Eglises d'Asie

A l’occasion de la fête nationale, les dirigeants chrétiens et hindous appellent à la réconciliation ethnique mais les dirigeants bouddhistes restent réticents

Publié le 18/03/2010




Le 4 février 1996, à l’occasion du quarante-huitième anniversaire de l’indépendance nationale Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo, et le Swami Atmagananda de la mission hindoue Ramakrishna ont tous deux appelé à la réconciliation ethnique au Sri Lanka.

Le dirigeant hindou a cité le philosophe Swami Vivekananda qui disait : “Nous avons tous commencé à mourir le jour où nous avons commencé à haïr les autres peuplesIl a donc appelé les diverses communautés du pays à construire un avenir radieux dans lequel toute la nation vivrait comme une famille quelles que soient les différences religieuses, culturelles et linguistiques. “Que chacun soit libre du mal, que personne ne soit sujet à la misèrea-t-il ajouté, en citant les prières des védas.

De son côté, l’archevêque catholique a constaté que “l’appartenance ethnique dont nous avons hérité, la langue que nous avons apprise sur les genoux de notre mère sont devenus des causes de dissensions, de bains de sang et de meurtres. Notre pays est depuis trop lontemps la proie de la haine, de la violence et du désespoir et les résultats en sont la guerre et la destructionIl a affirmé que chaque citoyen du pays possédant un sens religieux ne peut qu’espérer le contraire de ces maux, à savoir l’amour, la compassion, la paix et la prospérité. L’archevêque a terminé son message en affirmant que la qualité la plus nécessaire aujourd’hui au Sri Lanka était l’ouverture d’esprit qui permet d’apprécier les différences et de cultiver l’unité dans la diversité. Il a donc demandé à chaque communauté d’admettre les erreurs du passé, de pardonner dans l’humilité et la charité.

Le vénérable Pottewella Pannasara Thero, représentant le chapitre bouddhiste Ramanna, s’est quant à lui montré moins soucieux de réconciliation. Il s’est déclaré fermement opposé à ce que chaque section de la population demande l’égalité des droits en affirmant que cette demande était “injustifiéeIl estime que les droits des divers peuples et religions du pays doivent correspondre au pourcentage qu’ils représentent dans la population. Les bouddhistes cingalais, qui sont la majorité de la population, ont souvent exigé dans le passé que l’Etat leur octroie une position de faveur par rapport aux autres religions.

Depuis douze ans, une guerre civile de caractère ethnique ravage le Sri Lanka. Elle a déjà fait 50 000 victimes. Les 18 millions de personnes que compte la population srilankaise comprennent 69,3% de Cingalais bouddhistes, 15,5% de Tamouls hindous, 7,6% de musulmans, tamouls pour la plupart, et 7,5% de chrétiens cingalais et tamouls.