Eglises d'Asie

Selon certains témoignages, la junte militaire aurait décidé de combattre le christianisme chez les Karens

Publié le 18/03/2010




Selon des témoignages recueillis en octobre 1995 par une délégation de parlementaires australiens, un certain nombre de documents dénonçant le christianisme circulent dans les régions habitées par la minorité karen : il s’agirait d’une tentative délibérée de la junte militaire, au pouvoir à Rangoun depuis 1988, d’exacerber au sein du peuple karen les tensions interreligieuses qui ont déjà entraîné la défaite des rebelles à Manerplaw il y a quelques mois (2). La délégation australienne rapporte aussi de nombreux témoignages de tortures et de persécution religieuse et politique, en particulier dans les régions où l’armée birmane continue de se battre contre les rebelles des ethnies minoritaires.

Ces documents ont été fournis aux enquêteurs par un témoin, proche des milieux rebelles karen qui leur a dit qu’il s’agissait “d’une politique délibérée pour essayer de détruire le christianisme en BirmanieSelon lui, le gouvernement militaire, dans un texte confidentiel, a dressé une liste de 17 objectifs dont voici quelques-uns : “Contenir l’augmentation de la population chrétienne, s’opposer au verset égoïste de la Bible ‘il n’y a pas d’autre Dieu que moi’, s’opposer au discours chrétien à travers toute la Birmanie, étouffer l’extension de l’Evangile chrétien dans les jungles éloignées, étudier dans le détail la Bible chrétienne pour la détruire, mettre en lumière les faiblesses du christianisme en favorisant l’extension du bouddhismeEnfin, le document conclut : “Le christianisme doit être détruit par des moyens aussi bien pacifiques que violents

Dans la documentation entre les mains des parlementaires australiens, se trouve aussi une lettre envoyée par le gouvernement à tous les dirigeants bouddhistes des camps de réfugiés karen à la frontière thaïlandaise. Elle affirme que seules les familles karen bouddhistes pourront retourner en Birmanie et que “le retour des chrétiens ne sera pas protégéCette lettre comporte aussi un ensemble de règles concernant les habitants des camps qui veulent rentrer en Birmanie : “Aucune religion autre que le bouddhisme ne doit faire l’objet de discussions dans les camps de réfugiés

Dans un commentaire soumis à la délégation australienne par le Front de libération de la Birmanie à l’étranger, ce mouvement d’opposition à la junte militaire estime que “le gouvernement birman essaie de faire l’amalgame entre sa propagande anti-chrétienne et la propagande anti-occidentale, tout en créant de toutes pièces un fanatisme religieux qui n’existe pas dans une société où prévaut jusqu’à présent l’harmonie religieuse

Le rapport des enquêteurs se termine par une référence au rapporteur spécial des Nations Unies, Yozo Yakata, affirmant que la persécution religieuse en Birmanie inclut la destruction d’églises et de mosquées, l’appropriation par le gouvernement de bâtiments et de terrains à usage religieux tels que des cimetières, le refus d’accorder des permis de construire pour de nouvelles églises et des restrictions sur les déplacements de membres du clergé à l’intérieur et à l’extérieur du pays.