Eglises d'Asie

Les militants islamiques menacent de lancer une croisade contre le gouvernement

Publié le 18/03/2010




Le récent attentat contre l’ambassade d’Egypte qui a fait 16 victimes dans la capitale pakistanaise a considérablement embarrassé le gouvernement de Mme Benazir Bhutto. Il a en effet, une fois de plus, attiré l’attention du monde occidental sur la réputation grandissante du Pakistan comme sanctuaire de l’islamisme militant (3). Il a eu aussi comme conséquence de rappeler aux Pakistanais que leur démocratie est fragile et particulièrement vulnérable aux attaques des musulmans fondamentalistes.

Le responsable de l’attentat de novembre 1995 est l’un des mille terroristes arabes qui se cachent au Pakistan depuis la fin de la « guerre sainte » d’Afghanistan contre la Russie soviétique. Mais ce qui inquiète surtout le gouvernement pakistanais c’est que ces hommes, dangereux et armés, sont protégés par des groupes islamistes locaux qui ne cachent pas leur ambition de renverser le gouvernement Bhutto et de faire une révolution islamique.

Depuis plusieurs mois, profitant de la faiblesse des autorités, ces groupes ont lancé une campagne d’assassinats, d’enlèvements et de violences diverses souvent avec l’aide « technique » d’anciens combattants de la guerre d’Afghanistan.

Jusqu’à présent, la faiblesse politique du mouvement islamiste provenait de ses divisions internes qui l’empêchaient d’être une alternative crédible : les douzaines de groupes fondamentalistes du Pakistan ont passé, ces dernières années, davantage de temps à se battre entre eux que contre le gouvernement. Mais, depuis mars 1995 on assiste à des regroupements importants au sein de cette mouvance et le discours antigouvernemental a gagné en cohérence et en volume. La menace la plus sérieuse provient du Jamaat-e-islami, le parti fondamentaliste le plus puissant. Son chef, Qadi Hussain Ahmed, s’est juré de renverser le gouvernement et d’instaurer « un ordre nouveau » basé sur l’islam. Il a aussi promis à ses fidèles de tout faire pour unifier les forces religieuses du pays afin de faire un mouvement de masse « contre la politique corrompue des élites qui volent le pain de l’homme ordinaire

Les dernières manifestations organisées par le Jamaat ont démontré un impressionnant pouvoir de mobilisation populaire dont on n’avait pas vu l’équivalent depuis 1977, année du renversement du gouvernement d’Ali Bhutto, père de Benazir.