Eglises d'Asie

L’Eglise catholique semble avoir été oubliée lors de la formation du comité préparatoire à la transition de 1997

Publié le 18/03/2010




Le 1er janvier 1996, était publiée la liste des personnalités appelées par le gouvernement de Pékin à faire partie du comité préparatoire au changement d’administration en 1997. Mais alors que toutes les grandes religions, bouddhisme, taoisme, islam, sont représentées et que l’évêque anglican, Mgr Peter Kwong Kong-kit, a été invité à siéger au sein du comité, l’évêque catholique, le cardinal Wu, semble avoir été oublié.

A Hongkong, l’Eglise catholique locale rassemble quelque 250 000 membres, alors que les anglicans sont environ 26 000. Il aurait semblé normal que les catholiques soient aussi représentés. Il est difficile de croire à un simple oubli. Mais les Chinois insistent sur le fait que les “hommes de robe” n’ont été choisis qu’en raison de leurs compétences et de leur expérience personnelles et non pas en tant que représentants de leurs communautés respectives. On ne peut cependant que s’étonner de voir le cardinal Jean-Baptiste Wu laissé de côté. Surtout si l’on se rappelle la bonne volonté considérable qu’il a toujours montrée à l’égard de la Chine et de l’Eglise en Chine.

Certains voient dans cet “oubli” l’intention délibérée de la part du gouvernement chinois d’ignorer la communauté catholique. Celle-ci, et en particulier plusieurs organisations de jeunes, avait ouvertement encouragé le mouvement démocratique de Pékin en 1989. Les critiques contre le gouvernement chinois ne sont pas rares. Un catholique, M. Martin Lee, est, parmi les politiciens de Hongkong, l’un de ceux qui luttent avec le plus de conviction pour l’établissement de la démocratie. Il est d’ores et déjà considéré comme un rebelle par les futurs responsables de Hongkong.

Mais cette interprétation ne fait pas l’unanimité. L’Eglise catholique, en effet, a toujours clairement exprimé sa confiance dans le gouvernement chinois, une confiance qu’elle fonde sur la future mini-constitution de Hongkong, la Loi fondamentale. Celle-ci promet de respecter la liberté actuelle sur le plan religieux. Et les autorités catholiques de Hongkong ont toujours fait très attention à ne pas s’opposer aux futurs maîtres du Territoire.

Plusieurs expliquent le “rejet” du cardinal Wu par le fait que les relations diplomatiques n’ont pas encore été rétablies entre la Chine et le Vatican. Et même s’il n’y a plus de nonce à Taiwan depuis plusieurs années, Rome n’a toujours pas fermé la nonciature de Taipei. Selon une religieuse, la soeur Béatrice Leung, qui enseigne au Collège Lingnan de Hongkong, l’absence du cardinal Wu “est tout à fait naturelle, en raison de la tension qui existe toujours entre la Chine et le VaticanEt M. Winfred Gluer, professeur de religion à l’Université Chinoise de Hongkong, ajoute: “Toute cette affaire éclaire bien le problème des relations entre le Vatican et la Chine, un problème qui remonte aux années 50. Quant à la question de savoir si Pékin a voulu humilier l’Eglise catholique, à chacun de se faire sa propre opinion. La difficulté que je vois du côté de la Chine, c’est que l’inclusion du cardinal (dans le Comité préparatoire) signifierait la reconnaissance d’une communauté avec laquelle il reste des problèmes à résoudre“.

Il faut ajouter que la constitution chinoise ne permet à ses sujets aucune soumission d’aucune sorte à un pouvoir étranger. Or le Vatican est considéré comme une puissance étrangère idéologiquement opposée à la Chine et le problème des nominations d’évêques dans ce pays n’est toujours pas réglé.

Du côté des autorités catholiques de Hongkong, on observe le plus grand silence. Le cardinal Wu a refusé de faire la moindre déclaration. Mme Mary Seung, qui est responsable du Bureau des communications sociales du diocèse, commente: “Les autorités chinoises doivent avoir leurs raisons. Les nominations sont personnelles. Personne ne représente un groupe particulier. Ceux qui ont été nommés l’ont été en raison de leurs convictions religieuses et à cause de leurs compétences et de leur expérience personnelles. Le problème des relations entre le Vatican et la Chine n’affecte en rien HongkongMais la soeur Béatrice Leung n’est pas d’accord: “Qui peut croire celaElle considère les explications données par Mme Seung comme un signe des divergences qui commenceraient à se faire jour au sein de l’Eglise catholique. “Je pense, dit-elle, que le ressentiment existe bien, mais la hiérarchie catholique ne peut pas l’exprimer publiquement. On préfère essayer d’agir discrètementPour elle, Pékin continue de regarder le catholicisme comme l’une des religions les plus dangereuses, car elle est bien établie et très bien organisée.

Quant à l’évêque anglican, il refuse lui aussi de faire le moindre commentaire: “Demandez à la Chinedit-il. Il avoue tout de même être un peu dans l’embarras. “Le cardinal et moi-même sommes en excellents termes. Et sincèrement, j’aurais préféré qu’il fût choisi à ma place. Naturellement, j’accepterai avec reconnaissance les conseils et les suggestions venant des autres leaders chrétiens