de deux prêtres du diocèse de Jaffna, les Pères Emmanuel Pius et S. Jebanesan.

Ces derniers, qui revenaient de Colombo et s’apprêtaient à entrer dans le territoire tenu par les “Tigres Tamouls”, ont été, lors d’une fouille près la ville de Vavuniya, trouvés en possession de sommes d’argent importantes, ainsi que de fil électrique et de batteries. Toutes choses interdites d’importation dans la presqu’île de Jaffna, car pouvant être utilisées par les “Tigres Tamouls” dans leur lutte armée pour l’indépendance.

Profitant de l’occasion, les médias cingalais ont donné une grande publicité à l’affaire. Ils sont allés jusqu’à accuser l’Eglise de servir d’intermédiaire pour des transferts de fonds en faveur des rebelles, et certains prêtres d’être directement impliqués dans des actions terroristes. Des organes de presse ont aussi publié des photos tendant à faire croire qu’au cours d’une descente de police dans la maison où le P. Pius se trouvait lors de son séjour dans la capitale, des munitions et du matériel radio avaient été découverts.

Dans leur lettre à la présidente, les évêques ont protesté contre “les insinuations constantes et même les accusations directes dont l’Eglise catholique fait l’objet de la part des médiasIls se plaignent de n’avoir reçu “aucune information officielle sur les activités reprochées aux deux prêtres, pas plus que sur les accusations portées contre euxIls ajoutent: “Nous serions heureux d’être mis au courant des plaintes (portées contre ces prêtres) ainsi que des preuves étayant ces plaintesIls rappellent que “L’Eglise s’est toujours opposée à la violence et par conséquent elle ne participe à aucune action terroriste. Les accusations portées contre des individus membres de l’Eglise ne devraient pas l’être contre l’Eglise elle-même

Dans une déclaration publiée le 12 novembre 1995, Mgr Malcolm Ranjit, qui est aussi président de la Commission nationale pour la justice, la paix et le développement de l’homme, a précisé que l’argent trouvé en possession des deux prêtres était destiné aux réfugiés. Il avait été fourni par le Centre pour le développement économique et social de la même commission afin de venir en aide aux personnes déplacées par la guerre, en particulier depuis le début de la présente offensive.