Eglises d'Asie

Un pasteur protestant critique sévèrement les Eglises pour leur attitude avant l’échéance de 1997

Publié le 18/03/2010




Le Rév. Chu Yiu-ming, un pasteur baptiste participant très activement à la lutte pour la défense des libertés et membre de l’Alliance de Hongkong pour le soutien au mouvement démocratique en Chine, lance un avertissement. Au cours des dernières années et à mesure que s’approche l’échéance de 1997, les Eglises semblent, selon lui, avoir changé d’attitude vis-à-vis des futurs maîtres du Territoire.

Il pense qu’elles se sont éloignées de l’esprit qui a présidé à la rédaction de la « déclaration commune » signée par la Grande-Bretagne et la Chine en 1994 : une déclaration qui a servi de base à la rédaction de la « Loi fondamentale », la mini-constitution qui doit gérer les affaires de Hongkong à partir du 1er juillet 1997. « Depuis dix ans, précise le Rév. Chu, les Eglises ont publié quantité de déclarations et de prises de position. Mais à mesure que nous approchons de 1997, la direction prise par elles et même leur manière de s’exprimer changent. Je n’ai pas participé à la préparation de ces documents; mais je vois qu’on n’insiste plus autant sur la déclaration commune, ni sur la promesse publiée dans la Loi fondamentale selon laquelle Hongkong jouira d’un large degré d’autonomie, par plus que sur le principe ‘Un pays, deux systèmes’. Il me semble déceler une inquiétude cachée dans tout cela. Je pense que l’Eglise se laisse facilement influencer par le climat politique ambiant

Le pasteur croit même deviner chez les Eglises une attitude d’auto-protection. Pour lui, cela ne pourrait que leur nuire. « Certaines Eglises, dit-il, cherchent à se protéger elles-mêmes. Elles pensent que si elles laissent les choses aller, leur avenir sera plus facile et elles n’auront pas à souffrir de difficultés d’ordre politique après l’établissement de la Région administrative spéciale

Pour le Rév. Chu, il faudrait voir un signe de cette attitude peureuse dans le fait qu’avant d’organiser une croisade évangélique à l’échelle du Territoire, les responsables ont éprouvé le besoin d’en informer l’Agence « Chine Nouvelle« , qui représente à Hongkong les intérêts de la Chine. « On a remarqué ces derniers temps de la part des Eglises une tendance à chercher auprès de l’Agence Chine nouvelle et du Bureau de Pékin pour les affaires de Hongkong et Macao des promesses rassurantes et cela à propos de tout et de rien, qu’il s’agisse de gérer des écoles ou de savoir si les Eglises non autonomes pourront continuer d’exister. Je pense qu’elles ont grand tort de poser de telles questions. Pourquoi devrions-nous demander des permissions? Les Eglises n’ont-elles pas reçu la promesse qu’elles jouiront d’un large degré d’autonomie, que ce qui existe à présent pourra continuer dans l’avenir et que rien ne changera pendant cinquante ans? De plus, ni l’Agence Chine nouvelle, ni le Bureau pour les affaires de Hongkong et Macao, ne sont le gouvernement de la Région administrative spéciale. Je n’ai rien à leur demander. C’est au gouvernement de la Région administrative que je veux m’adresser

Le pasteur critique aussi sévèrement l’attitude de Mgr Peter Kwong Kong-kit, évêque anglican de Hongkong, lorsque celui-ci affirme ne pas voir de difficulté à pardonner au gouvernement chinois son action militaire contre les étudiants de la Place Tiananmen le 4 juin 1989. « Nous n’essayons pas de semer la haine contre la Chine, dit le Rév. Chu. La question que nous posons aux responsables chinois, est la suivante: ‘Voulez-vous reconnaître que vous avez eu tort? Il faut que vous libériez de prison les gens qui ont milité en faveur de la démocratie. Comment pouvez-vous les emprisonner? Comment pouvez-vous massacrer tous ces gens et dire ensuite que ce n’est pas important?’ Je pense que toute tentative d’excuser cet événement ou de lui enlever de son importance, nous fait perdre notre qualité de justes. Ce n’est pas comme cela qu’un chrétien doit parler