Eglises d'Asie – Chine
Le Conseil législatif demande au gouvernement de prendre au sérieux le problème des suicides de jeunes et aux médias d’être plus discrets sur la question
Publié le 18/03/2010
Le problème n’est pas nouveau. Au cours de l’année scolaire 1991-92, on avait compté 21 jeunes suicidés entre 11 et 13 ans; l’année suivante,ils étaient aussi nombreux. En 1993-94 et 1994-95, les chiffres étaient tombés à 12 et 14 respectivement. Mais la situation semble avoir empiré dès le début de la présente année scolaire. En plus des morts, on a pu compter plus de 40 tentatives de suicide non menées à terme depuis 1991.
On s’interroge sur les raisons qui peuvent motiver des jeunes à se donner la mort en si grand nombre. Avec beaucoup d’autres, Mme Ruth Lau Wing-mun, responsable des services psychologiques au sein du Département de l’Education, tend à attribuer une part importante de la responsabilité sur les médias, qui donnent, selon elle, trop de publicité à ces décès. Elle constate que souvent on assiste à des vagues de suicides. Et elle commente: « En certains cas, les étudiants n’avaient pas de problème de réussite à l’école et leurs relations avec leurs parents étaient bonnes. Nos psychologues n’ont pas trouvé de raisons qui aient pu les contraindre au suicideElle fait remarquer combien les jeunes sont vulnérables à l’influence des médias.
En 1991, le gouvernement a mis sur pied un Comité consultatif qui se penche désormais sur ce genre de problème. Composé d’éducateurs et de travailleurs sociaux, il doit se réunir en janvier 1996 pour étudier l’influence des médias en ce domaine.
Au cours de la réunion du Conseil législatif, M. Tse Wing-ling, qui est professeur de psychologie dans l’une des universités de Hongkong, a demandé aux médias de se faire plus discrets lorsqu’ils rapportent ces suicides de jeunes. « Il faut bien dire, a-t-il expliqué, que tout le monde n’est pas heureux. Lorsqu’une personne est malheureuse, un article de journal rapportant un suicide ou une émission de télévision décrivant une telle mort, peuvent lui donner des idées qu’elle n’aurait pas eues autrement ».
De son côté, le Dr Hau Kit-tai, responsable du département de psychologie à l’université de langue chinoise de Hongkong, dans un article publié par le « Bulletin de la Société de psychologie de Hongkong« , avertit du danger qu’il y aurait à ne plus considérer le sujet du suicide comme tabou. Il écrit: « Si l’on présente les suicidés comme des héros qui ont combattu l’injustice ou comme des victimes des péchés des adultes ou de leur malice, cela risque fort d’aggraver la situation actuelle, plutôt que d’aider à l’améliorerLe même auteur constate un effet de « mouvement de groupe » dans la vague de suicides de l’année 1991. Ce mouvement, d’après lui, a été mis en route par la mort volontaire d’un écolier de 12 ans, suivie à deux semaines d’intervalle par celle d’une jeune fille du même âge. Le Dr Hau admet qu’il est difficile de quantifier l’influence des médias en l’occurrence; mais pour lui, le seul fait que ces suicides soient mentionnés de façon extensive et abondamment discutés contribue à en rendre l’idée familière et acceptable.
A son tour, le Dr Chen Yu-hsi, qui dirige l’école de journalisme à l’université baptiste, demande aux stations de télévision d’être très prudentes dans la façon dont elles rapportent ces suicides: « Les programmes de télévision peuvent être à l’origine d’un effet d’imitation sociale encore plus granddit-il.
La réaction de certains médias ne s’est pas fait attendre. C’est ainsi que le quotidien en langue chinoise, « Ming Paosous la plume de Mme Daisy Li Yuet-wah, explique: « D’une manière habituelle, si un problème particulier ne reçoit pas de publicité et si l’opinion publique ne réagit pas, le gouvernement ne fera rien, même s’il s’agit d’une question sociale grave et anciennePar ailleurs, le quotidien de langue anglaise, « South China Morning Post« , dans son éditorial du 8 décembre 1995, commente: « De toute évidence, il faut éviter de glorifier et de rendre attrayants de tels événements en raison de l’imitation qu’ils peuvent inspirer