Eglises d'Asie

Hebei : offensive générale du bureau des affaires religieuses contre les communautés catholiques “clandestines”

Publié le 18/03/2010




Le bureau des affaires religieuses de la province du Hebei a lancé une vaste offensive contre l’Eglise catholique “clandestine” qui refuse de se soumettre à l’Association patriotique des catholiques chinois. L’Eglise catholique “clandestine” est particulièrement forte et structurée dans cette région et le gouvernment semble craindre qu’elle ne se développe trop vite.

Dix équipes, de trente à quarante fonctionnaires chacune, ont été formées et envoyées dans les diocèses de Baoding, Xianxian, Langfang, Anguo et Xintai pour noyauter les communautés catholiques de ces diocèses qui refusent l’autorité de l’Association patriotique. Dans le seul village de Donglu, du diocèse de Baoding, connu pour son pèlerinage marial qui rassemble des dizaines de milliers de fidèles chaque année, une équipe de 90 policiers et fonctionnaires du bureau des affaires religieuses s’est installée.

Selon des sources catholiques locales, l’objectif de ces équipes de fonctionnaires est triple: mettre hors la loi les groupes catholiques qui ne sont pas reconnus par le gouvernement, forcer leurs membres à se soumettre à l’Association patriotique des catholiques chinois et renforcer le rôle de cette association. Pour atteindre leurs objectifs, les fonctionnaires ont décidé d’endoctriner les fidèles, de démolir leurs églises et de fermer leurs séminaires et couvents en dispersant leurs pensionnaires.

En novembre et décembre 1995, plusieurs prêtres et religieuses de Baoding et de Dacheng ont été arrêtés, et une église a été démolie (1). Plus récemment, Mgr Su Zhemin, évêque de Baoding, son auxiliaire Mgr An Shuxin, le curé de Donglu, le P. Cui Xin’gang et un laïc du nom de Zhang Dapeng, tous connus pour leur opposition irréductible à l’Association patriotique, ont été assignés à résidence. Ils ont reçu l’ordre de ne pas quitter leur domicile, de ne pas recevoir de visiteurs, et l’interdiction de célébrer la messe ou de prier en dehors des églises reconnues par le gouvernement.

En plusieurs lieux où les catholiques “clandestins” sont très nombreux, ces “équipes de travail” du gouvernement ont décidé aussi de “purger” la fonction publique de tous les catholiques qui ne se conforment pas aux directives gouvernementales. Plusieurs ont été forcés de dire publiquement qu’ils reconnaissaient l’Association patriotique. Une quinzaine d’enseignants et plusieurs fonctionnaires ont été licenciés parce qu’ils refusaient de se soumettre.

Cette offensive du bureau des affaires religieuses du Hebei semble répondre à deux directives du bureau national rendues publiques en novembre 1995. Ces documents insistent pour que tout soit fait afin de réduire la résistance des communautés catholiques “clandestines”. On y demande aussi à tous les départements de la fonction publique de renforcer le pouvoir de l’Association patriotique des catholiques chinois et des membres du clergé qui s’y soumettent. En même temps, ces documents admettent que le pape puisse être reconnu comme chef spirituel des catholiques, mais ils ajoutent que la politique consistant à choisir des évêques sans son approbation n’est pas négotiable parce qu’elle garantit l’indépendance de l’Eglise de Chine.

Des commentaires en provenance de milieux catholiques “clandestins” du Hebei indiquent que ces nouvelles initiatives du gouvernement manifestent une fois encore la volonté du parti communiste de séparer l’Eglise de Chine de l’Eglise universelle et d’instrumentaliser complètement l’Association patriotique des catholiques chinois.